Interview Frank Ntilikina : « L’étape d’après, c’est transférer ça sur le niveau NBA »

Sélectionné en équipe de France alors qu’il n’avait quasiment pas joué en 2019, Frank Ntilikina s’est retrouvé titulaire après le forfait de dernière minute de Thomas Heurtel. Une responsabilité assumée par le meneur, impressionnant d’assurance malgré deux années compliquées chez les Knicks et tous les doutes qui l’entouraient.

« Quand tu es sur la touche pendant assez longtemps, tu te remets en question, ça t’aide par rapport à la vision du jeu, la vision des choses en général » nous expliquait-il hier pour le retour des Bleus sur le sol français, avouant qu’un changement d’air lui avait été bénéfique. « Être dans un autre contexte m’a peut-être fait du bien, être capable de m’adapter, même si justement le fait de devoir tirer le meilleur de cette situation était un gros challenge, mais je me suis dit qu’il fallait le relever, qu’il fallait tout donner pour le maillot, même pour la suite de ma carrière. Ça s’est bien fini sur le plan individuel. »

« Je pense que je suis un joueur complet »

Le bilan ? 8 points de moyenne en 20 minutes de temps de jeu sur 8 matchs, à 52% aux tirs et 33% de loin, avec 2.5 passes, 2.6 rebonds et 1 interception. Mais aussi cette défense bien au-dessus de la moyenne et cette confiance pour dégainer, que ce soit en rythme en sortie d’écran ou pour tuer le match à 3-points dans le money time face aux Américains.

« Je pense que je suis un joueur complet, qui voit bien le jeu, polyvalent. Il faut que je travaille sur mon jeu pour essayer de reproduire ça à très haut niveau et devenir le meilleur joueur possible. L’étape d’après, c’est transférer ça sur le niveau NBA » annonce-t-il.

Le problème, c’est que l’horizon à New York semble toujours aussi sombre. Drafté par Phil Jackson juste avant son départ, le « French Prince » doit faire avec une direction différente qui peine à lui faire confiance, et ce malgré une phase de reconstruction qui devrait lui permettre d’exploiter son talent sans pression.

Sauf qu’on parle de New York, où la stabilité n’est jamais longtemps une vertu, et qu’on a préféré lui mettre dans les pattes Jarrett Jack, Trey Burke, Emmanuel Mudiay, Allonzo Trier, Dennis Smith Jr. et maintenant Elfrid Payton.

« C’est un très bon joueur, c’est juste qu’il est dans une situation merdique pour être honnête à New York »

« Frank ne m’a pas surpris, c’est ce qu’il faut attendre de lui » soutenait hier Evan Fournier. « C’est un très bon joueur, c’est juste qu’il est dans une situation merdique pour être honnête à New York, et qu’il n’a pas l’occasion de bien montrer ce qu’il sait faire. On le sait en NBA, ça dépend du système. »

Le meneur préfère lui assumer la responsabilité de ce début de carrière difficile. « Il faut une période d’adaptation à la NBA. C’est un autre style, un autre pays. Il faut une adaptation à la vie de tous les jours en tant qu’homme. Ce n’est pas forcément évident. Pareil par rapport au basket, qui est encore plus énorme à New York. Pour certaines personnes ça prend un jour, une semaine, pour d’autres ça prend un peu plus de temps. »

Le fait de s’être adapté justement à l’environnement de l’équipe de France et d’arriver au training camp lancé pourrait lui permettre de s’imposer dans la rotation de David Fizdale. « Je sais juste que je suis très motivé, très déterminé à travailler tous les jours pour franchir ce cap et y arriver. C’est un autre contexte mais si je veux réussir à atteindre mes objectifs personnels sur le long terme dans ma carrière, il faut passer par là. »

Propos recueillis à Paris.