Cleveland, dans l’Ohio, vous connaissez ? Évidemment. Mais Cleveland… dans l’Alabama ? On vous prévient tout de suite, cette bourgade de moins de 2 000 âmes n’est pas vraiment réputée pour son réservoir de basketteurs de talent. Pas davantage qu’Harrogate, une ville du Tennessee de moins de 5 000 habitants, dont la Lincoln Memorial University évolue en deuxième division NCAA. Aucun joueur NBA n’en était sorti. Jusqu’à aujourd’hui…
Obligé de sortir la carte pour montrer d’où il vient…
Après son lycée à Cleveland donc, puis un cursus universitaire dans le Tennessee, Emanuel Terry a débarqué sur les parquets NBA il y a quelques jours avec les Suns. Et dès son arrivée dans l’Arizona, il a dû sortir la carte du pays pour ses coéquipiers. « Ils me disaient : ‘C’est où Lincoln Memorial ?’ Je leur ai dit que c’est à une heure de Knoxville car ils savent où c’est. »
C’est dire si Emanuel Terry (2m06, 23 ans) sort littéralement de nulle part.
« C’est une aubaine parce que ma chance de me retrouver ici était faible, très faible en sortant d’une université de deuxième division. C’est une petite université avec un grand « cœur ». Je suis fier d’où je viens », confirme ce joueur non drafté, qui avait tout de même participé à la dernière Summer League avec les Nuggets avant d’atterrir en G-League.
Mais les blessures conjuguées de Deandre Ayton et de Richaun Holmes chez les Suns lui ont donné la chance de sa vie.
« Je suis tellement heureux pour Emanuel quand je sais à quel point il s’investissait pour intégrer la NBA », félicite son ancien coach de Lincoln Memorial, Josh Schertz, sur le site de l’université. « Il avait une vision de ce qu’il voulait accomplir ainsi que la rigueur au quotidien pour faire en sorte que ses rêves deviennent réalité. »
Tout l’enjeu est maintenant de savoir combien de temps ce rêve peut-il durer ? Va-t-il connaître le même sort que Quincy Acy, qu’il a remplacé, poussé vers la sortie après deux contrats de dix jours ? Pour l’heure, après deux matchs joués, il fait ce qu’on lui demande. Prendre du rebond, finir quelques actions (4.5 points et 3 rebonds de moyenne en 10 minutes) et surtout apporter une présence intérieure renforcée par d’indéniables qualités athlétiques.
« Je donne le maximum sur et en dehors du parquet et je reste Emanuel Terry »
« Nous avions besoin d’énergie », justifie Igor Kokoskov. « Nous avions besoin de quelqu’un de solide, humble, qui joue dur et qui en veut. » « On ne s’attendait pas à ce qu’il nous sorte 20 points et 10 rebonds pour son premier match », reprend Devin Booker, qui a besoin de grands pour s’extirper des prises à deux. « Mais il se bagarre et c’est tout ce qu’on lui demande. »
Malgré les erreurs défensives, notamment dans son match face aux Lakers, Igor Kokoskov apprécie son énergie et ses efforts. « On ne veut pas le submerger d’informations », défend le coach. Il devrait pourtant tomber sur une oreille attentive car la nouvelle recrue entend tout faire pour gagner sa place.
« J’essaie de rester le même, de ne pas changer de méthode ou de me laisser distraire. Je ne veux pas décevoir ma famille, mes nouveaux coéquipiers et la franchise donc je donne le maximum sur et en dehors du parquet et je reste Emanuel Terry. »