Ce n’est pas souvent le cas, mais Tom Thibodeau était d’humeur loquace lors de son passage à Portland. Avant d’affronter les Blazers, le coach s’est largement ouvert sur la saison de ses Wolves mais aussi sur ses influences chez les coachs, et son propre parcours en remontant à ses débuts à l’Université, à Salem State.
Fan des New England Patriots, il a renouvelé son admiration pour Bill Belichick et son équipe. Il a également évoqué ce qui importe au moment de donner ses choix pour les remplaçants du prochain All-Star Game. Du grand Thibs…
« Quand on prend des raccourcis, on se plante »
Tom, vous êtes dans une passe compliquée avec Jimmy Butler qui est sur le flanc. Vous avez affirmé avoir ce qu’il faut pour tenir le choc malgré tout, mais est-ce bien possible sur le long terme ?
« Oui, il faut simplement venir sur le terrain et faire son boulot. On doit progresser encore en défense, et surtout le faire pendant 48 minutes. On a des joueurs blessés et il faut monter en intensité. J’ai trouvé que quand on a mis l’intensité, la discipline et la concentration nécessaires, on a été très efficace. Le reste du temps, on a pris des raccourcis et on s’est planté ! »
Comment jugez-vous la progression d’Andrew Wiggins, et particulièrement en défense où il est attendu cette saison ?
« Il a été bon toute la saison. Il a été constant. Son impact sur nos victoires a été plus important que l’an passé. Et je ne parle pas simplement de son scoring, mais de sa défense, ses rebonds. Il voit les actions se développer maintenant. Il fait beaucoup de bonnes choses pour nous. Jimmy et KAT ont sacrifié des tirs pour le bien de l’équipe et ça se voit sur nos résultats. »
Vous évoquiez récemment la bonne forme de Jeff Teague, louant notamment sa capacité à faire la différence dans la pénétration. En quoi est-ce si fondamental pour votre équipe ?
« Il fait ça depuis longtemps déjà. Sa vitesse, son accélération, sa lecture du jeu, il met la pression sur les défenses adverses depuis des années. C’est un super joueur sur le pick & roll. C’est une de ses qualités premières. Ça compresse la défense et ça crée beaucoup de possibilités d’attaque. Il peut continuer et finir au cercle. Ou sinon, il peut créer et ça nous donne des bons shoots dans le rythme. »
Nemanja Bjelica apporte également de bonnes minutes en l’absence de Jimmy Butler, comment jugez-vous son retour de blessure ?
« Il joue très bien. Il évolue sur deux positions en ce moment, le poste 3 et le poste 4. Et il s’en sort bien, il prend les bonnes décisions pour savoir quand faire la passe ou prendre le tir. Il avait déjà joué 3 l’an passé avec nous. Mais il l’avait surtout fait en Europe, et il est à l’aise en ailier. Son tir lui ouvre les espaces et derrière, il cache bien son jeu mais il peut déborder et créer aussi si la défense arrive trop vite. »
« En playoffs, c’est souvent une erreur mentale qui fait la différence »
Parlons de NFL, les Patriots ont à nouveau réussi à rallier le SuperBowl. On connaît votre affinité pour leur coach, Bill Belichick. Quelle importance votre rencontre a-t-elle eu sur votre trajectoire de coach ?
« J’ai grandi dans le Connecticut donc j’ai toujours été fan des Patriots. Mais quand j’étais à Boston, j’ai eu l’opportunité de les voir de très près, lors d’un entraînement. J’ai pu discuter avec lui. Je pense qu’il est un des meilleurs, sinon le meilleur coach de l’histoire. Ce qu’il a fait est tout simplement incroyable. En tant que coach, je comprends tout à fait ça. »
Ce sont deux sports différents, mais quelles leçons communes peuvent-être tirées ?
« Il y a beaucoup de choses en commun. Durant la journée qu’on a partagée, on discutait de ce qui faisait gagner une équipe. C’est la même chose dans chaque sport. Il faut d’abord éliminer ce qui nous plombe. Il faut renforcer ses fondamentaux : la condition physique, la discipline, ce genre de choses. »
Comment cela se traduit-il dans le jeu ?
« Quand je disais qu’il est impératif de limiter ses erreurs, au basket, ce sont les balles perdues, les fautes. Au football, ce sont les fumbles, les interceptions, les pénalités. Au baseball, ce sont les walks, les erreurs. Chaque année, on repart à zéro et on doit renforcer ses fondamentaux. La condition physique est très importante. La discipline, le mental. Dans les situations de playoffs, c’est souvent une erreur mentale qui fait la différence. »
« Mon apprentissage de la NBA a été rude »
Comment expliquez-vous le succès, et la longévité, de Bill Belichick ?
« Il reste fidèle à lui-même. Je pense que les joueurs le voient. Réussir à gagner année après année, c’est vraiment exceptionnel. Peu importe les circonstances, ils ont toujours une chance d’emporter la mise. Je suis admiratif de ça. »
Quels sont les autres coachs que vous avez particulièrement observés dans votre propre évolution ?
« On étudie toujours les meilleurs. Evidemment, Pop a réalisé une grande carrière. Bill Belichick, Coach K, Jim Boeheim. J’ai eu la chance de passer pas mal de temps avec ces gars-là. Avoir du succès durant autant d’années, pour moi, c’est la véritable marque des plus grands. Les coachs se piquent tout le temps des trucs. J’ai aussi été avec Doc. À New York, on avait aussi un super staff avec Jeff Van Gundy et Brandon Malone, Don Chaney, Jeff Nicks. Ces gars avaient déjà connu des grands coachs : Pat Riley, Don Nelson, Hubie Brown, Rick Pitino, Chuck Daly, Bill Fitch, Red Auerbach. Chaque jour au travail, tu entends parler de ces légendes. Quand j’étais à Boston, il y avait Jim Calhoun à Northeastern, Gary Williams à Boston College et Pitino à Providence. Dès que je pouvais aller à leurs entraînements, j’y allais. Ce sont des coachs Hall of Famers, je ne m’en rendais pas compte à l’époque mais c’était énorme pour moi. Bill Musselman aussi, je le mets avec eux, c’était un entraîneur incroyable. »
Vous évoquez Bill Musselman, c’était le head coach pour votre première pige NBA en tant qu’assistant… Comment s’est passée cette rencontre ?
« Je l’ai rencontré quand il était à Albany [en CBA] en fait. C’est là où tout a commencé pour moi. À l’époque, j’étais assistant au niveau universitaire et je ne connaissais rien au basket professionnel. Et comme tout le monde, je pensais qu’il n’y avait pas beaucoup de coaching pendant les entraînements de NBA. Mais après le premier entraînement, j’étais éberlué ! On est vite devenu amis et j’allais le voir dès que possible. Par la suite, c’est lui qui m’a fait venir en NBA [à Minnesota]. Les gens ne comprennent pas combien le basket pro est complètement différent du basket universitaire. L’apprentissage a été rude mais c’était le meilleur moyen d’apprendre la NBA. »
« La stat la plus importante, ça reste le nombre des victoires »
Vous avez participéau choix des remplaçants pour le All Star Game, comment avez-vous procédé ?
« Ce qui est difficile, j’en parlais avec Doc Rivers, c’est qu’ils devraient passer à 15 joueurs [par équipe]. J’ai le sentiment qu’il y a beaucoup de gars qui mériteraient d’y être, particulièrement dans la conférence Ouest. C’est arrivé aussi dans la conférence Est, il y a des joueurs qui devraient y être mais qui n’y sont pas ! C’est difficile de donner des minutes à tout le monde. Mais ce match est d’abord fait pour les fans. Quand il s’agit des derniers votes, je regarde la capacité à aider son équipe à gagner, c’est ce qui importe en fin de compte. J’en parlais avec Karl-Anthony l’an passé. Je lui disais qu’il réalisait une grosse saison mais que le plus important restait encore les victoires. C’est la stat la plus importante, c’est pour ça que les équipes qui gagnent ont souvent plusieurs All-Stars. Ça joue beaucoup dans les votes. Il ne l’a pas eu l’an passé même s’il le méritait, mais il l’a cette année. Wiggs le méritait aussi. J’espère qu’on va continuer à s’améliorer et faire que Wiggs y soit l’an prochain parce que sa valeur aura augmenté. »
Pensez-vous que Damian Lillard mérite sa place cette année ?
« Oui, il la mérite largement. Lui et CJ McCollum. CJ est un autre gars qui mériterait d’être All-Star. J’ai pu les côtoyer, ce sont deux gars avec beaucoup de caractère, une grosse éthique de travail. Chaque année, ils reviennent plus fort. Ces deux gars le méritent. »
Que pensez-vous du nouveau format pour le match du dimanche ?
« J’aime bien leurs efforts pour rendre le match plus intéressant. J’espère que ça va marcher. Mais le week-end dans sa globalité est une superbe vitrine pour notre ligue. Les fans adorent ça. Le concours à 3-points est un moment très apprécié des fans et toujours sympa à suivre. Le concours de dunks a retrouvé des couleurs ces dernières années. Et il ne manque plus que le grand match à améliorer. Ça devrait être le cas, car les joueurs veulent que ce soit mieux ! »
Propos recueillis à Portland