L’image est marquante, presque triste, comme l’autre côté d’un miroir que l’on ne voudrait jamais voir. Alors que les cris de joie et les célébrations entre les vainqueurs du soir se font entendre dans le couloir menant aux vestiaires des Cavaliers, le service de sécurité ordonne de fermer les portes de celui-ci, pour protéger les hommes de Tyronn Lue, silencieux et têtes baissées dans leurs chaises.
Les enfants de LeBron James peuvent s’asseoir et serrer la main des partenaires de papa, déjà quelques-uns manquent à l’appel. « Mais où sont Jose, Kyle et J.R ? » questionnent les fils du King au responsable de la presse des Cavaliers, un peu gêné par la question. « Ils sont déjà partis », soupire-t-il. Comme un évitement de l’attention médiatique, prémices d’une thérapie visant à oublier ce sweep.
Le vestiaire de la désolation
« C’est dur à encaisser, même si à 3 victoires à 0, on essayait de garder un peu d’espoir », souligne Cedi Osman, l’un des seuls à parler aux journalistes, qui ajoute que « marquer l’histoire dans le mauvais sens du terme, en étant balayé 4 à 0 n’est pas agréable, et personne ne veut passer par un moment pareil. »
Écrasés par le rouleau compresseur Warriors, les Cavaliers n’ont pas la tête aux questions des médias. Tristan Thompson ne sortira même pas des douches, et les responsables de la communication locale n’hésitent pas à demander à fermer les vestiaires alors que celui-ci n’a été ouvert qu’une quinzaine de minutes, à la grande surprise de la cinquantaine de journalistes présents entre les serviettes et les tenues des joueurs jonchant la moquette.
Jeff Green, qui porte un maillot des Washington Capitals, vainqueurs de la Stanley Cup la veille, reste courtois mais la frustration se perçoit sur son visage. Malgré l’insistance des questions sur LeBron James, mais aussi sur la claque reçue face aux Warriors, le vétéran fait quand même le travail, tant bien que mal.
LeBron James a-t-il joué son dernier match pour les Cavs ?
« On ne s’attendait pas à cela, mais bon, on a pris un sweep et on ne peut par changer l’histoire » souligne-t-il, résigné. « On ne voulait pas que l’histoire se termine comme ça, mais les Warriors ont voulu finir la série ce soir. Félicitations à eux et bonnes vacances à tous », termine le numéro 32 de Cleveland, filant ensuite par une porte dérobée du fond des vestiaires et ainsi éviter les fans présents dans le couloir.
Premier concerné par les conséquences de cette défaite, LeBron James, visage fermé, entrera en scène le dernier, pour peut-être son dernier passage face à la presse en temps que pensionnaire de la franchise de l’Ohio. Tête basse, encadré de son entourage, le King se présente sur le podium et ne peut éviter la sacro-sainte question, celle que tout le monde se pose : « Avez-vous joué votre dernier match avec les Cavaliers ? »
Il ne se cache pas et se fait explicatif dans ses réponses. « Je n’en ai aucune idée à ce moment même. Je vais m’asseoir et réfléchir à tout ça, mais l’aspect familial est primordial dans mon choix de carrière. Donc, je n’ai pas de réponse à vous donner à l’heure actuelle », termine-t-il, une protection à la main après avoir révélé sa blessure.
Le Roi de Cleveland quitte la salle de presse et se dirige vers la sortie du Q Arena, sous les regards de quelques fans discrets, portant sur leur visage la crainte d’avoir vu pour la dernière fois leur idole sous le maillot des Cavaliers. L’été est prêt à démarrer dans l’Ohio, mais un vent de doute traverse déjà la ville, qui pourrait bien se transformer en tempête si la star d’Akron décidait d’aller poursuivre sa carrière sous d’autres horizons. Qui lui en voudrait aujourd’hui ?