[Rétro] Le Phoenix de Charles Barkley éliminé sur un “Baiser de la Mort”

Champion en titre, Houston a eu toutes les peines à réussir le doublé en 1995. On se souvient évidemment du “sweep” en finale face au Magic, et de la leçon donnée à David Robinson puis Shaquille O’Neal par Hakeem Olajuwon. Mais avant d’en arriver là, les Rockets avaient frôlé l’élimination. Tête de série numéro 6 après une saison régulière poussive, ils sont menés 3-1 dans leur demi-finale de conférence face aux Suns. À l’énergie, les Rockets ont réussi à provoquer un Game 7 à Phoenix le 20 mai 1995, pour ainsi tenter de devenir la cinquième équipe de l’histoire à remonter un 3-1.

Ce soir-là, le duo Olajuwon – Drexler est énorme avec 58 pts, mais Kevin Johnson (46 pts, 10 pds) et Charles Barkley (18 pts, 23 rbds, 5 pds) le sont encore plus pour faire tomber le champion en titre.

Mais c’est Mario Elie qui va faire la différence et entrer dans l’histoire…

Il reste une vingtaine de secondes dans cette 7e manche. 110-110. Les Suns pressent tout-terrain, Robert Horry voit Elie à l’opposé, seul dans le coin, qui peut jouer avec Olajuwon. Mais le sixième homme des Rockets décide de prendre le shoot et les pieds dans le ciment, il le rentre. C’est son premier du match et il donne trois points d’avance à Houston (113-110).

“Ce baiser est allé tout droit sur le cul de Joe Kleine”

Son 3-points planté dans le corner, Mario Elie envoie une bise au banc de Phoenix pendant que ses coéquipiers lui sautent dessus. Les fans de Houston baptiseront son tir « Kiss of Death » (“le Baiser de la Mort”).

“Ça a commencé avec Joe Kleine et moi dans le Game 6. Je balançais des baisers après chaque 3-points et il n’aimait pas ça. Quand ils ont mené de 10 points dans le 3e quart-temps, il m’a envoyé un baiser et je n’ai pas aimé” se souvient Mario Elie. “Donc quand j’ai mis ce 3-points, je lui ai envoyé ce baiser, et c’est allé tout droit sur son cul. C’était dans le feu de l’action, il y avait de l’émotion, une compétition amicale, et on s’affrontait pour la deuxième année d’affilée.”

Il reste alors 7 secondes à jouer, et il ne faut pas non plus trop s’enflammer… Heureusement pour Houston, le bras de Clyde Drexler ne tremblera pas aux lancers, et après une ultime prière manquée de Danny Ainge, les Rockets s’imposeront 115-114 face à des Suns dépités.

À l’époque, c’est la première fois depuis 14 ans qu’une franchise remporte une série après avoir été menée 3-1, et c’est la première victoire à l’extérieur dans un Game 7 depuis 1982. Un véritable exploit des champions en titre signé d’un shoot ultra clutch d’un role player, ancien globe trotter, passé par les quatre coins de la planète avant de poser ses valises à Houston.

Quand on a Clyde Drexler et Hakeem Olajuwon, il faut une belle paire de “cojones” pour prendre ce tir à 3-points à 7 secondes de la fin. D’autant que Olajuwon était sous le cercle… et qu’un panier à 2-points suffisait.

« C’était un véritable test de confiance » confiera-t-il. « Je me suis rappelé ce que Rudy Tomjanovich nous dit toujours : « Si vous êtes seuls et en bonne position, tirez ! » Je suis un très bon shooteur à 3 points si vous me laissez le temps d’armer. Je l’avais et le coin est l’un de mes endroits préférés sur le terrain. Comme Hakeem était dans la raquette, je savais que son défenseur n’allait pas le lâcher. Quand il m’a vu shooter, il s’est dit : “Quoi ? Le gars va vraiment prendre ce tir !” Et c’était vraiment bon…”

“C’est sur YouTube et on le montre à la télé tous les ans en playoffs”

Mario Elie ne sait pas encore qu’il vient d’inscrire un panier qui fait aujourd’hui partie des plus grands moments de l’histoire de la NBA. Son “Baiser de la Mort” est inscrit pour la postérité.

“Tout le monde rêve de mettre un panier de la gagne en playoffs. Avec personne devant moi, seul sur un playground, je le mets tous les jours. Mais avec 19 000 spectateurs qui hurlent et vous crient dessus, c’est une autre histoire. J’ai rêvé de ça toute ma carrière, mais on ne parle pas souvent des joueurs comme moi, et on n’a pas l’occasion de prendre ce genre de tir.”

Mais ce jour-là, une bonne étoile protégeait les Rockets et Mario Elie inscrira son seul 3-points du match dans ce coin. Un panier pour l’éternité, qu’il peut aujourd’hui montrer à ses enfants…

“On m’en a parlé un million de fois. C’est sur YouTube et on le montre à la télé tous les ans en playoffs, et c’est cool de le voir” expliquait-il l’an passé. “J’ai des triplés de 13 ans, et ils ne pensaient pas que le vieux pouvaient jouer. Je peux leur montrer la vidéo, et c’est vraiment bien.”