Un rôle de 6e homme, peut-être au mieux. En apprenant qu’il va rejoindre le Jazz, après avoir été échangé par les Nuggets le soir de la draft (contre Trey Lyles), Donovan Mitchell ne se fait pas trop d’illusion sur son impact possible dans cette franchise. Avec Dante Exum, Rodney Hood ou encore Alec Burks, le poste d’arrière est déjà bien fourni. Et question leadership, Utah compte déjà dans ses rangs un certain Gordon Hayward.
Et puis, à peine 10 jours après son arrivée, un événement va bouleverser l’avenir de la franchise. Et sa propre carrière. Gordon Hayward décide de filer aux Celtics.
« C’était un choc pour nous tous », décrit le rookie. « C’était vraiment dur. À ce moment-là, j’ai reçu un texto de Rudy (Gobert) qui me disait genre ‘Écoute, on va y aller et faire notre truc.’ Et nous étions motivés. »
Le pivot français avait-il déjà une idée de la pépite que représentait Donovan Mitchell ? Et qu’après une soixantaine de matches joués, il serait un candidat sérieux au titre de rookie de l’année, collectionnant les trophées de rookies du mois ? Et qu’il deviendrait aussi une coqueluche de la ligue en s’offrant même un concours de dunks ?
À entendre le GM de la franchise, Dennis Lindsey, pas vraiment. En fait, rien ne s’est vraiment passé comme prévu.
« On pensait que Gordon reviendrait, alors quand on a présenté Mitchell à l’équipe, on s’est dit qu’il pourrait être un peu comme George Hill, peut-être un peu comme Dwyane Wade. Et si nos quatre free agents restaient, peut-être que sa première saison aurait ressemblé à la première année de George Hill à San Antonio (6 points de moyenne en 16 minutes). Mais l’opportunité s’est présentée. »
En plus de l’évolution de l’effectif, le dirigeant a également pu avoir un aperçu de ce que le rookie pourrait apporter à l’équipe durant la Summer League. Dennis Lindsey s’est alors dit : « Plutôt que de lui faire traverser tous les rituels « traditionnels » de rookie, voyons ce qu’il a. »
« Personne n’aurait pu le prévoir »
Et le dirigeant n’a pas été déçu !
« Personne n’aurait pu le prévoir. J’ai fait la sélection mais personne dans mon groupe ne disait qu’il allait tourner à 20 points de moyenne et être génial, au moins à ce jour, pour nous aider dans les matchs serrés et être efficace dans les quatrièmes quart-temps (comme il l’a encore montré cette nuit contre les Wolves). Et je pense que l’autre surprise est que nous connaissions sa personnalité (sic). »
Le GM vante ainsi l’éducation que Donovan Mitchell a reçue de ses parents, dont le père, Donovan Sr., est directeur des relations avec les joueurs des New York Mets (baseball). Ainsi, le rookie a grandi dans l’environnement du sport professionnel. Dennis Lindsey souligne également le coaching à la dure de Rick Pitino, durant ses deux années passées à Louisville. « Mais vous ne savez jamais comment va être un joueur avec ses coaches et surtout ses coéquipiers », poursuit le GM.
Là encore, la greffe semble réussie. Rudy Gobert, qui avoue n’avoir « aucune idée » de qui il était à son arrivée, décrit un « garçon intelligent, pas effrayé par les responsabilités ». Joe Ingles parle lui d’un « gamin normal, discret et humble » : « Il m’a dit une fois : ‘Je n’arrive toujours pas à y croire.’ Il ne pensait pas qu’il serait choisi au premier tour (de la draft). » Le genre d’anecdote qui ne peut que faire sourire aujourd’hui. Et qui tranche clairement avec la confiance affichée par son principal concurrent pour le titre de rookie de l’année, Ben Simmons.
L’influence de Rudy Gobert
L’environnement d’Utah, loin de « Stars System » comme Los Angeles ou New York, joue sans doute aussi en sa faveur. Là-bas, il est clairement en train de s’imposer comme le visage de cette franchise avec Rudy Gobert. Ce dernier a d’ailleurs été visiblement de très bon conseil avec lui.
« Je lui ai dit : ‘Tu veux être un gars qui marque beaucoup mais qui ne gagne jamais rien, comme nous en avons beaucoup dans cette ligue ? Ou tu veux être un gars qui gagne, qui fait le bon choix ?’ Il veut gagner. Il fait de la vidéo toute la journée, ne cesse de s’améliorer et désormais, ses prises de décision sont bien meilleures. Il ne perd plus le ballon comme il le faisait, il prend de meilleurs tirs, met plus de pression sur la défense et trouve ses coéquipiers. Il devient vraiment meilleur. »
Au point d’en oublier parfois qu’il reste malgré tout un rookie, pour qui tout va très vite.
« Je ne m’attendais pas à tout ce que ceci arrive », avoue même l’intéressé. « Mais on en est là maintenant, je m’attends à en faire beaucoup plus et continuer à travailler aussi dur que je peux pour être meilleur. »
Ça promet.
Donovan Mitchell | Pourcentage | Rebonds | |||||||||||||
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Saison | Equipe | MJ | Min | Tirs | 3pts | LF | Off | Def | Tot | Pd | Fte | Int | Bp | Ct | Pts |
2017-18 | UTH | 79 | 33 | 43.7 | 34.0 | 80.5 | 0.7 | 3.1 | 3.7 | 3.7 | 2.7 | 1.5 | 2.7 | 0.3 | 20.5 |
2018-19 | UTH | 77 | 34 | 43.2 | 36.2 | 80.6 | 0.8 | 3.3 | 4.1 | 4.2 | 2.7 | 1.4 | 2.8 | 0.4 | 23.8 |
2019-20 ☆ | UTH | 69 | 34 | 44.9 | 36.6 | 86.3 | 0.8 | 3.6 | 4.4 | 4.3 | 2.5 | 1.0 | 2.7 | 0.2 | 24.0 |
2020-21 ☆ | UTH | 53 | 33 | 43.8 | 38.6 | 84.5 | 0.9 | 3.5 | 4.4 | 5.2 | 2.2 | 1.0 | 2.8 | 0.3 | 26.4 |
2021-22 ☆ | UTH | 67 | 34 | 44.8 | 35.5 | 85.3 | 0.8 | 3.4 | 4.2 | 5.3 | 2.4 | 1.5 | 3.0 | 0.2 | 25.9 |
2022-23 ☆ | CLE | 68 | 36 | 48.4 | 38.6 | 86.7 | 0.9 | 3.3 | 4.2 | 4.4 | 2.5 | 1.5 | 2.6 | 0.4 | 28.3 |
2023-24 ☆ | CLE | 55 | 35 | 46.2 | 36.8 | 86.5 | 0.8 | 4.3 | 5.1 | 6.1 | 2.1 | 1.8 | 2.8 | 0.5 | 26.6 |
2024-25 ☆ | CLE | 71 | 31 | 44.3 | 36.8 | 82.3 | 0.8 | 3.7 | 4.5 | 5.0 | 2.0 | 1.3 | 2.1 | 0.2 | 24.0 |
Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.