Boris Diaw : « C’est vrai, parfois je suis trop altruiste »

Son début de saison était des plus alarmants. À Portland, par exemple, Boris Diaw avait fini à un triste 2 points et 3 rebonds, à 1/8 aux tirs. Et puis ensuite, blessé à la jambe gauche, il a carrément raté huit matchs de suite…

Boris le diesel

Actuellement à 5 points, 2 rebonds, 2 passes, Boris Diaw présente ses pires chiffres en carrière depuis 2005 et sa deuxième saison insignifiante à Atlanta. Mais le vent est en train de tourner dans l’Utah.

Le diesel est ainsi en train de se mettre en rythme. Ses trois derniers matchs (deux victoires, une défaite face aux Warriors) en sont la preuve. Bien installé dans sa nouvelle demeure dans l’Utah, sur une montagne avec vue sur un lac, selon ses dires, le capitaine des Bleus redevient le maître à jouer qu’on connait si bien dans l’Hexagone.

« On peut vraiment être bon », lâche-t-il dans une longue discussion passionnante avec Zach Lowe d’ESPN. « On le dit depuis le début de la saison. Parfois, on entend dire ça en présaison pour faire illusion. Mais je pense vraiment qu’on a un gros potentiel. Mais le potentiel, c’est abstrait. Il faut que ça se traduise par des bonnes saisons, par du travail, ce qu’on produit sur le terrain. Mais je pense qu’on a montré de bonnes choses cette saison. On a montré des signes encourageants comme quoi on peut transformer ce potentiel en réalité. On a bien commencé. Mais une saison, c’est long, il y a des hauts et des bas. Être constant et produire chaque soir, c’est une choses les plus dures à faire. »

Désormais bien habitué à ses partenaires, dont Joe Ingles avec qui il partage sa passion du café, Boris Diaw peut à nouveau briller dans son élément : un collectif bien huilé.

« Parfois, je le reconnais, je suis trop altruiste. Je fais la passe supplémentaire mais c’est pour équilibrer les choses. C’est contagieux dans les deux sens. Si quelqu’un est trop individualiste, chaque joueur va avoir tendance à prendre son tir dès qu’il en aura l’occasion. À l’inverse, si je fais le choix de ne pas prendre mon layup pour faire la passe. Le joueur qui sera servi réfléchira à deux fois sur l’action suivante avant de prendre le tir si une passe est possible. J’essaie toujours d’apporter ce virus de la passe. »

Un transfert bien digéré

Par contre, au niveau du tir extérieur, Boris Diaw n’est jamais complètement établi. Du coup, quand il en a l’occasion, il préfère se rapprocher pour faire valoir son sens du jeu et son art bien à lui de la feinte du grand-père…

« C’est justement pour ça. Parfois, je ne sens pas le tir, d’autres fois, je me sens bien. Quand je n’ai pas le feeling, je préfère faire la passe. Du coup, quand je pars en pénétration, j’ai beaucoup de liberté. Comme la défense n’aide pas, j’ai tout le temps du monde pour faire ce que je veux. »

En filigrane, cela signifie également que son transfert des Spurs est désormais bien digéré. Pour un joueur aussi dépendant de son environnement direct, c’est forcément une bonne nouvelle.

« Quand j’ai appris que j’allais à Utah, Pop m’a appelé. J’étais assez content car j’aurais pu finir n’importe où. Et puis, Utah, c’est bien. Une région que je ne connaissais pas. Il y a Rudy Gobert, donc j’ai pu lui poser certaines questions sur le coaching staff, sur la franchise, etc. Comme quand je suis arrivé à San Antonio, j’avais Tony qui était mon insider pour me donner les infos. J’ai eu différentes opinions très intéressantes sur Quin [Snyder]. Je savais qu’il était allé en Europe. Il y a très peu de coaches [NBA] qui ont été en Europe pour gagner de l’expérience à Moscou. »

Avouant également qu’il a bien une clause dans son contrat qui l’oblige à garder un certain poids, Boris Diaw affirme également qu’il revient petit à petit dans sa forme optimale. En bon vétéran, pour sa quatorzième saison NBA, avec son cinquième club, il sait prendre le temps de faire les choses dans l’ordre.

Et le Jazz, actuellement septième à l’Est avec 14 victoires pour 10 défaites, se porte plutôt bien. L’objectif playoffs est toujours en ligne de mire.