C’est l’une des principales raisons de la saison historique de Houston. Clint Capela s’est affirmé cette saison comme un cadre primordial pour les Rockets de Mike D’Antoni. En pleine progression, le Suisse pourrait même voir son nom cité dans les votes du MIP. Pourtant, il revient de loin. Voire, de très loin concernant son shoot.
Tout commence en 2014, à Chalon-sur-Saône. Clint Capela n’a que 20 ans mais il domine en Pro A. Daryl Morey, le GM texan, se déplace en Saône-et-Loire pour observer ce grand intérieur à l’immense potentiel. Mais il se rend tout autant compte du travail encore à faire sur ce joueur un peu fruste. Ce qui l’inquiète surtout, c’est le tir du jeune homme, en particulier aux lancers-francs. « Un petit point d’interrogation » avoue même le dirigeant dans un excellent papier du New York Times.
Quand un Hoop Summit quelconque lui ouvre les voies des Rockets
Le diamant brille mais il demande à être poli. Qu’à cela ne tienne, Daryl Morey reste séduit par Clint Capela. Problème : les Rockets ne possède que le 25e choix de la draft et le GM de la franchise craint que le pivot ne soit plus disponible. Surtout s’il brille au Hoop Summit, le traditionnel rendez-vous des meilleurs prospects américains contre les homologues internationaux. Il termine finalement avec 5 points en 14 minutes, sans briller. L’aubaine est parfaite pour les Rockets.
« C’était la meilleure chose qui pouvait nous arriver », explique Daryl Morey. « J’aimerais dire que nous sommes des génies dans notre sélection à la draft, mais la vérité est que Clint est même meilleur que ce que l’on attendait. »
Les débuts sont pourtant difficiles, comme souvent avec les rookies internationaux, en particulier les intérieurs. Clint Capela manque de temps de jeu derrière Dwight Howard et il ne trouve pas la confiance. Pire, il établit un record dans l’histoire de la ligue en ratant ses 15 premiers lancers-francs.
« C’était vraiment dur » acquiesce-t-il. « C’était un départ cahoteux », confirme Daryl Morey. « Vous pouvez avoir tellement des conversations façon ‘tout va bien se passer’. Cela doit simplement s’imprégner dans la confiance de la personne, surtout quand elle est aussi jeune. »
250 lancers réussis à 6 heures du mat’
Deux ans plus tard, en juillet 2016, Clint Capela s’est fait sa place dans la rotation de Houston. Il joue un peu moins de vingt minutes et fait parler sa dureté et ses qualités athlétiques sous le cercle. Mais le Suisse reste bloqué à 37.9% aux lancers-francs. Un pourcentage catastrophique, seul Andre Drummond faisant pire dans la ligue.
Envoyé en Summer League pour continuer à se perfectionner, le Suisse se voit assigner un coach particulier en la personne de John Lucas, l’ancien joueur des Rockets. Sa mission est simple, reprendre à la base la technique de tir du joueur et la rendre moins… problématique. Clint Capela est un bosseur et il se donne les moyens de franchir un cap : réveil à cinq heures pendant trois semaines pour être à la salle une heure plus tard et rentrer 250 lancers-francs, soit plus que ses tentatives sur la ligne cumulées en deux saisons. « Croyez-moi, ô mon Dieu, c’était difficile » se souvient l’intéressé.
« Je lui ai dit que s’il travaillait, il pourrait devenir un des meilleurs pivots de la ligue », raconte John Lucas. « J’y crois encore plus aujourd’hui. Il ne fait encore que s’en approcher. Il y a tellement plus dans son jeu que ce que l’on voit. »
« Tirer à 3-points ? Bien sûr, pourquoi pas ? »
Et les efforts finissent par payer. La tour de contrôle des Rockets n’est toujours pas une assurance tout risque en cas de faute. Mais à 56.5%, il n’est plus aussi ridicule que par le passé.
Surtout, oublié celui qui manquait ses 11 premiers tirs en NBA. Clint Capela est aujourd’hui le meilleur pourcentage au tir de la ligue (65.2%), grâce à des shoots près du cercle, entre alley-oops servis sur un plateau par James Harden et points sur rebonds offensifs. Certes, ça ne demande pas une gestuelle particulière mais le Suisse a des mains plus sûres.
« Cela m’a simplement pris du temps pour être à l’aise : un nouveau pays, une nouvelle équipe, un nouveau système », explique-t-il. « J’étais tellement impressionné par tout. Etre en NBA, c’était juste ‘wow’. Quand je sais où j’en étais il y a quatre ans et où j’en suis aujourd’hui, je ne fais que profiter. »
En pleine bourre chez un des favoris au titre (14 points et 10.9 rebonds de moyenne), Clint Capela saisit l’opportunité. Et rêve même désormais de développer un tir extérieur. « Tirer à trois-points ? Bien sûr, pourquoi pas ? Ce n’est pas impossible. »
Clint Capela | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2014-15 | HOU | 12 | 8 | 48.3 | 0.0 | 17.4 | 0.8 | 2.2 | 3.0 | 0.2 | 1.2 | 0.1 | 0.4 | 0.8 | 2.7 |
2015-16 | HOU | 77 | 19 | 58.2 | 0.0 | 37.9 | 2.5 | 3.9 | 6.4 | 0.6 | 2.5 | 0.8 | 0.8 | 1.2 | 7.0 |
2016-17 | HOU | 65 | 24 | 64.3 | 0.0 | 53.1 | 2.7 | 5.4 | 8.1 | 1.0 | 2.8 | 0.5 | 1.3 | 1.2 | 12.6 |
2017-18 | HOU | 74 | 28 | 65.2 | 0.0 | 56.0 | 3.3 | 7.6 | 10.8 | 0.9 | 2.5 | 0.8 | 1.4 | 1.9 | 13.9 |
2018-19 | HOU | 67 | 34 | 64.8 | 0.0 | 63.6 | 4.4 | 8.2 | 12.7 | 1.4 | 2.5 | 0.7 | 1.4 | 1.5 | 16.6 |
2019-20 | HOU | 39 | 33 | 62.9 | 0.0 | 52.9 | 4.3 | 9.5 | 13.8 | 1.2 | 2.6 | 0.8 | 1.6 | 1.8 | 13.9 |
2020-21 | ATL | 63 | 30 | 59.4 | 0.0 | 57.3 | 4.7 | 9.6 | 14.3 | 0.8 | 2.3 | 0.7 | 1.2 | 2.0 | 15.2 |
2021-22 | ATL | 74 | 28 | 61.3 | 0.0 | 47.3 | 3.8 | 8.1 | 11.9 | 1.2 | 2.2 | 0.7 | 0.6 | 1.3 | 11.1 |
2022-23 | ATL | 65 | 27 | 65.3 | 0.0 | 60.3 | 4.0 | 7.1 | 11.0 | 0.9 | 2.1 | 0.7 | 0.8 | 1.2 | 12.0 |
2023-24 | ATL | 73 | 26 | 57.1 | 0.0 | 63.1 | 4.6 | 6.0 | 10.6 | 1.2 | 2.2 | 0.6 | 1.0 | 1.5 | 11.5 |
2024-25 | ATL | 55 | 21 | 55.9 | 0.0 | 53.6 | 3.2 | 5.4 | 8.5 | 1.1 | 1.9 | 0.6 | 0.9 | 1.0 | 8.9 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.