« Franchement, je préférais New York. » Jeremy Lin ne s’en était pas caché à l’époque : c’était presque à reculons qu’il avait rejoint les Rockets.
Nous sommes en juillet 2012 et le meneur vient d’accepter un contrat de 25 millions de dollars pour trois ans. Une très jolie somme pour un joueur non-drafté sur le point de rentrer dans sa troisième saison dans la grande ligue.
L’explication tient en un mot : « Linsanity ». Du nom de cette folle séquence où ce joueur sorti de nulle part va enchaîner les exploits, soir après soir, et porter les Knicks pendant plusieurs semaines. Avant de se blesser pour la fin de saison et de rater les playoffs.
Interrogé par MSG Network, qui consacre une semaine complète au phénomène, l’intéressé est revenu sur l’intersaison qui avait suivi. « Je ne suis pas sûr d’avoir dit cela publiquement, mais je n’ai aucun regret », commence-t-il. Le meneur rapporte que cet été-là, une seule offre extérieure est mise sur la table, celle des Rockets.
Faire exploser le « salary cap » ou non ?
« Nous n’avons rien pu obtenir d’une autre équipe », se souvient-il. Décidé à rester à New York malgré tout, Jeremy Lin prend les taureaux par les cornes. À l’issue d’un entraînement, il passe un coup de fil à son agent et lui dit : « Tu peux dire à Houston de revoir son offre à la baisse ? C’est trop. » Un comble pour un joueur qui, pour ses deux premières saisons, n’a empoché « qu’un » seul million de dollars au total.
Mais l’idée de Jeremy Lin est bien évidemment que les Knicks aient l’opportunité de s’aligner sur l’offre des Rockets pour le conserver, sans exploser au niveau du « salary cap ». « Je voulais qu’ils s’alignent. Mon temps passé ici, avec les fans et tout le reste, c’était tellement spécial. Je me suis dit que je devais retourner à New York, là où mon cœur me guidait. »
Le souci, c’est que son agent et lui sont déjà « coincés ». « On ne peut pas, » lui rétorque son représentant. « C’est la dernière offre de Houston et on négocie avec eux depuis deux ou trois semaines. C’est terminé, c’est ta seule offre. Tu dois la signer. » Le joueur s’exécute… avec l’espoir que New York réagisse.
Il signe avec l’espoir que les Knicks s’alignent…
« Ce n’est pas un manque de respect envers Houston, » lâche-t-il. « À l’époque, je ne savais rien de l’organisation, ni de la ville. Je ne connaissais que New York. » Baisser le montant du contrat, le nombre d’années… Jeremy Lin envisage tous les leviers possibles pour convaincre les Knicks, de sorte que ce ne soit pas une « pilule empoisonnée » pour ces derniers. « Il y a encore une chance », se dit-il alors que les Knicks ont encore 72 heures pour s’aligner.
Ce qui n’arrivera finalement pas, malgré les appels du pied de Carmelo Anthony, qui avait d’ailleurs qualifié le montant de l’offre de « ridicule » tandis que Mike D’Antoni avait fait part de sa surprise.
Si les Knicks ont préféré se retenir, à l’instar des Bulls dans la même situation avec Omer Asik, c’est en raison de la structure du contrat : après deux premières années raisonnables à 5 millions de dollars, ils auraient dû débourser 15 millions la troisième année.
Pas l’idéal avec déjà les gros contrats de Carmelo Anthony et Amar’e Stoudemire dans la masse salariale. Plutôt que Jeremy Lin, les Knicks opteront finalement pour un trio de joueurs plus expérimentés et moins chers (Jason Kidd, Raymond Felton et Pablo Prigioni).
Quelques mois plus tard, les Knicks passaient un tour de playoffs, la seule fois ces vingt dernières années.