Trevor Ariza, du fantôme au caméléon

« Il est comme un fantôme. Comme une ombre. D’un coup, il sort d’un écran et il est parti. On voit quelque chose et puis il n’est plus là. Il court sur le terrain comme ça. Il est un joueur furtif, plus que quelqu’un qui apporte son énergie à l’équipe. Mais sa présence est ressentie ».

En 2008, c’est ainsi que Phil Jackson définissait l’apport de Trevor Ariza, qui allait aider l’équipe à gagner le titre en 2009.

Une carrière d’ajustements… réussis ou pas

Dix ans plus tard, la définition un peu étrange du « Zen Master » tient toujours. Traumatisé par Larry Brown dans ses premières années, très utile à Los Angeles avant d’être poussé dehors pour faire de la place à Ron Artest, souvent transféré ensuite, l’ailier a longtemps cherché sa place, mais il est désormais indispensable aux Rockets de James Harden.

Réputé « old school » dans son approche du jeu, Trevor Ariza apprécie le mouvement collectif et les systèmes qui impliquent tout le monde. À Houston, on joue plutôt l’isolation et lui se contente d’attendre le ballon à 3-points. Contradictoire ?

« Je suppose qu’on pourrait dire ça », répond-il à ESPN. « Mais je me vois comme un joueur qui peut s’ajuster à tout, un caméléon. Les systèmes ne sont pas faits pour tous les joueurs, donc il s’agit de voir comment on s’ajuste. Je trouve que c’est la partie la plus compliquée, et la plus sympa. »

La carrière de Trevor Ariza est ainsi une succession d’ajustements, réussis ou pas. En 2009, les Rockets le recrutent en pensant qu’il peut devenir un joueur offensif de premier plan, car ses statistiques avancées chez les Lakers sont excellentes. Il signe alors un gros contrat de 34 millions de dollars sur cinq ans mais Houston se rend vite compte de ses difficultés à créer son propre shoot, et le transfère dans la foulée à New Orleans, qui se débarrasse de lui deux ans plus tard…

Une approche « old school » au service du basket moderne

Chez les Wizards, il peut retrouver un rôle de « 3&D » qui profite des caviars de John Wall dans les corners, tout en s’occupant des meilleurs ailiers adverses. C’est dans l’ombre qu’il s’épanouit et qu’il revient ensuite aux Rockets.

« Trevor est dur », explique Kobe Bryant. « Il n’y a pas de place pour le n’importe quoi chez lui. On ne peut pas le maltraiter, et on ne peut certainement pas l’intimider. »

À Houston, on avoue aisément que l’équipe ne serait pas où elle en est sans Trevor Ariza. Pourtant, le style de jeu des Rockets est quasiment à l’opposé de son approche. Tant sur le plan offensif que sur le plan défensif. Joueur à l’ancienne, qui respecte les consignes à la lettre et croit aux valeurs du travail, l’ailier prend la défense comme un défi personnel. Pour lui comme pour d’autres, les « switchs » sont une façon d’abandonner et de refuser l’affrontement.

« Son approche old school se traduit pourtant très bien dans le switching », assure Jeff Bzdelik, l’architecte défensif de Houston.

Assistant coach des Knicks quand ils ont drafté Trevor Ariza puis chez les Hornets lorsqu’il y a passé plusieurs saisons, Mike Malone tient lui aussi à mettre en avant le travail de l’ailier.

« J’ai tellement de respect pour ce que Trevor a fait. Les gars comme lui ne sont jamais mis en lumière. Mais si vous regardez sa carrière depuis ses premiers jours à New York, il a aidé beaucoup d’équipes. »

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.