Dans son très long article sur la rédemption américaine, après les Jeux olympiques 2004 en Grèce, ESPN revient sur quelques moments clés de ce retour en force. Avec d’abord la nomination de Jerry Colangelo à la tête de la sélection.
« Quand David Stern m’a appelé en 2005, je récupérais d’un cancer de la prostate, après avoir vendu les Suns », explique ce dernier. « Ça avait été une année traumatisante pour moi, 2004. Donc David m’appelle et me dit : ‘Est-ce que tu gèrerais USA Basketball ?’ Je lui ai dit : ‘Bien sûr, à deux conditions. La première, c’est que je veux une totale autonomie. Je veux choisir les entraîneurs et les joueurs. Plus de comités et de politique’. Il m’a dit : ‘Absolument, c’est d’accord. Et la deuxième condition ?’ Je lui ai annoncé que je ne voulais pas entendre parler de budget. Là, il s’est mis à s’énerver. Je l’ai laissé faire puis je lui ai demandé s’il avait fini. Il a acquiescé ».
Evidemment, David Stern a une vision légèrement différente, et il comprend que Jerry Colangelo avait besoin de s’affirmer en tant que patron incontesté et incontestable de la sélection, pour mieux asseoir ses décisions.
« Il a pris les choses très sérieusement, et il annonçait dans chaque interview qu’il avait une liberté complète et qu’il pouvait faire toutes les dépenses qu’il voulait. Si on m’avait demandé de faire une déclaration sous serment à propos de ça, je pense que j’aurais eu certains trucs à redire. Mais il était parfait parce qu’il était respecté et dévoué et il a réussi à assembler l’équipe comme elle devait être mise en place », confie l’ancien commissionner.
Une argumentation décisive… de son plus grand rival
Mais il fallait trouver un coach pour mener cette rédemption. Jerry Colangelo confie ainsi qu’il a invité tous les anciens entraîneurs des équipes olympiques américaines (Lenny Wilkens, Chuck Daly, Rudy Tomjanovich…) et d’anciens athlètes (Michael Jordan, Jerry West…) pour une réunion de 30 personnes à Chicago.
Et c’est Dean Smith, le légendaire coach de North Carolina, qui l’a convaincu de choisir Mike Krzyzewski.
« J’ai mis le nom de quelques entraîneurs en NCAA sur le tableau et quelques entraîneurs en NBA, et j’ai laissé les gens parler. Et il y a eu ce grand moment. Dean Smith a dit : ‘Il n’y a qu’un seul coach NCAA qui peut faire le boulot et c’est Coach K’. C’était pourtant son plus grand rival. Mais avec respect, Dean Smith a développé son point de vue. En allant à cette réunion, j’avais deux noms en tête. Popovich côté NBA et Coach K côté NCAA. Krzyzewski a passé du temps à l’armée, après être passé par West Point. Popovich a un parcours similaire (Air force). Donc parmi ces deux candidats, on ne pouvait pas se tromper ».
Certes, on parle de deux des entraîneurs les plus respectés du basket américain, mais le choix d’un coach universitaire pour diriger une équipe de stars NBA n’était pas aussi évident.
La nomination de Mike Krzyzewski à la tête de Team USA a ainsi soulevé pas mal de doutes à l’époque, et David Stern confirme d’ailleurs qu’il fallait bien « l’autorité » de Jerry Colangelo pour assumer et imposer ce choix.