Talentueux sur le parquet, Damian Lillard est aussi un gentleman de la NBA. Malgré son record en carrière, un record de franchise à 59 points, le meneur des Blazers a tout de même préféré filer le ballon du match à Joe Johnson, qui vient quant à lui d’inscrire 20 000 points en carrière.
En compensation, il a avoué qu’il garderait son jersey noir… un choix vestimentaire dont il était l’initiateur, raconte-t-il, en voyant une photo rétro de Terry Porter et sa bande vêtus de noir. Un choix plus que payant !
Damian, quand avez-vous compris que ce serait une soirée pas comme les autres pour vous ?
« Je le savais dès le premier quart. Je savais dès le début que j’allais les attaquer, vue l’importance du match. J’avais décidé très tôt que j’allais imposer ma volonté sur eux et voir comment ça se passe. J’ai vu la balle rentrer et j’ai commencé à trouver mon rythme. Généralement quand j’ai un gros quart temps offensif, je prends du recul et je fais tourner la balle. Mais pas ce soir ! J’ai continué à appuyer sur l’accélérateur tout le match parce que j’ai senti que c’était ce dont on avait besoin pour gagner ce match. Et c’est ce qu’on a fait. »
« Je n’arrive pas à croire que j’ai raté deux lancers »
Quels souvenirs allez-vous conserver de cette performance dantesque ?
« Que j’ai raté deux lancers sur trois pour arriver à 60 points. Je n’arrive toujours pas à croire que j’ai fait ça… »
Aviez-vous conscience de votre total de points à ce moment-là ?
« C’est de ma faute car j’ai eu l’opportunité d’y arriver. Mais je vais blâmer Noah [Vonleh] parce que, quand j’avais 56 points, il a couru vers moi pour me dire d’aller chercher les 60 points. Je lui ai demandé où j’en étais et il m’a répondu 55. Après mes deux lancers, je pensais donc en être à 57 points et c’est pour ça que j’ai tenté plusieurs fois des trois points. Et puis, une fois aux lancers, j’ai raté le premier et je me suis dit que je ne pouvais plus finir qu’à 59 si je mettais les deux suivants. Quand j’ai raté le second lancer, tout le public a grondé et je n’ai pas compris ce qui se passait. J’ai compris quand je suis sorti et que j’ai vu que j’avais 59 points… Tout ça, c’est de la faute de Noah [rires]… »
Avez-vous fait quelque chose de particulier aujourd’hui, dans votre préparation du match ?
« Non, comme je vous le dis tout le temps, je ne suis pas un gars qui a une routine les jours de match. Parfois, je me lève tard et je mange tard. Parfois, je mange un bol de céréales. Parfois, je me pose et je regarde de la boxe. Ça dépend des jours. Aujourd’hui en l’occurrence, j’ai pris mon temps, je suis resté tranquille. J’ai regardé un peu de boxe, et puis je me suis préparé. J’ai mangé un morceau et je suis venu à la salle. »
« Notre meilleure prestation défensive de la saison »
Est-ce que cette performance est encore plus significative parce qu’elle intervient dans un match ultra important ?
« Oui, c’était un match qu’on devait absolument emporter. Surtout après nos deux dernières confrontations face à eux. Ils avaient très bien défendu contre nous et très bien défendu contre moi. Ils m’avaient très bien contenu, du coup, ça signifie encore plus pour moi d’avoir réussi à surmonter ça et d’avoir réussi une telle performance offensive dans un match d’une telle importance. Mais j’ai également été très fier de notre défense. Je pense même que ça a été notre meilleure prestation défensive de la saison. Et c’est également arrivé à point nommé. »
Avez-vous déjà été dans la zone comme ça avant ?
« Ça m’est arrivé quelque fois déjà. Mais comme je l’ai dit, quand ça m’est arrivé, j’avais pris un peu de recul au lieu de continuer à appuyer. Ce soir, j’ai continué à appuyer là où ça fait mal et c’est la raison pour laquelle j’ai fini avec mon record en carrière. »
Outre votre performance, votre équipe a aussi égalé un record de franchise avec seulement 3 balles perdues…
« C’est énorme pour nous. Chaque balle perdue est une occasion de moins pour notre équipe et une opportunité de plus pour l’adversaire. On a bien pris soin de la balle et on a eu nos positions de tirs. Que ce soient des réussites ou des ratés, on a pu tenter nos tirs au lieu de perdre la balle. Et c’est énorme pour nous. Dans un match important comme celui-ci, il faut savoir prendre soin de la balle et profiter de chaque opportunité. »
Vous avez joué quasiment l’intégralité du dernier quart, où en étiez-vous au niveau de l’énergie ?
« Je l’ai dit au coach avant le match : ce soir, je suis prêt à jouer 48 minutes ! On a plaisanté un peu autour de ça. Mais il m’a dit qu’on allait faire comme d’habitude, et s’adapter selon la physionomie du match. J’ai réussi un gros premier quart, mais en 2e, on n’a pas beaucoup scoré. En 3e, j’ai encore réussi une grosse période. Et avant le dernier quart, même si on avait 17 points d’avance, on a décidé de continuer comme ça. Le coach m’a demandé si ça allait, j’ai répondu que oui. Je voulais m’assurer qu’on allait garder le contrôle. »
Comment décririez-vous la défense des Blazers sur ce match ?
« Très incisive. On a eu les mains actives, on a bien communiqué, on s’est aidé les uns les autres. On a été bien présent. Des deux côtés du terrain, on a répondu présent. On a réussi un match complet. »
C’est un record de franchise, qu’est-ce que ça vous inspire ?
« Beaucoup de grands joueurs ont joué ici, donc c’est forcément un grand honneur. Mais j’espère bien le battre. Et je pense que j’y arriverai. »
Propos recueillis à Portland