Conséquence directe du début de la saison, les rosters sont bouclés : toutes les équipes comptent 15 joueurs ou moins dans leurs rangs, et les rosters ne seront désormais modifiés que par les trades, les recrutement des agents libres encore sur le marché ou le recours à la D-League.
Pour nous, c’est le bon moment pour faire un bilan sur l’état des masses salariales de chaque franchise, pour la saison 2010-11. C’est aussi l’occasion d’initier une analyse sur le rapport entre performances et masse salariale. En croisant les montants avec les prévisions de la rédaction, et à l’aide de quelques outils, on voit apparaître clairement une évidence : le système de nivellement des franchises ne fonctionne pas bien.
Le classement des masses salariales
NB : la colonne masse salariale ne prend pas en compte la luxury tax, mais inclut les salaires non garantis. Tous les montants sont en millions de dollars.
Equipe | Masse salariale 2010 |
Nb joueurs | Lux Tax | Principaux salaires | Classement BUSA |
|
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1 | LAL | 95,5 | 14 | 24,6 | K.Bryant : 24; P.Gasol : 17,8; A.Bynum : 13,7 | Ouest – 1 |
2 | ORL | 92,9 | 15 | 23 | R.Lewis : 19,6; V.Carter : 17,5; D.Howard : 16,6 | Est – 2 |
3 | DAL | 84,6 | 15 | 16 | D.Nowitzki : 17,3; T.Chandler : 12,6; C.Butler : 10,5; J.Terry : 9,9 | Ouest – 2 |
4 | DEN | 82,7 | 13 | 12,7 | C.Anthony : 17,1; K.Martin : 16,5; C.Billups : 13,2 | Ouest – 7 |
5 | BOS | 77,5 | 15 | 6,9 | K.Garnett : 18,8; P.Pierce : 13,9; R.Allen : 10; R.Rondo : 9,1 | Est – 3 |
6 | UTA | 75,3 | 13 | 6,7 | A.Kirilenko : 17,8; D.Williams : 14,9; A.Jefferson : 13 | Ouest – 6 |
7 | HOU | 72,3 | 15 | 2 | Y.Ming : 17,7; K.Martin : 10,6 | Ouest – 8 |
8 | POR | 71,7 | 13 | 1,4 | B.Roy : 13,6; M.Camby : 11,7; L.Aldridge : 11,2 | Ouest – 4 |
9 | ATL | 70,5 | 14 | 0 | J. Johnson : 16,3; J. Smith : 11,7; J. Crawford : 10,8 | Est – 6 |
10 | NOH | 69,5 | 14 | 0,9 | C.Paul : 15; P.Stojakovic : 14,3; E.Okafor : 11,5 | Ouest – 10 |
11 | SAS | 69,0 | 14 | 0,1 | T.Duncan : 18,8; T.Parker : 13,5; M.Ginobili : 11,8 | Ouest – 5 |
12 | MIL | 68,7 | 14 | 0 | M.Redd : 18,3; A.Bogut : 11; C.Maggette : 9,6 | Est – 5 |
13 | PHI | 67,6 | 14 | 0 | E.Brand : 16; A.Iguodala : 12,3 | Est – 10 |
14 | MEM | 67,4 | 14 | 0 | Z.Randolph : 17,7; R.Gay : 13,6 | Ouest – 11 |
15 | CHA | 66,7 | 15 | 0 | G.Wallace : 10,5; B.Diaw : 9; S.Jackson : 8,5 | Est – 8 |
16 | MIA | 66,7 | 15 | 0 | L.James : 14,5; C.Bosh : 14,5; D.Wade : 14,2 | Est – 1 |
17 | GSW | 66,2 | 15 | 0 | M.Ellis : 11; D.Lee : 10,8; A.Biedrins : 9 | Ouest – 14 |
18 | DET | 65,5 | 15 | 0 | R.Hamilton : 12,5; T.Prince : 11,1; B.Gordon : 10,8 | Est – 12 |
19 | IND | 65,1 | 15 | 0 | D.Granger : 11; M.Dunleavy : 10,6; TJ.Ford : 8,5 | Est – 13 |
20 | PHO | 63,0 | 13 | 0 | J.Richardson : 14,4; S.Nash : 10,3; H.Turkoglu : 10,2 | Ouest – 9 |
21 | TOR | 61,3 | 15 | 0 | J.Calderon : 9; A.Bargnani : 8,5; L.Barbosa : 7,1 | Est – 15 |
22 | NYK | 58,5 | 15 | 0 | A.Stoudemire : 16,5; E.Curry : 11,3 | Est – 7 |
23 | WAS | 56,6 | 14 | 0 | G.Arenas : 17,7; K.Hinrich : 9 | Est – 9 |
24 | CHI | 55,3 | 13 | 0 | C.Boozer : 14,4; L.Deng : 11,3 | Est – 4 |
25 | NJN | 54,3 | 15 | 0 | T.Murphy : 12; D.Harris : 9 | Est – 11 |
26 | CLE | 52,7 | 15 | 0 | A.Jamison : 13,6; M.Williams : 9,3 | Est – 14 |
27 | LAC | 52,7 | 14 | 0 | B.Davis : 13; C.Kaman : 11,8 | Ouest – 12 |
28 | OKC | 51,5 | 15 | 0 | N.Collison : 6,8; M.Petterson : 6,7; K.Durant : 6,1 | Ouest – 3 |
29 | MIN | 45,4 | 15 | 0 | M.Beasley : 5; M.Webster : 4,8 | Ouest – 15 |
30 | SAC | 44,1 | 14 | 0 | S.Dalembert : 13,4 | Ouest – 13 |
Une corrélation claire
Rappelons en préambule que toute cette analyse est basée non pas sur des résultats sportifs, mais sur les anticipations de la rédaction de Basket USA. Comme nous ne sommes pas devins, il est probable que notre classement ne soit pas celui de la fin de la saison. Mais l’intérêt de l’exercice est de dresser une sorte de bilan des actions passées des managers, en croisant le résultat de leurs actions (via les salaires) et notre perception de leur réussite (à travers la qualité du roster et le classement anticipé).
Une fois cette (importante) limite en tête, l’exercice nous semble intéressant.
En parcourant le tableau, il est clair qu’il y a un rapport entre salaires et qualité du roster. A quelques exceptions près (que nous traiterons plus loin), plus la masse salariale est élevée, plus la rédaction s’attend à de bons résultats. Sachant que nos critères d’évaluation n’étaient pas liés au salaire, ceci signifie pour nous que les équipes les plus riches disposent, en moyenne, des meilleurs joueurs.
C’est bien entendu a priori logique, mais il faut rappeler que le système de la draft, et de luxury tax visent justement à rétablir l’égalité, et ne pas laisser les gros marchés truster les titres et les honneurs.
D’un point de vue mathématique, il existe un indicateur, appelé corrélation, qui mesure à quel point les 2 facteurs sont liés. Dans notre cas, la corrélation vaut 0,6. Sa valeur maximale est 1, auquel cas il y aurait un lien systématique. A 0, il n’y aurait aucun lien. Mais 0,6 est un montant relativement élevé : il existe un lien clair entre argent et anticipation de performance.
On peut donc dire, sur un échantillon relativement limité (une seule saison, anticipation de performances sportives), que le système de redistribution et de nivellement en NBA ne fonctionne pas bien. Pour être encore plus pertinent il pourra être intéressant de refaire cette analyse à la fin de la saison. Je prends date !
Les sur-performeurs
Quelques équipes font bien mieux dans notre classement que ce que laisserait anticiper leur budget salaire. On peut en citer 3 :
Oklahoma City : le joueur le mieux payé au Thunder est Nick Collison devant Mo Petterson. On a ici un exemple de l’effet de la draft : Durant, Westbrook et Green étant jeunes, leurs salaires sont encore limités par la convention collective. Pour le moment le Thunder se porte très bien financièrement. Rappelons néanmoins que Durant a déjà signé un contrat de 86 million de dollars sur 5 ans cet été, applicable la saison prochaine, et que le tour de Green viendra à l’été, et celui de Westbrook la saison suivante.
Miami : malgré la présence des 3 Amigos, le Heat a une masse salariale limitée. Ici, c’est clairement la faute au salary cap, qui a forcé Pat Riley à recruter beaucoup de role players au salaire minimum (à part Miller, Haslem, Anthony et Jones). Néanmoins, le résultat est plutôt impressionnant, la présence de superstars ayant convaincu de rester ou attiré des joueurs de qualité qui ont consenti à revoir à la baisse leurs ambitions financières, comme Udonis Haslem.
Chicago : les Bulls ayant raté LeBron James, on pourrait penser qu’ils sont déçus. Néanmoins il faut bien reconnaître que le rapport qualité/prix de l’effectif est très bon cette saison. Mais c’est vrai du fait de la qualité de leur recrutement, 2 des piliers de l’équipe étant jeunes et voyant leur salaire encadré : Noah (qui vient de signer pour 60 millions sur 5 ans, premier impact la saison prochaine), et Rose, qu’il faut resigner avant la saison 2012-13.
Les sous-performeurs
Au contraire, d’autres équipes font moins bien qu’attendu. Citons en 3.
Golden State : certes l’équipe compte des joueurs de talents (Monta Ellis, Stephen Curry, David Lee). Néanmoins, la rédaction les attend au fin fond du classement de la conférence Ouest, alors qu’ils disposent de la 17ème masse salariale (et la 10ème masse salariale à l’Ouest).
Denver : les Nuggets ont la 4ème masse salariale de la ligue, et nous les imaginons se qualifier péniblement en playoff. Une explication principale : il existe un fort risque que l’alchimie de l’équipe ne survive pas durant la saison. Et payer 16,5 millions pour un 6ème homme, et plus de 11 millions pour un pivot plutôt fragile n’est pas rassurant.
New Orleans : la franchise de Chris Paul présente la 10ème masse salariale de la ligue, la 7ème de la conférence Ouest, et nous la voyons loin des playoffs. L’équipe possède des joueurs de talents sans aucun doute, mais la difficulté consistera probablement à les faire jouer ensemble. Parfois l’addition de talents ne suffit pas, il faut que la mayonnaise prenne.
Indiana, Toronto ou Detroit font aussi partie des équipes au budget surdimensionné par rapport à la qualité du roster.
Et Minnesota ?
Les Wolves disposent d’un des plus petits budgets de la ligue. Plus précisément, c’est le 29ème. A partir de là, il n’est pas vraiment surprenant de les voir sous-performer. Néanmoins, Sacramento, d’après nous, fait mieux (2 places de mieux dans la conférence, soit en première approximation 3 ou 4 places sur le classement total de la ligue).
Lorsqu’on utilise certains outils qui permettent d’associer une place prévisible à un budget (régression linéaire à partir des données présentées dans cet article, à vos souhaits !), on voit néanmoins que Minnesota fait moins bien que ce qu’on attendrait. La prévision théorique donnerait, avec le budget de Minnesota, une 13è ou 14è place.
A nouveau, les données sont trop restreintes pour être vraiment significative. Disons simplement qu’on ne trouve pas vraiment, à la lecture de nos données, de vraie excuse à la franchise du Minnesota.
Conclusion
On l’a vu, comparer performance sportive et financière doit permettre de faire ressortir le talent des GMs, leur capacité à trouver les meilleurs talents, et à faire jouer ensemble une équipe basées sur des équipiers complémentaires.
Mais cela apporte aussi un regard neuf sur les performances de certaines équipes. D’après nous, Sacramento, à l’Ouest, devrait pouvoir obtenir le même classement qu’Indiana, mais pour 20 millions de dollars de moins…
Pour conclure, rappelons les deux limites actuelles de cette étude.
La première, c’est la différence de conférence. On dit souvent, avec raison, que le niveau de la conférence Ouest est supérieur. Mais c’est aussi lié aux budgets, qui sont quasiment supérieurs du côté de Pacifique.
Une analyse complémentaire intéressante serait d’ailleurs de réaliser le classement par conférence, en plus du classement global. Ce pourra être l’objet d’un prochain article, par exemple en fin de saison…
La seconde, c’est qu’on ne parle pas ici de résultats, mais bien d’évaluation de la qualité des rosters a priori par notre rédaction. Mais même si on peut très bien être en désaccord avec notre classement, le résultat demeure : aujourd’hui, la corrélation est significative entre masse salariale et résultats sur le parquet. Et le système NBA ne fonctionne pas de ce point de vue là.