Nous avons assisté aux scènes de liesse à Toronto, célébrations du premier titre de l’histoire des Raptors.
Autant être honnête : je ne pensais pas que ce serait pour ce soir. Non pas que je « n’espérais » pas, mais la perspective d’un Game 7, à domicile me trottait depuis un moment en tête. Quoi de mieux pour boucler la boucle de cette folle finale NBA ? Et surtout, quoi de mieux pour récompenser ce public canadien qui ne cesse d’afficher son enthousiasme semaine après semaine, que ce soit à « Jurassic Park » ou dans l’enceinte de la Scotiabank Arena ?
Première mission de la soirée, trouver un bar. Avec la pluie et l’orage qui s’annoncent, l’option écran géant en extérieur semble périlleuse. Alors direction le Bier Markt, au croisement de King et Portland Street, l’un des rares établissements du centre-ville où il est encore possible de se poser sans réservation, en arrivant, certes, des heures avant le coup d’envoi. Évidemment.
Sur place, les fans des Raptors sont déjà parés à exulter. « Nan mais grave un Game 7 à domicile, ce serait ouf !, témoigne l’un d’eux. Mais si on peut finir ce soir hein et s’éviter la pression d’un Game 7… » La centaine de personnes présentes dans le bar attend donc de pied ferme cette quatrième victoire. Et tant pis si elle se joue à des milliers de kilomètres de là, et tant pis si la série ne se termine pas au Canada.
À chaque panier marqué, les fans locaux exultent. Y compris les moins habitués. « Mais pourquoi il tire trois fois là (ndrl : aux lancers) ? », s’interroge l’un d’eux. Le match suit son cours et le bar réalise que ses favoris sont bien placés pour l’emporter. Et gagner le titre.
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Sur la blessure de Klay Thompson, les téléspectateurs se retiennent de se réjouir. L’épisode Kevin Durant est sans doute passé par là. « C’est bon, on l’a vu son horrible blessure », s’agace un jeune homme en désignant les multiples ralentis à la télévision. La toute fin de match approche et les deux équipes sont à égalité.
Dès lors, une question centrale s’impose à mois niveau logistique : rester dans le bar et attendre la réaction des gens, ou bien anticiper les 20 minutes de trajet à pied pour gagner la station Union, cœur névralgique de Toronto situé tout près de « Jurassic Park » ? La fin de match ô combien indécise et chaotique n’aide pas.
D’ici là, les Raptors, vont-ils le faire ? Champions NBA avec une troisième victoire de suite sur le parquet des Warriors ? C’est bien le scénario, il se confirme minute après minute. Avec toute la peine que j’ai à réaliser les événements en cours, direction le cœur de ville donc. Les premiers klaxons de voiture retentissent, chacun commence à sortir de sa tanière pour gagner le trottoir.
« Ce sera écrit pour l’éternité »
Marcher cette vingtaine de minutes pour gagner « Union » et les centaines, ou plutôt les milliers de fans, c’est un très bon choix. Les Raptors sont champions NBA. Cette seule formulation suffit à forger l’identité de tout un pays. Tout le monde afflue vers Union, la station de métro centrale située tout près de la Scotiabank Arena, et donc de « Jurassic Park ».
Combien y-a-t-il de personnes ? Impossible à déterminer. Une chose est sûre, c’est beaucoup plus qu’après le Game 3 par exemple, où les fans s’étaient timidement réunis sous les yeux attentifs des forces de l’ordre. Ces dernières sont encore là et bloquent le passage d’une première rue vers une autre. Tant pis, faisons le tour vers une rue parallèle pour mieux retrouver ces fans qui se sentent pousser des ailes.
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Au sens propre. Certains se lancent donc l’escalade des feux de circulation pour s’y poser, à 6 mètres de haut. L’un d’eux est monté, on ne sait comment, avec un drapeau des Raptors. La foule le salue chaleureusement et l’intime de lancer des chants. L’homme en question, Deron, finit par redescendre. En « bas », il ne cesse de répéter à qui veut l’entendre : « On est champions NBA putain ! Je me fiche du reste » Il ajoute : « Ça fait 24 ans d’autarcie pour vivre ce moment. »
« Comme tout le monde, j’ai du mal à le croire », poursuit Catherina. « On est tellement habitués à gagner mais sans aller au bout, à se dire que ce sera pour l’année prochaine. Pas pour cette année. C’est tellement incroyable ! » Autour d’elle, il pleut des « Let’s go Raptors », des « We The North » ou même des hymnes canadiens.
Un chauffeur de taxi a eu la « bonne » idée de se poster là, au cœur du chaos, pour trouver un client. En attendant, il se doit de surveiller de près sa voiture, sur laquelle ils sont nombreux à vouloir tenter l’escalade. Les minutes passent. Déjà deux heures depuis la fin de la rencontre.
Certains sont posés au hauteur, sur le rebord de la station Union, pour observer la foule. « C’est de la pure folie ! », n’en revient pas l’un d’eux en regardant ses camarades torontois. Lui non plus ne semble pas le croire mais les Raptors sont champions NBA. « Ce sera écrit pour l’éternité », peut philosopher un fan dans le métro.