Le livre retraçant la rivalité entre Larry Bird et Magic Johnson sort le 31 mai aux éditions Talent Sport. Comme les autres ouvrages proposés par l’éditeur depuis trois ans (Phil Jackson, « Un coach, onze titres NBA » ; Roland Lazenby, « Michael Jordan, The Life » ; Kent Babb, « Allen Iverson, not a game »), ce livre signé Jackie MacMullan se révèle passionnant et il se dévore en quelques jours. Que vous cherchiez un cadeau pour la Fête des pères ou une lecture pour la plage cet été, c’est un choix tout indiqué.
Tous les amoureux de basket, eux, prendront plaisir à revivre une décennie dorée en NBA, avec deux des plus grandes superstars du basket américain. Jackie MacMullan a passé de longues heures à interviewer Magic Johnson et Larry Bird et les deux coéquipiers de la « Dream Team » de 1992 nous plongent littéralement au cœur d’une rivalité qui a beaucoup fait pour la promotion et la popularité du basket US, à une époque où la Ligue était tout simplement menacée de disparition.
L’un des passages les plus étonnants concerne un spot de publicité tourné par les deux compères au milieu des années 80 pour la marque Converse. Entre Lakers et Celtics, la guerre fait rage. Tout rapprochement entre les deux icônes de la NBA paraît inconcevable. Aussi, les coéquipiers de Magic sont stupéfaits de découvrir que celui-ci s’est rendu chez Larry et que les deux loustics ont commencé à nouer ce qui ressemble à des liens d’amitié… Extrait.
Mettre en scène la féroce compétition entre les deux
Alors que les carrières de Bird et Magic continuaient d’engranger les succès – et de s’interconnecter – le vice-président de Converse Jack Green a établi que la meilleure façon de capitaliser sur leur rivalité était d’accentuer leurs différences. L’« Arme » de la campagne ne serait pas un spot publicitaire mettant en scène les deux rivaux avançant main dans la main, a-t-il expliqué. Au lieu de ça, Converse mettrait en avant la féroce compétition entre les deux.
« On n’était pas partis pour faire un truc tout mignon, tout gentil, a poursuivi Green. On voulait que ce soit unique, une pub très orientée basket ; et surtout, qui plaise à Larry. »
Quand on lui a présenté cette orientation, Magic Johnson y a tout de suite adhéré. Larry Bird, clairement le plus réticent des deux, a finalement donné son accord pour le spot, mais à la condition que Magic fasse le voyage en Indiana pour le tournage. Et il a précisé que cette exigence était non négociable. Il a été sidéré quand il a appris que Johnson avait accepté les termes du contrat.
« Plus j’y pensais, plus je me disais que ce serait super pour chacun de nous, a dit Magic. Est-ce que j’avais envie de faire tout ce chemin jusqu’à West Baden en Indiana ? Non. Mais il était évident que c’était la seule façon pour que ça se fasse. »
L’équipe de production est arrivée à la propriété de Bird quelques jours avant la venue de Magic pour installer le matériel et effectuer des réglages d’arrière-plans. La veille du tournage, les responsables de Converse ont reçu un appel de Charles Tucker, l’agent de Johnson. Les contrats de Magic et de Larry n’étaient plus d’actualité et il les informait que les joueurs jugeaient leur rémunération pas assez élevée. Ils étaient tous les deux résolus à demander plus d’argent. Larry, qui était très proche d’Al Harden, cadre chez Converse, lui a demandé de s’occuper tout de suite de Magic. Il lui faisait confiance pour lui verser sa part plus tard. Leur demande n’était pas exorbitante – un extra de 15 000 dollars chacun – et avec un tournage qui coûtait déjà 180 000 dollars par jour, Converse a capitulé.
L’incident avec Isiah Thomas
Quand Johnson est arrivé à la résidence d’été de Bird dans son cortège de limousines, la première à l’accueillir a été la maman de Larry, Georgia Bird. C’était une grande fan de basket qui ne s’intéressait pas seulement aux Celtics de son fils. Elle était née et avait grandi en Indiana et elle avait suivi avec beaucoup de ferveur les matches universitaires de son joueur préféré, Isiah Thomas, l’ancienne star d’Indiana University.
Deux ans après le tournage de la publicité Converse, les Pistons ont perdu contre les Celtics en finale de Conférence Est lors d’une série épique en sept matches, ce qui a fait dire à Thomas, avec amertume, que les exploits de Bird étaient montés en épingle par les médias grâce à la couleur de sa peau.
Ses mots ont déclenché une tempête d’indignation. L’ailier fort des Pistons Dennis Rodman, qui avait lancé le débat en affirmant que Bird était « surcoté », s’est fait renvoyer dans les cordes en se faisant taxer de rookie immature à la langue bien pendue. Mais Thomas, lui, était un vétéran qui était censé être plus avisé.
Cet incident a laissé une tache indélébile sur le CV d’Isiah. Il a été dépeint comme le pire des mauvais perdants, incapable de se remettre de la déception du Match 5 de la finale de Conférence, où Bird avait intercepté sa remise en jeu dans les dernières secondes du match puis fait la passe à l’arrière des Celtics Dennis Johnson pour le panier de la victoire.
Pourtant, rien de tout cela, pas même les critiques ciblées de son fils, n’a dissuadé Georgia Bird de soutenir son meneur de jeu préféré.
« Isiah était son chouchou numéro 1 depuis toujours. Elle le suivait religieusement lorsqu’il était à Indiana University. Elle a gardé la même attitude, même après 1987. Elle m’a dit : “Oh, Larry. Vous êtes durs là-dessus tous les deux et ça va faire jaser.” Vous savez qui d’autre elle adorait ? Bill Laimbeer. Il avait été à Notre Dame – une autre université de l’Indiana. Elle savait pertinemment combien je détestais ce gars », a raconté Bird.
Durant la saison 1986, alors que la liste des All-Stars venait tout juste d’être annoncée, Bird a demandé à un groupe de journalistes de Boston si Laimbeer, qui avait été All-Star la saison précédente aux Pistons, avait de nouveau été sélectionné. Apprenant que Laimbeer n’avait pas été retenu, Bird a lâché d’un humour froid : « Bien. Comme ça, je n’aurais pas à me soucier de le voir monter dans le bus, de l’entendre dire : “Salut, Larry”, et de devoir lui répondre : “Va te faire mettre, Bill.” »
Magic Johnson comme chez lui dans la famille Bird
Earvin Johnson n’avait pas évolué dans l’une des plus prestigieuses institutions du savoir du Hoosier State mais il demeurait un enfant du Midwest qui avait joué au basket universitaire dans une région suffisamment proche pour que Georgia Bird suive sa carrière avec enthousiasme.
Georgia a chaleureusement pris Magic dans ses bras puis s’est occupé du rival de son fils comme s’il s’était agi de son propre fils. Elle lui a proposé de la limonade, du thé glacé et un repas maison qu’elle avait planifié depuis une semaine.
Quand Bird est arrivé à la maison, il a serré la main de Magic d’un air un peu sévère tandis que Georgia Bird était déjà en train de remplir son assiette de son fameux poulet frit en lui ajoutant de la sauce, de la purée de pommes de terre, du maïs et des haricots verts.
Elle a présenté Earvin à sa propre mère, Lizzie Kerns, qui avait cuisiné l’une de ses spécialités pour l’occasion, une tarte aux cerises. Puis elle a fait de même avec Mark Bird, le frère aîné de Larry, en s’empressant de vanter à ce dernier les nombreux exploits de Johnson sur les terrains de basket universitaires et professionnels. Tandis que sa mère continuait de flatter Magic, Bird s’est excusé pour aller prendre une douche.
« Je pense qu’il se sentait un peu mal à l’aise. Larry n’aime pas trop faire étalage de sa vie privée et il y avait beaucoup de monde. C’était un peu gênant », a dit Mark Bird.
L’équipe technique avait sollicité, au préalable, la permission de bloquer Sawmill Road pendant le tournage ; elle avait également demandé au journal local de ne pas publier la date à laquelle le spot serait tourné afin de limiter les perturbations. Elle souhaitait vivement filmer quelques séquences avec un champ de maïs en fond, en face de la propriété de Bird. Elle avait contacté son propriétaire, Ben Lindsey, pour lui demander la permission de tourner dans cette zone. Lindsey est allé voir Bird et lui a dit :
– Ils veulent que je fasse circuler ma moissonneuse à travers les champs. Dois-je leur faire payer ça ?
– Bien sûr. Prends-leur tout ce que tu peux », lui a dit Bird.
« Je crois qu’ils lui ont fait un chèque de 5 000 dollars juste pour qu’il conduise à travers son propre champ », a rapporté Larry.
Tandis que l’équipe technique déballait son matériel et commençait à l’installer sur le bitume de la cour de Bird, les frères de Larry ont sorti leur quad et proposé à Earvin Johnson de faire un tour avec. Magic a très gentiment obtempéré, bondissant autour de la propriété comme un jeune cowboy sur un cheval fougueux.
« À voir son allure, il n’était jamais monté sur un quad avant », a dit Mark Bird.
« Sais-tu combien d’argent la NBA se fait grâce à nous ? »
Après le festin de Georgia, minutieusement préparé, Bird a éloigné sa famille et les membres de l’équipe de tournage puis disparu au sous-sol avec Johnson. Au début, la conversation était hésitante. Bird a plaisanté sur le fait que Magic avait encore le beau rôle au lendemain du titre de champion 1985 des Lakers.
« La Ligue nous adore. Sais-tu combien d’argent ils se font grâce à nous ? lui a répondu Johnson.
– J’aimerais bien en voir un peu plus la couleur, lui a dit Bird. Sans parler de ce qu’ils paient maintenant aux rookies qui arrivent. J’ai vraiment hâte que mon contrat arrive à expiration. »
Les deux superstars ont ri. Chacun d’entre eux sachant très bien qu’ils avaient déjà gagné plus, en six ans de NBA, que ce qu’ils avaient pensé gagner dans toute leur vie.
En poursuivant sur leurs enfances respectives, ils ont été surpris par les similitudes de leurs vies. Ils avaient tous les deux grandi dans des milieux pauvres du Midwest, élevés par des parents qui prônaient la fierté et la rigueur malgré leur situation financière difficile. Ils ont évoqué leurs souvenirs communs, le fait d’avoir été parqués avec leurs frères et sœurs dans une chambre minuscule.
Bird avait partagé une chambre avec sa sœur Linda, qui n’adhérait pas à son obsession du rangement. Elle le faisait enrager tous les jours avec ses vêtements, qu’elle laissait en vrac sur son lit ou sur le sol. Magic a évoqué les sprints de ses frères et sours, qui voulaient désespérément arriver en premier à l’unique salle de bain de la maison.
Ils ont échangé des anecdotes sur leurs exploits d’adolescents au baseball et découvert qu’ils avaient tous les deux été livreurs de journaux dans leur jeunesse. Magic et Larry avaient une autre caractéristique commune héritée de leur enfance : chacun avait nourri des rêves de gloire dans le basket.
Jackie MacMullan, « Larry Bird-Magic Johnson, quand le jeu était à nous »
Editions Talent Sport, 352 pages.
Prix : 22 euros ; 14 euros environ en format numérique ePub.
En vente dans les librairies, grandes surfaces et sur tous les sites de vente en ligne.
Internet : https://talentsport.fr
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