En avril dernier, Tom Haberstroh (ESPN) expliquait que Kawhi Leonard et Draymond Green avaient quasiment la même efficacité défensive sur les isolations (0.69 point encaissé par possession pour l’ailier des Spurs et 0.68 pour l’intérieur des Warriors). La différence, c’est que le joueur de Golden State en défendait trois fois plus ! Notre confrère résumait donc ça d’une jolie formule, expliquant que « le meilleur argument de Kawhi pour le titre de meilleur défenseur de l’année, c’est que personne ne veut le défier » et que « le meilleur argument pour Draymond, c’est que tout le monde le fait et échoue ».
La maxime semble encore fonctionner cette saison puisque l’ailier-fort multiplie les interceptions décisives en fin de match. Mais certains observateurs ont remarqué quelque chose d’étrange du côté de Kawhi Leonard…
Comme le fait remarquer CBS Sports, les stats avancées sont très défavorables au double meilleur défenseur de l’année en titre. Lorsqu’il est sur le terrain, les Spurs encaissent 106.3 points pour 100 possessions mais quand il est sur le banc, les Texans ne prennent plus que 91.5 points pour 100 possessions. En clair, la défense de San Antonio est bien pire cette année lorsque Kawhi Leonard est sur le terrain et elle offre 14.8 points de plus pour 100 possessions, ce qui est énorme.
La question, c’est donc de savoir comment le double DPOY et celui que la plupart de ses pairs considèrent comme le meilleur défenseur actuel en NBA (et dont l’influence n’est plus à prouver) peut-il afficher de telles stats ?
Kawhi Leonard en isolation… défensive ?
Pourtant, lorsqu’on regarde les statistiques de défense personnelles de Kawhi Leonard sur Synergy Stats, elles sont toujours impressionnantes. Sur le pick-and-roll, l’an passé, l’ailier n’autorisait ainsi que 0.65 point par possession, ce qui faisait de lui l’un des meilleurs défenseurs dans ce type de situation. Lorsqu’il défendait le porteur du ballon adverse sur un pick-and-roll, les adversaires perdaient d’ailleurs la balle 18.1% du temps.
Cette année, il est un peu moins étouffant sur le pick-and-roll (0.75 point par possession encaissé) mais ce chiffre reste excellent, et il provoque encore plus de pertes de balle puisque le ballon est volé 23.6% du temps.
Pour CBS Sports mais également d’autres observateurs, le problème vient surtout d’une adaptation des adversaires, qui ont tellement peur de défier Kawhi Leonard sur le dribble… qu’ils l’isolent et le « figent » défensivement.
Illustration par Chicago, où Jimmy Butler a parfois simplement éloigné son défenseur du ballon.
Même chose avec Orlando, Evan Fournier n’intervenant pas dans l’action alors que le Magic joue un 4-contre-4 de l’autre côté du terrain. Trop loin du jeu, Kawhi Leonard ne peut pas venir aider et perd toute influence défensive.
Et c’est encore la même chose avec Bradley Beal face aux Wizards.
Attaquer Tony Parker, Pau Gasol ou LaMarcus Aldridge
Pour l’instant, il semble tout de même que ce choix stratégique soit circonstanciel. Peut-être même que dans certains cas, les adversaires des Spurs n’y ont pas formellement réfléchi et que le joueur défendu par Kawhi Leonard s’est juste retrouvé éloigné de l’action. San Antonio reste d’ailleurs la cinquième défense de NBA (101.7 points encaissés sur 100 possessions) sur ce premier quart de saison et il n’y a actuellement rien d’alarmant.
Néanmoins, la NBA est une ligue où tout le monde se copie et si éloigner Kawhi Leonard de l’action (quitte à sacrifier son meilleur attaquant extérieur) peut aider à briser Fort Alamo, il y a fort à parier que le mot se répande. Surtout que les stats de Tony Parker, Pau Gasol et LaMarcus Aldridge sur la défense du pick-and-roll sont inquiétantes. Sans Tim Duncan, dont le placement défensif était toujours incroyable, malgré son âge, les Spurs sont beaucoup plus en danger, et si, en plus, ils ne peuvent pas bénéficier des aides de Kawhi Leonard ou encore Danny Green, ils deviennent carrément vulnérables.
À charge désormais à Gregg Popovich et ses assistants de trouver des solutions pour limiter ces problèmes.