Le shoot à 3-pts : encore et toujours plus loin ?

Dans le sport, le propre d’une révolution, c’est qu’elle n’est pas toujours comprise au début, mais ensuite adoptée par tout le monde. Seuls des irréductibles résistent, mais ils sont peu nombreux, se plaignent parfois mais s’y collent tout de même.

C’est un fait incontestable : le shoot à 3-pts a pris une place omniprésente dans la ligue désormais. Les chiffres le prouvent à merveille. En 2013-2014, il y avait en moyenne 21.5 tirs primés tentés par match. La saison passée ? 29 par match. Cette année ? 31.3 ! En moins de cinq ans, dix shoots à 3-pts de plus sont tentés à chaque rencontre.

« Ça se passe sous nos yeux et ça va très vite », commente Nick Nurse, auteur du changement de philosophie des Raptors la saison passée, pour adopter le tir primé justement. « On en parlait avec le staff. Ça va à une vitesse folle et rien n’indique que ça va se calmer. Il faut désormais penser à prendre le contre-pied : comment allons-nous arrêter ? Comment allons-nous continuer de protéger le panier si les équipes tentent 45 ou 50 shoots à 3-pts chaque soir ? »

Comment anticiper la suite ? C’est également un autre signe distinctif d’une révolution : on ne sait pas où elle va…

« Je me demande s’il va y avoir un tournant, comme voir une équipe commencer à shooter 60 fois par match », avance Kenny Atkinson. « Je n’ai pas la réponse. On voit que ça augmente mais je pense qu’il y a un moment où les équipes vont regarder ailleurs pour marquer des points. »

« Il fut un temps où on était stigmatisé avec ce genre de tir »

Ailleurs, peut-être. Plus loin, sûrement.

« Neuf mètres », affirme Brad Stevens. « Quand on regarde comment les joueurs shootent si librement en sortie de dribble, comment les grands s’écartent du panier, je pense que la distance va s’étendre. Ce sera encore plus difficile pour défendre. Je suis certain que les lay-ups sont aussi en augmentation, par rapport à 10 ou 15 ans en arrière, car il faut couvrir plus d’espace. »

Les coaches pensent donc que les tirs à 3-pts vont continuer de pleuvoir et de plus en plus loin. Pourquoi s’en priver ?

« C’est une question d’efficacité », estime Quin Snyder. « Ce tir vaut plus que les autres. Avec le temps, les joueurs vont commencer à shooter de plus en plus jeune et les coaches sont de plus en plus à l’aise avec l’idée de shooter de loin. Il fut un temps où on était stigmatisé avec ce genre de tir. Quand on shootait vite, c’était signe de désorganisation. C’est tout le contraire maintenant. Le basket va continuer de graviter autour des éléments qui vont permettre de gagner en efficacité. Si les joueurs s’écartent alors on verra sûrement des shoots plus lointains. »