Le phénomène LeBron James par Thomas Berjoan

Après son livre sur Stephen Curry : la révolution (Marabout, 19.90 euros), Thomas Berjoan s’attaque à un autre gros morceau. LeBron James : le destin du King (Marabout, 19.90 euros) est ainsi sorti depuis quelques jours.

L’occasion pour l’ancien rédacteur en chef de BAM et Basket News d’analyser sur 416 pages le phénomène d’Akron.

« On a souvent le cliché du basketteur américain qui vient des milieux pauvres et qui s’en sort par le basket. Ce qui est marrant, c’est qu’on se rend compte que c’est de moins en moins vrai. On le voit beaucoup avec les « fils de » en NBA, parce que ça devient tellement difficile d’accéder à la NBA que les mécanismes de reproduction sociale qu’on retrouve un peu partout, on les voit désormais dans le basket. Malgré tout, LeBron, c’est presque le cliché incarné. Il vient sans doute du pire endroit socialement qu’on peut imaginer aux Etats-Unis. Il est le fils d’une mère noire de 16 ans, avec un père absent. En plus, la famille tient encore la route à sa naissance grâce à un matriarcat assez fort, avec sa grand-mère et son arrière grand-mère qui sont encore là quand il nait, et quatre générations qui vivent dans la même maison, mais les deux femmes meurent coup sur coup en quelques mois. Et là, c’est la descente aux enfers pour cette famille, pour la mère de LeBron, Gloria, et pour ses frères, qui se retrouvent livrés à eux-mêmes et qui ne peuvent plus payer la maison. »

À partir de cette enfance chaotique, connue des fans mais que Thomas Berjoan décrit en détails, on suit ensuite les traces de ce jeune basketteur qui devient une star médiatique très tôt, et qui parvient à assumer cette incroyable pression.

« En 1998 puis en 2002, après la retraite définitive de Michael Jordan, la NBA et tout l’environnement des sponsors sont orphelins de Michael Jordan. La recherche de l’héritier, de celui qui pourra reprendre le flambeau, c’est donc quelque chose d’hyper présent. Et ce qui est unique dans la trajectoire et la carrière de LeBron, c’est qu’à 16 ou 17 ans, il est déjà une star d’envergure, peut-être pas mondiale, mais en tout cas nationalement, quand il fait la couverture de Sports Illustrated en 2002. Le seul basketteur ou sportif à qui on peut le comparer en terme de popularité au lycée, c’est Kareem Abdul-Jabbar, qui venait de New York et de sa densité de médias. Mais LeBron, c’est dans l’Ohio et à l’heure d’Internet donc l’échelle et la magnitude du phénomène sont dingues. Depuis, LeBron vit dans une bulle médiatique où chacun de ses gestes est scruté, disséqué et commenté et aucun autre sportif, pas même Michael Jordan, n’a connu ça. »

L’une des forces du livre, c’est ainsi de décrire la façon dont cette incroyable pression agit sur LeBron James et ses proches.

Car si le King s’y est habitué et en joue, mettant en scène sa vie privée et contrôlant habilement son image, elle est presque impossible à supporter pour tout autre basketteur, comme Kevin Durant le disait en évoquant un environnement « toxique ».

« Ce qui me reste de l’exploit de 2016, c’est le témoignage de Richard Jefferson qui explique que la saison du titre est absolument invivable. Pourtant, c’est un vétéran, qui a 34 ans à l’époque, qui a connu deux Finals avec New Jersey, qui a déjà changé pas mal de fois de franchises, donc c’est pas un perdreau de la dernière semaine. Mais il explique que c’est invivable en termes de pression, que la présence de LeBron met une pression incroyable sur toute l’équipe. Lui (Richard Jefferson) explique que dans la série face à Toronto, à deux partout, il pleure dans l’avion du retour, pas parce qu’il s’est embrouillé ou battu, mais parce que la pression qui existe autour de cette équipe est littéralement insupportable. Il dit que c’est inhumain. À la fois la pression que LeBron met sur l’équipe en interne, mais aussi la pression autour, les attentes… »

LeBron James : le destin du King
Editions Marabout
19.90 euros