Le parcours de Chris Silva est un exemple pour les jeunes du monde entier qui espèrent un jour fouler un parquet NBA. Malgré les nombreuses péripéties qui ont marqué la vie de l’intérieur du Heat, il n’a ainsi jamais lâché.
Il y a sept ans, alors qu’il venait d’avoir 16 ans, le prospect a dû quitter son Gabon natal pour tenter sa chance au lycée catholique de Roselle (New Jersey). Chris Silva n’avait jamais pris l’avion et ne parlait pas un mot d’anglais. On a connu plus rassurant comme premier voyage, mais il paraît que ce sont eux qui forment le mieux la jeunesse…
Une combativité à toute épreuve
Sur le territoire américain, le jeune intérieur a toutefois eu la chance de compter sur l’un de ses oncles, Miguel, basé à Boston. Ce dernier a ainsi a veillé toute la nuit en ligne pour traquer les quatre vols pris par son neveu lorsque celui-ci a quitté Libreville pour New York.
C’est aussi lui qui était là pour le rassurer lorsque Chris Silva a ressenti le mal du pays, à savoir très rapidement.
« Il s’est senti seul » se remémore celui qui a été son tuteur légal jusqu’à ses 21 ans. « Il voulait voir sa mère, son père, mais il ne pouvait pas. Je me souviens que le lycée m’avait appelé un jour en me disant qu’il était déprimé et qu’ils voulaient le renvoyer à la maison afin qu’il puisse voir sa famille. J’ai répondu : « Non, je vais lui parler. C’est parce qu’il vient tout juste d’arriver ». Je ne voulais pas qu’il reparte tout de suite ».
Miguel a alors regonflé le moral de son protégé. « C’est une lutte. Je te comprends, tu te sens seul. Moi aussi j’ai ressenti ça après avoir passé trois mois ici. Moi aussi je voulais rentrer. Mais ça va aller. Tu es entouré de bonnes personnes qui t’aiment ».
Chris Silva s’est accroché et a tenu plus que trois mois dans le New Jersey puisqu’il y est resté trois ans avant de poursuivre sa progression à l’université de South Carolina, de 2015 à 2019, avant de voir le Heat lui offrir la chance d’être le deuxième Gabonais de l’histoire à jouer en NBA après Stéphane Lasme, lui aussi à Miami (2007-2008).
Erik Spoelstra admiratif
Sa combativité fait la fierté de son oncle Miguel, qui sait d’où vient Chris Silva et tous les efforts qu’il a dû consentir pour réaliser son rêve.
« Je rends compte à la famille pratiquement tous les jours. Ils essaient de le regarder jouer en ligne, mais la connexion internet est perturbée là-bas. Maintenant ils ont WhatsApp, donc je peux envoyer facilement des photos et des vidéos. C’est un luxe au Gabon d’avoir le câble, particulièrement avec les chaînes pour voir ces matchs. Écoutez, je vais être honnête avec vous, on est pauvres au pays, » ajoute Miguel. « C’est ce que je rappelle toujours à Chris : « N’oublie jamais d’où tu viens ». Parce que la maison où on vivait n’avait pas d’eau courante, Chris devait aller remplir des seaux d’eau à 25 minutes pour que tout le monde puisse se doucher. C’est fou. Quand il pleut, il y a des trous au plafond qui fait qu’on devait parfois dormir avec des seaux entre nous pour ne pas que l’eau tombe sur le lit. On vient d’une famille pauvre ».
Erik Spoelstra, qui ne savait presque rien du « two-way contract » du Heat, a eu des frissons lorsqu’il a pris l’entière connaissance du parcours de Chris Silva.
« Ça doit être effrayant, d’arriver dans un nouveau pays en tant qu’étudiant au lycée, ne pas connaître la langue, ne pas savoir où tu vas, être lâché là et devoir avoir cette force et cette ressource pour y arriver, sans renoncer. Sans regarder dans le rétro ou avoir le soutien quotidien de vos proches durant cette aventure. Quand tu apprends son histoire, tu veux en faire plus pour lui et l’aider. Ça montre quel genre d’être humain il est ».
L’entraîneur a touché le point sensible du doigt. Comme le répète son oncle, Miguel, c’est l’amour de ses proches, « de la famille restée à la maison » qui pousse Chris Silva à se surpasser. Depuis son départ en 2012, il n’est revenu que deux semaines au Gabon afin de renouveler son visa, lorsqu’il était sophomore à South Carolina.
Ramener la famille en Floride pour être réuni
Son rêve ultime serait ainsi de ramener ses parents et ses trois frères en Floride pour les avoir près de lui et qu’ils puissent voir ses exploits en direct.
« Ce serait fantastique parce que de toutes les années que j’ai passées ici, aucun d’entre eux n’a pu venir passer du temps avec moi. S’il y a une chance que je reste au Heat après le mois de janvier et que je trouve ma propre maison, l’un de mes objectifs est de faire venir ma mère afin qu’elle puisse passer quelques jours avec moi, et juste profiter de sa présence (…). Ce serait super, quand il y a un coup dur ou que je fais un bon match, de rentrer à la maison et voir ma mère ou parler à quelqu’un de la famille ».
De ses 45 jours l’autorisant à évoluer avec l’équipe première du Heat selon les règles de son « two-way contract », Chris Silva a déjà pris part à 18 matchs avec plus de dix minutes de temps de jeu en moyenne pour 4.2 points, 4.3 rebonds et une activité permanente des deux côtés du parquet. Autant dire que l’intérieur gabonais a toutes ses chances de voir son contrat précaire se transformer en contrat garanti d’ici la mi-janvier et décrocher ainsi le 15e et dernier contrat du roster d’Erik Spoelstra.
En attendant d’accueillir sa famille, il sera avec le Heat à Boston demain, où réside son oncle Miguel. Ce dernier, fan absolu des Celtics, supportera exceptionnellement l’équipe floridienne, le temps d’un soir.
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.