Il y a eu des boîtes ou des prises à deux. Les Raptors ont tout tenté pour freiner James Harden, mais aussi et surtout le couper de ses coéquipiers. Mais le MVP 2018 les a tranquillement piégés, et Houston a mis fin à une série de trois revers de suite à l’extérieur pour venir s’imposer à Toronto.
« James, et c’est à mettre à son crédit, n’a rien forcé » souligne Mike D’Antoni sur TSN. « Il leur a dit : « OK, faites des prises à deux sur moi, et mes coéquipiers marqueront ». Et ils l’ont fait. Je ne savais pas ce qu’ils allaient nous préparer : triangle-and-two, box-and-one, ou autre… Mais les autres ont élevé leur niveau de jeu, et James est plus que heureux d’attirer les prises à deux. Si l’on enlève James et Russell, les autres ont pris 40 tirs à 3-points, et ils en ont mis 19. C’est ce qu’on devait faire : trouver des 3-points démarqués et les mettre. »
« Ce soir, c’était la première fois qu’on voyait ce type de défense »
Le plus caricatural ou instructif, c’était cette première mi-temps remportée par les Rockets. D’entrée, les Raptors sautent à la gorge de James Harden. Ils n’attendent pas qu’il arrête son dribble pour le prendre à deux, et plusieurs fois, la star de Houston est obligé de faire des passes compliquées. Mais il a aussi vite le compris le truc, et il a commencé à lâcher la balle au moment où le deuxième défenseur montait vers lui. Le tout sans rien forcer puisqu’il ne va prendre que trois tirs avant la pause pour six petits points. Un coup d’œil sur la feuille de stats nous apprend même qu’à ce moment là, il n’est que le 8e marqueur du match.
« C’était une expérience intéressante » explique Nick Nurse, qui avait déjà tenté ce type de défense face à Stephen Curry en finale. « Je pense que c’était très bien. Ce n’était pas super, mais très bien. Simplement parce qu’on n’était pas assez bon dans d’autres secteurs. »
Meilleur marqueur de la NBA, James Harden sait désormais qu’il est attendu de partout. Il sait aussi que les prises à deux vont être de plus en plus fréquentes, et de plus en plus agressives. « Au fil de la saison, on voit tellement de défenses différentes. Ce soir, c’était la première fois qu’on voyait ce type de défense, et les gars ont fait un incroyable boulot pour bouger, et être prêts à shooter. »
Ben McLemore, complètement libéré dans le jeu des Rockets, s’est régalé. « Je savais que j’allais avoir des tirs, mais pas autant » reconnaît-il dans le Houston Chronicle. « Il fallait que je sois prêt et que je lise la défense, le concept mis en place pour arrêter James. Je suis content d’être resté concentré et d’avoir continué à shooter. Mes coéquipiers ont fait du super boulot pour que je garde confiance en moi. »
« J’espère que les équipes continueront de le faire car on a plein de shooteurs. C’est très simple, c’est du niveau scolaire »
Même un choc à la tête en troisième quart-temps n’a pas freiné le scoreur de Houston, pris en boîte par Norman Powell, Rondae Hollis-Jefferson ou O.G. Anunoby. Les Raptors se permettaient même de tourner le dos au ballon, concentrés à 200% sur James Harden. Mais dans leur dos, ça bougeait, ça faisait des écrans, ça percutait, et finalement isoler Harden, qui prenait le soin de rester au large, les a punis, même si pour Fred VanVleet, la défaite est à mettre sur le compte de l’attaque. « Si nous avions inscrit 11 points de plus, nous serions des génies, la défense serait la meilleure au monde et on serait des « Harden stoppers ». Mais on a perdu, et ça n’a pas fonctionné » constate le meneur de Toronto, qui a reconnu que les Raptors ont fait des paris en défense. « On va donc en revenir au tableau noir et remettre le bleu de travail. On affronte une grosse équipe (Philadelphie) dimanche. »
Côté Houston, on est fier d’avoir déjoué le plan des Raptors. À se focaliser sur James Harden, les adversaires en oublient qu’il reste entouré de bons joueurs, surmotivés par le fait qu’on les sous-estime.
« On a déjà tout vu, et on dit depuis des semaines que si des équipes font ça, on leur fera payer » rappelle Austin Rivers. « J’espère que les équipes continueront de le faire car on a plein de shooteurs. C’est très simple, c’est du niveau scolaire. Quelqu’un s’infiltre au milieu, puis trouve un shooteur démarqué. C’est 3-points ou lay up. »
Même si Austin Rivers est volontairement provocateur, c’est vrai que Houston s’est souvent retrouvé en position de shooter à 3-points sans opposition ou d’aller marquer un panier facile. On a même vu Daniel House Jr feinter le tir à 3-points dans le corner pour aller marquer facilement sous le cercle.
« Un 3-points ou un lay up », c’est justement la base du « Moreyball », et en voulant isoler James Harden, les adversaires s’exposent aux bases du jeu des Rockets.