La NBA a annoncé hier sa dernière invention en matière de règles : les coaches ne pourront plus porter de cols roulés sous leur veste de costume.
Non ce n’est pas une blague, et ça va dans le sens d’une NBA plus aseptisée que jamais.
Visé en premier lieu : Stan Van Gundy, le coach du Orlando Magic.
Celui-ci réagit d’ailleurs avec humour et ironie :
Je veux qu’ils donnent au moins mon nom à cette règle. […] Les joueurs ont leur « droit Bird » [NDLR : permettant de dépasser le salary cap lors de la prolongation de leur contrat]. Larry Bird a donné son nom à cette règle. Je veux que ça soit la règle Van Gundy (Van Gundy Rule)
Doc Rivers a lui aussi réagi en désapprouvant cette nouvelle idée.
Une tendance de fond
On croyait qu’on avait touché le fond. Qu’il n’était plus possible d’aller plus loin dans les règles. On avait déjà l’interdiction pour les joueurs de se lever de leur banc. On avait l’interdiction de demander publiquement un transfert. On avait l’interdiction de donner son opinion sur les négociations salariales en cours. Avec à la clé de grosses amendes pour les « fautifs ».
Plus récemment, on avait eu le durcissement des règles quant aux protestations et autres comportements « déviants » sur le parquet, qu’on pourrait qualifier de « Rasheed Wallace rules ». Sur le modèle de la suggestion de SVG, ce serait d’ailleurs un moyen ironique de rendre hommage à l’ensemble de la carrière de l’intérieur au bandeau.
Un « dress code » absurde
Et maintenant, les coaches devront respecter un code d’habillage (dress code). Mais pas question de mettre un T-shirt d’Iron Maiden en dessous : ce sera chemise avec un col, et rien d’autre. Aux dernières nouvelles, la couleur serait laissée au choix.
A moins qu’une formation soit proposée pour leur indiquer les bonnes et les mauvaises associations, en fonction des maillots des joueurs locaux et visiteurs, de la couleur du parquet et de celle du banc sur lequel la plupart des coache ne s’assoient pas.
Puisque c’est un billet d’humeur, disons le clairement : cette nouvelle est absurde et imbécile. Et si en elle-même elle n’est que relativement anecdotique, c’est la tendance dont elle est le symbole le plus criant qui est importante.
La NBA croit naïvement servir sa politique de développement
L’équipe de David Stern veut un jeu policé, plat, où chacun n’a qu’un seul objectif : ne pas perturber la quiétude de la ligue et ne pas menacer le modèle économique.
Derrière cette volonté, il y a encore et toujours la conquête de nouveaux marchés. Attention, je ne dis pas que la NBA ne devrait pas s’ouvrir et s’étendre delà de son rayon d’action actuel. C’est une très bonne chose, pour la NBA comme pour les nouveaux spectateurs.
Il est bien possible que certains excès sur le parquet choquent ou gênent les spectateurs chinois, plus habitués au respect des codes. Mais il ne faut pas être naïf. Les Chinois et l’ensemble des populations aspirant au niveau de vie « à l’occidental » ne veulent pas à tout prix un monde aseptisé. Et l’intérêt du jeu NBA dépasse largement que certains « débordements » occasionnels. Les revenus et la stratégie d’expansion de la ligue ne sont pas réellement menacés.
Ces règles nuisent en fait à la ligue
Dans le même temps, la NBA est en train d’abîmer ce qui fait une partie de son charme : ses personnalités. Vous allez voir que bientôt Stern va interdire à Artest de vendre sa bague, par « respect pour l’institution ». Où il refuserait de lui donner la prochaine si jamais il en gagne une nouvelle. « Ca ne sert à rien, il va la vendre » pourrait-il dire.
Peut-être va-t-il un jour interdire à Nate Robinson de poster des images de vestiaires ?
C’est à force de petites règles insidieuses mais directives qu’on limite la liberté. Et cette liberté qui nous permet de percevoir la personnalité des joueurs, ce qui les rend uniques et attachants. Car si le staff NBA croit que les fans ne suivent que les exploits techniques balle en main, il se trompe. Si la vie privée ne m’intéresse pas, connaître la personnalité, le leadership, la mentalité d’un joueur m’intéresse, car cela a un impact évident sur le jeu, dans l’attitude ou dans la capacité à être là aux moments décisifs par exemple.
Et finalement, on a l’impression de la création permanente de règles arbitraires. Pour le bien de la ligue, il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. Il me semble qu’on a maintenant dépassé ce moment.