L’arrivée de Kevin Durant à Golden State en juillet 2016 a mis la NBA sans dessus dessous. Après une saison dominée par les Warriors de bout en bout avec un seul revers en playoffs, l’intersaison s’est transformée en course à l’armement pour tenter de détrôner le « Big Four » de la Baie de San Francisco.
Dix anciens All-Stars ont changé d’équipe, modifiant drastiquement le paysage NBA mais aussi l’état d’esprit des champions en titre. Évidemment, l’équipe de Steve Kerr entamera la saison avec pour unique objectif de réaliser le doublé mais une opposition plus conséquente les garde désormais sur le qui-vive. Et évite toute déconcentration ?
Etat des lieux : trois années de domination
Lors des trois dernières saisons, les Warriors ont engrangé une extrême confiance en leur capacité à battre n’importe qui. Il suffit de prendre leurs principaux rivaux pour illustrer ce point.
À l’Ouest, Golden State a dû faire face à des rivalités grandissantes face aux Spurs, Clippers, Thunder, Rockets, Grizzlies, Blazers, et Jazz, et ont pris l’ascendant psychologique sur chacune de ces franchises de façons variées.
San Antonio : Bête noire pendant de longues années, les Warriors ont récemment réussi à vaincre le talisman texan en brisant une série hallucinante de défaites consécutives à San Antonio. Depuis, si les deux équipes ne se sont rencontrées qu’une seule fois en playoffs (la saison dernière dans les circonstances que l’on connait…), Golden State respecte mais ne craint pas la machine de Gregg Popovich que les Warriors pensent incapable de tenir le rythme sur une série de playoffs.
LA Clippers : Si cette rivalité existait avant l’arrivée de Steve Kerr, les Warriors ont depuis martyrisé l’équipe de Doc Rivers. L’ère Chris Paul à Los Angeles s’est conclue par dix défaites consécutives face à Golden State, dont une gifle de 46 points en janvier dernier.
Oklahoma City : Avec Russell Westbrook et Kevin Durant, le Thunder a toujours donné du fil à recoudre aux Warriors. Difficile d’oublier la finale de la conférence Ouest en 2016 où OKC menait 3-1 avant de voir Klay Thompson prendre feu dans le Game 6, et KD rejoindre Golden State dans la foulée. Le recrutement de Kevin Durant aura permis à Golden State de tuer un adversaire redoutable tout en récupérant une arme fatale.
Houston : À l’instar des Clippers, les Rockets n’ont jamais vraiment inquiété les Warriors. Sur les 22 matchs joués entre les deux équipes depuis l’arrivée de Steve Kerr, Golden State en a remporté 17, dont deux séries de playoffs.
Memphis : Le « Grit and Grind » aurait été l’autre bête noire des Warriors avant de disparaitre de leur radar. C’est la demi-finale de conférence de 2015 qui a fait basculer l’équilibre en la faveur des Dubs. Alors menés 2-1 et gênés par l’agressivité défensive des Grizzlies, les Warriors trouveront les ressources nécessaires, notamment en mettant Andrew Bogut sur Tony Allen, pour inverser la tendance. Depuis Memphis a rarement posé des problèmes aux Californiens.
Portland / Utah : Ces deux jeunes équipes ont eu l’occasion de se frotter à la bête de la Baie mais n’ont jamais réussi à les inquiéter. Avec Damian Lillard et C.J. McCollum, les Blazers se sont battus comme de beaux diables mais n’ont pris qu’un seul match aux Warriors sur deux séries de playoffs (2016 et 2017). Le Jazz leur a posé quelques problèmes en saison régulière mais a connu un sort similaire en playoffs, encaissant un sweep la saison dernière.
Enfin, la rivalité avec Cleveland est bien documentée. Si les Warriors ont laissé filer le titre en 2016, leur supériorité face à la bande de LeBron James s’est confirmée lors de la dernière finale avec une victoire sans appel : 4-1.
Les compteurs remis à zéro
La confiance engrangée par les Warriors lors des trois dernières saisons s’est par moment transformée en suffisance, laissant par exemple Damian Lillard marquer 51 points un soir de février ou Memphis leur mettre une volée au FedEx Forum. Avec un effectif quasi identique, de surcroît renforcé par les arrivées de Nick Young et d’Omri Casspi, Golden State n’est pas à l’abri d’enclencher le pilotage automatique alors qu’ils sont de nouveau grand favori pour l’emporter en juin prochain.
Pour Steve Kerr, le défi principal pour cette nouvelle saison est de garder ses troupes mobilisées avant les playoffs et les mouvements de l’été à travers la NBA devraient lui rendre la tâche un poil plus simple. En chamboulant le statu quo, les Rockets, le Thunder, les Wolves, les Cavs et les Celtics offrent aux Warriors une motivation toute trouvée.
Questionné sur les transferts de Chris Paul à Houston, et sur ceux de Paul George et Carmelo Anthony à Oklahoma City, Draymond Green a pris acte tout en préférant se concentrer sur son équipe. On peut toutefois supposer que son sourire en coin trahit une impatience de croiser le fer face aux nouvelles alliances formées à travers la NBA.
Si la routine de la saison régulière aurait pu ennuyer les champions en titre après trois finales consécutives, rien de tel qu’un bon bol d’air frais pour relancer la machine. D’Oakland à Cleveland, en passant par Houston, OKC, Boston et San Antonio, les compteurs sont remis à zéro et les Warriors s’en frottent les mains, ravis d’avoir de nouveaux défis pour éviter de s’endormir sur leurs lauriers, mais aussi pour accroître leur mérite à dominer la NBA.
« À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire », et c’est aussi la gloire que recherchent les coéquipiers de Stephen Curry.