Interview Nicolas Batum : « C’est passé tellement vite… »

Il y a 11 ans, Nicolas Batum effectuait ses débuts en NBA, propulsé directement dans le cinq de départ de Portland aux côtés de Brandon Roy et de LaMarcus Aldridge. Onze ans plus tard, le voilà 6e homme à Charlotte où il joue les rôles de mentor dans un effectif en reconstruction après le départ de Kemba Walker.

Nicolas Batum, vous entamez votre 12e saison en NBA, et vous voilà quasiment doyen des Français en activité en NBA…

On sait qu’une carrière NBA n’est pas évidente à gérer surtout avec le fait qu’il y est toujours difficile d’y rester. Il y a une Draft tous les ans, il y a des joueurs qui arrivent tous les ans en NBA, donc le but, c’est de rester dans la ligue et de faire son maximum. Rester plus de dix ans, c’est pas habituel, car la moyenne est inférieure à ce nombre généralement. J’en suis à 12, donc ça montre aussi qu’on m’a fait confiance et que j’ai réussi à garder une certaine longévité malgré quelques blessures. C’est une petite fierté par rapport à cela, c’est certain.

On vous voit dans un rôle de vétéran également pour les autres Bleus de NBA. Est-ce que ce rôle vous plait ? 

Eh bien moi c’est ce que j’ai connu aussi en arrivant, avec Tony, avec Boris, avec Mickaël Piétrus, avec Ronny Turiaf… Ils étaient là pour moi et on essaie de passer le flambeau à tous les autres qui arrivent derrière. Je ne dirais pas que c’est un rôle de grand frère mais c’est dans cette idée-là, car on est tous passé par des bons ou des mauvais moments, donc c’est bon de donner des conseils aux autres Français, pour les aider à avancer et à dépasser certaines épreuves ou les motiver par moment, c’est important.

« Ça veut dire aussi que j’ai fait deux ou trois bonnes choses dans ma carrière ! »

Comment se sent on quand on regarde dans le miroir et qu’on se dit : « Ça fait plus de dix ans que je suis en NBA » ?

(Rires). On se dit que ça passe super vite ! On se dit qu’hier, on était encore rookie et qu’aujourd’hui on est un vétéran. C’est passé tellement vite. On joue avec ou contre des joueurs dont on sait qu’ils passent ou sont passés par des galères que j’ai connues… Je peux partager mon expérience, leur dire qu’il ne faut pas baisser la tête, qu’il faut continuer, etc. Mais c’est vrai que le temps passe vraiment vite, et on se dit que rester plus de dix ans en NBA, ce n’est pas donné à tous le monde. Ça veut dire aussi que j’ai tout de même fait deux ou trois bonnes choses dans ma carrière !

Tony Parker a eu son maillot retiré il y a quelques jours. Vous y étiez et on connait votre relation solide avec TP, qui dépasse le terrain…

Tony a toujours été là pour moi depuis le début de ma carrière, et encore maintenant. Il est toujours disponible pour moi, dès que j’ai un problème ou un conseil à demander, il est là pour moi. À chaque fois que je l’appelais lorsqu’il jouait, il me répondait directement, tout le temps. Il a été d’une influence énorme dans ma carrière, c’est certain. Il l’est encore aujourd’hui, et nous sommes partenaires dans nos affaires avec l’ASVEL par exemple, donc la relation est plus solide que jamais.

Pour en revenir au présent, vous êtes dorénavant remplaçant aux Hornets. Comment vivez-vous ce nouveau rôle ?

C’est comme ça et j’accepte ce rôle-là, car j’ai été aussi blessé et après avoir parlé avec le staff, je pense que faire débuter PJ Washington est important. Je sais ce que j’apporte à cette équipe, que les gars comptent sur moi, et que je peux avoir l’impact sur l’équipe que je sois sur le terrain ou pas. Je suis un joueur d’équipe, et des gars comme moi, Bismack Biyombo ou Marvin Williams, qui sommes les plus anciens, et on se met au service de l’équipe. On a un groupe jeune, et je pense que l’on a une belle marge de progression. Je sais que la saison est longue, mais je me mets au service de l’équipe et j’essaye de faire de mon mieux à chaque fois que l’on fait appel à moi.

« C’est marrant de temps en temps de se sentir dans la peau d’un vétéran car je ne suis pas si vieux que ça, j’ai encore de longues années devant moi »

Que pensez-vous, avec votre regard de vétéran, de ce groupe ?

C’est marrant de temps en temps de se sentir dans la peau d’un vétéran car je ne suis pas si vieux que ça, j’ai encore de longues années devant moi. Je suis une espèce de « jeune vétéran », et c’est intéressant de voir comment le groupe travaille jour après jour. Il y a des gars qui s’affirment, comme Graham et Bridges, et d’autres qui montrent leur talent malgré le manque d’expérience, comme Washington qui a fait quelques super matches depuis le début de la saison. On bosse bien, on se donne à fond et je pense que l’on peut faire une belle saison.

Qu’avait demandé Michael Jordan lors du meeting de début de saison ?

Il nous dit de toujours jouer avec fierté et de toujours se battre pour faire de notre mieux. MJ reste un compétiteur dans l’âme et il essaye de le transmettre à nous tous, c’est une très bonne chose. On veut montrer à la ligue que l’on est compétitif et je pense que l’on a fait des bonnes choses jusqu’à présent alors que les pronostics nous disaient que l’on allait passer une saison difficile. On forme un groupe de gars qui ont faim, et qui veulent montrer de belles choses. On va faire une belle saison.

Propos recueillis à Brooklyn

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.