Giflés à domicile, les Warriors sautent à pieds joints dans la nouvelle réalité NBA

À en croire l’ovation reçue par Klay Thompson, le Chase Center avait des allures d’Oracle Arena. Comme lors du dernier match de la saison dernière à Oakland, à la vue du Splash Brother, la Dub Nation, cette fois debout à San Francisco, s’est époumonée d’une même ferveur. Comme lors du dernier match de la saison dernière, elle a vite déchanté quand Kawhi Leonard a pris les choses en mains dans le troisième quart-temps. En l’espace de huit minutes, l’écart entre les deux formations est ainsi monté à 31 unités…

Lors des dernières saisons, ce sont les Warriors qui dégoûtaient leurs adversaires en troisième quart-temps. Cette nuit, l’équipe qui les a remplacés en tant que favori pour remporter le titre les a mangés à leur propre sauce. Bienvenue dans la nouvelle réalité NBA !

« Ce n’est pas un cas isolé, c’est notre réalité. Lors des cinq dernières années, nous avons vécu une utopie, ce soir on est revenu dans la réalité de la NBA » confirmait Steve Kerr après le match. « Il y aura d’autres soirs comme celui-ci cette saison. Nous avons neuf joueurs qui ont 23 ans et moins, on repart de zéro à bien des égards. On doit être patient. On doit s’accrocher, continuer à se battre et continuer à progresser. »

« Notre défense était pathétique »

Face à une équipe aussi talentueuse que les Clippers, la défense de Golden State savait qu’elle allait être mise à rude épreuve. Le 14-0 initial n’était qu’un prélude d’une soirée cauchemardesque de ce côté du terrain. Concentrés sur Kawhi Leonard, les Warriors ont systématiquement perdu Ivica Zubac sur pick-and-roll, avant d’offrir tir ouvert sur tir ouvert, et de permettre à un Lou Williams roublard de passe sa soirée sur la ligne des lancers.

« L’aide en générale n’était pas là, » analysait Stephen Curry, qui est passé au travers avec huit ballons perdus face aux prises à deux incessantes des Clippers. « On les a laissés trouver des solutions tôt dans les 24 secondes, et leurs grands étaient seuls sous le cercle. Quand on a corrigé ça, ils ont commencé à prendre feu de loin. 62% aux tirs, 54% à 3-points, ça ne va pas le faire. »

Sans surprise, le constat de Draymond Green fut beaucoup plus sévère. Le quarterback de la défense de Golden State a en effet passé la majeure partie de ses 28 minutes sur le terrain à gesticuler ses bras pour diriger ses jeunes coéquipiers et corriger leurs erreurs incessantes.

« Notre défense était atroce, » dit-il sur un ton grave. « Oui, ils ont mis des tirs et on doit leur tirer notre chapeau. Mais quand vous leur donnez le type de rythme qu’on a leur donné, bien sur qu’ils vont mettre dedans et en plus la plupart étaient ouverts. Chapeau à eux… Ils ont une bonne équipe mais notre défense était pathétique. Que ce soit à l’opposé, sur le porteur, sur pick-and-roll, en transition, on a été nul dans tous les secteurs ! »

Les cadres ne paniquent pourtant pas. Après tout, ce n’est que le premier match. Mais si la patience émerge comme le thème principal de la saison, cette claque sera surement utile aux jeunes et nouveaux Warriors. Cette bande de joueurs qui a grandi pendant que Stephen Curry, Draymond Green et consort collectionnaient les records NBA, doit maintenant faire face à une tout autre réalité. Celle où les Warriors ne sont plus l’exception, mais bien la règle.

Propos recueillis à San Francisco.