Avec ses 19 saisons au compteur, forcément, lorsque Jamal Crawford parle, on l’écoute avec la plus grande attention. Malgré son talent, l’intenable arrière n’a pas vraiment connu la lumière au sein de franchises taillées pour le titre au cours de sa carrière (plus de 1 300 matchs de saison régulière au compteur pour 74 rencontres disputées en playoffs).
Alors que la fin de sa carrière professionnelle se rapproche, le voir aujourd’hui dans les rangs des Suns peut interroger. Mais le sage de 38 ans l’assure, le défi de voir progresser les stars de demain comme Devin Booker et Deandre Ayton dans l’équipe qui possède le pire bilan de la NBA est tout aussi attrayant que de chasser une bague en cirant le banc.
« La sueur est toujours rentable »
La transmission de son « savoir », c’est aujourd’hui ce qui anime encore Jamal Crawford au quotidien.
« C’est vraiment gratifiant de voir quelque chose aller du point A au point C, plutôt que d’être là pour le résultat final », a-t-il confié dans un long entretien à pour NBA.com avant la victoire à Miami. « Parfois, le voyage est encore mieux que la destination. Et pour moi, évidemment, dans la plus jeune équipe de ma carrière depuis des années, c’est un défi à bien des égards, car vous voulez que les gars comprennent tout de suite. Ce n’est pas toujours réaliste. Je sais qu’on cherche une gratitude immédiate, dans cette ligue comme dans la vie. Certains gars le comprennent, la reconnaissance arrive pour certains plus vite que pour d’autres. Et c’est normal, tout le monde évolue à son propre rythme. Il faut donc faire preuve de patience, se battre tout au long des périodes les plus difficiles et se rappeler que la sueur est toujours rentable. C’est un défi, oui, mais vous devez tirer le meilleur parti de chaque situation dans cette ligue, si vous êtes déterminé à être un vrai professionnel ».
Le plus dur, c’est de garder le cap malgré les moments difficiles. Et de ce côté, les Suns sont gâtés cette année. Dans sa saison galère, Phoenix a sorti la tête de l’eau une seule fois, en alignant quatre victoires. Une série suffisante pour montrer au groupe qu’il était sur la bonne voie et qu’il ne fallait pas lâcher, selon le vétéran.
« Il y a des moments sur lesquels il faut construire », a-t-il ajouté. « On a eu une série, en décembre, où on a gagné quatre matchs de suite. Tout ce qu’on pouvait dire, nous les vétérans de l’équipe, se concrétisait sur le parquet. Durant cette période, c’est comme si une alarme s’éteignait. « Ces gars là ne font pas que parler », voilà ce qui ressortait. Quand tu prêches pour les bonnes choses, les victoires arrivent aussi. C’est à ce moment que la magie a opéré. C’était un grand moment mais on n’a pas été en mesure de le faire durer ».
Goûter à la victoire avant d’être un All-Star
Ce qui fait tenir toute l’organisation cette saison, c’est aussi le talent pur de ses jeunes joueurs, dont Devin Booker et Deandre Ayton, qui semblent promis à un avenir radieux. Jamal Crawford en est certain.
« Oh, ces gars sont des stars. Et ils n’auront pas ce crédit tant qu’ils ne gagneront pas des matchs. C’est comme ça que la ligue fonctionne. Ce sera toujours comme ça. On parle de joueurs de 20 et 22 ans. Book tourne déjà à 25 points et 7 passes décisives tandis que Ayton vous garantit un double-double. Book se fait déjà trapper à chaque match, fait face à des prises à deux. Il a déjà ce genre d’attentions. Mais il n’aura pas ce respect jusqu’à ce qu’on gagne. Dès lors que l’équipe gagnera, il sera un All-Star. C’est pareil pour Deandre ».
C’est là que réside tout le problème. Pour retrouver les chemins du succès, le front office a tenté d’entourer son duo de joueurs confirmés, dont Jamal Crawford fait aujourd’hui office de seul rescapé.
Si le cocktail n’a pas marché, c’est peut-être parce que le changement viendra sans doute de la capacité de Devin Booker et Deandre Ayton à tirer tout le monde vers le haut. C’est seulement à ce moment qu’ils deviendront des « franchise players », et plus simplement des joueurs capables de compiler les jolies statistiques.
« Je pense que c’est ton impact sur les autres et comment cela se traduit par la victoire qui est important. Je veux dire, un gars peut mettre 20 points par match. Mais si tu ne gagnes pas, qui y fait vraiment attention ? On va dire : « Oui, sa façon de jouer est bonne. Mais j’ai besoin de le voir faire quand ça compte, quand ça compte vraiment et que quelque chose est en jeu ». Le revers de la médaille, c’est quand tu vois un gars qui est tout aussi bon, mais qui tourne à 16 ou 17 points dans une équipe qui gagne et qu’on respecte. Tout le monde veut ça, tous les joueurs de cette ligue recherchent cette reconnaissance et finalement ce respect. Gagner soigne toujours tout. C’est une question de timing. Il faut être prêt pour ça ».
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.