Pas d’obsession du 3-points pour Gregg Popovich

Gregg Popovich n’a jamais caché son dédain pour le tir à 3-points. Il le confia à plusieurs reprises par le passé, notamment en 2015 : « Je ne l’ai jamais adopté. Je ne crois pas que ce soit du basket. » Des propos toutefois modérés ensuite : « Mais au bout du compte, il faut l’accepter ou on perd. À chaque fois qu’on a gagné le titre, le tir à 3-points a joué un rôle majeur. »

Un temps parmi les pionniers

En effet, que l’entraîneur l’aime ou non, le tir à 3-points s’est développé comme une arme létale au sein de la ligue et le coach a dû le prendre en compte dans sa stratégie de jeu. Toutefois, dans le même temps, il a aussi souvent pu compter sur des effectifs compatibles avec cette disposition.

– En 2007, année de leur quatrième titre, les Spurs se sont ainsi classés 3e en termes de réussite de loin avec 38.1% et 7e dans le volume avec 19 tentatives par match, ce qui s’explique par la présence de joueurs comme Manu Ginobili, Bruce Bowen, Brent Barry, Mike Finley, Matt Bonner ou encore Robert Horry
– En 2013, année de leur finale perdue face au Heat, San Antonio shoote à 37.6% à 3-points (4e) avec 21.5 tentatives par match (7e)
– En 2014, saison de leur dernier trophée Larry O’Brien en date, San Antonio shoote presque autant (21 tentatives par match) mais le 3-points est alors beaucoup plus répandu : ils ne sont que 16e en volume. En revanche, ils shootent mieux et se classent premier dans la réussite avec 39.7% grâce à des joueurs comme Danny Green, Manu Ginobili, Patty Mills, Marco Belinelli, Kawhi Leonard ou encore Matt Bonner

Désormais parmi les plus frileux… avec un volume similaire

Mais Danny Green, Manu Ginobili et Kawhi Leonard partis, Gregg Popovich ne dispose plus des mêmes qualités dans son effectif. Aujourd’hui, ses meilleurs scoreurs, LaMarcus Aldridge ou encore DeMar DeRozan, aiment avant tout le jeu à mi-distance et, fidèle à sa vision du jeu, le coach a décidé de s’appuyer sur leurs points forts.

Avec 20% des tirs de l’équipe pris à mi-distance, San Antonio se classe premier dans ce secteur, selon NBA.com. En revanche, avec 22 tentatives derrière l’arc, soit près de deux fois moins que les Rockets (41.5 tentatives par match), il n’y a que les Pacers qui shootent aussi peu à 3-points dans la ligue. Alors que c’est pourtant un volume de tirs très similaire à celui des saisons mentionnées plus haut.

D’ailleurs, les Spurs shootent… aussi bien. Avec 39.1% de réussite dans ce secteur, ils se classent aujourd’hui en 6e position, en grande partie grâce à Bryn Forbes (41.7%) et Davis Bertans (52.6%). Patty Mills n’est pas le plus constant mais ses séries marquent toujours les esprits (39.7% avec 3.3 tirs pris en moyenne) et Rudy Gay shoote peu mais bien (64% avec 2 tirs pris en moyenne). San Antonio n’est donc pas maladroit, mais n’abusent simplement pas du tir de loin.

« Nous les prenons s’ils se présentent », confirme Gregg Popovich à l’Express-News. « On ne les shoote pas comme Houston ou Golden State mais nous avons toujours reconnu leur importance. On ne prend pas des tirs à 3-points parce que les autres le font. Il faut avoir des shooteurs pour en prendre autant. On le fait quand c’est approprié et on comprend leur valeur. »

Cela constitue-t-il pour autant un changement ? Ces deux dernières années, les Spurs étaient 25e puis 27e en tentatives à 3-points. En 2016-17, ils étaient d’ailleurs aussi premiers en réussite (39.1%) malgré ce faible ratio.

Fidèle à ses principes, Gregg Popovich s’appuie donc sur les qualités de son effectif et le 3-points n’est pas chez lui une obsession, il s’agit simplement d’une arme comme une autre, qu’il faut utiliser au mieux, et pas à tout prix.