Autant que le tir longue distance et le fameux « Death Lineup » ou « cinq de la mort », le jeu de passes des Warriors est devenu une véritable marque de fabrique. Ne leur parlez pas d’isolation, à Golden State, tout le monde touche la balle avec un seul but en tête, trouver le meilleur tir possible.
Le produit final est alléchant et avec 30 passes décisives de moyenne par match la saison dernière, les champions en titre sont venus chatouiller le record en la matière détenu par les Lakers de l’époque Showtime.
À la tête de l’attaque la plus dévastatrice de la NBA, Steve Kerr a tout de même passé son été à trouver un moyen de rendre son rouleau compresseur encore plus efficace. Comment est-ce possible ? La réponse du technicien peut paraître surprenante.
« Améliorer la précision de nos passes, » confie-t-il à notre collègue de The Athletic. « Nous sommes l’équipe la plus altruiste de la ligue, mais si on parle en termes de fondamentaux, nous sommes vraiment moyens. »
Ici, Steve Kerr ne fait pas référence à la tendance permissive de son équipe. Il ne parle pas des passes dans le dos osées de Stephen Curry ou des tentatives systématiques de alley-oop pour JaVale McGee. En fait, le coach des Warriors se concentre sur le manque de précision de passes faciles qui altère le rythme de l’attaque et de ces shooteurs.
« C’est flagrant quand vous regardez la vidéo. Souvent, un joueur doit attraper la balle dans ses chaussures, trop sur le côté, ou trop devant lui au lieu de la recevoir au niveau du torse, » explique-t-il. « Recevoir une bonne ou mauvais passe a un impact fondamental sur la réussite de votre tir. On doit progresser dans ce domaine. »
Ainsi, lors des premiers jours du training camp, il a endossé son costume de gendarme pour rappeler à l’ordre ses joueurs.
Si vous pensiez que les entraînements NBA étaient plus glamour que les vôtres, détrompez-vous. L’ancien Bull n’hésite d’ailleurs pas à commencer ses entrainements par des exercices de passes très simples. Une méthode qu’il a héritée de Tex Winter, créateur de l’attaque en triangle et légendaire assistant de Phil Jackson à Chicago et à Los Angeles.
« Je suis un disciple de Tex Winter, » avoue Steve Kerr. « Je me souviendrai toujours de l’un de mes premiers entrainements à Chicago avec Michael (Jordan) et Scottie (Pippen). Nous étions alignés vers le milieu de terrain, et Tex nous avait demandé de nous faire des passes. À deux mains, main droite, main gauche, des passes à terres. Et je me suis dit ‘Mais c’est une blague ? On n’est pas en benjamins. Vous avez deux des meilleurs joueurs du monde, et vous leur demandez de se faire des passes !?’ Ça m’a marqué, et ça prouve à quel point les fondamentaux sont importants, peu importe l’âge ou le niveau. »
Une mauvaise passe = un mauvais tir
Draymond Green, pourtant meilleur passeur des Warriors lors des deux dernières saisons, plaide coupable quand ce sujet est abordé. Il sait qu’il doit améliorer sa précision, et prend l’exemple de Klay Thompson pour illustrer le problème.
« J’ai pas besoin de voir la vidéo, je sais que je peux progresser dans ce domaine, » dit-il sans langue de bois. « C’est flagrant avec Klay. Par moment je sais qu’il a raté son tir à cause de moi. Si la passe n’est pas bonne, ça fout en l’air sa mécanique et son rythme. »
Aussi surprenant que cela puisse paraitre, Klay Thompson (41%, pire pourcentage depuis sa deuxième année), Stephen Curry (41%, pire pourcentage de sa carrière) et Kevin Durant (37.5% pire pourcentage depuis cinq saisons) ont tous vu leur réussite à 3-points baisser la saison dernière. D’autres facteurs rentrent en compte mais Steve Kerr semble voir juste.
Les passes à l’intérieur sont également concernées. Combien de fois a-t-on vu Zaza Pachulia perdre le contrôle de la balle après avoir reçu une passe près du cercle ? Certes, le grand Géorgien n’est pas exempt de tout reproche mais de meilleures passes auraient pu éviter certaines maladresses.
« On oublie parfois que les choses les plus simples sont les plus importantes, » philosophe Klay Thompson.