La gestion de la fatigue et la durée de la saison régulière demeurent les sujets les plus brûlants chez les joueurs, les coaches et les dirigeants de la NBA. L’enchaînement des 82 matches en 6 mois, les déplacements, les décalages horaires usent les organismes des joueurs, qui fatiguent puis se blessent.
Pour expliquer l’impact de la fatigue sur une équipe pendant la saison, ESPN rappelle, dans un excellent papier, une anecdote de la saison 2010-2011.
« Vous ne gagnerez pas ce match »
Le 28 janvier 2011, les Celtics, 35 victoires en 45 matches, se rendent à Phoenix où les Suns affichent un très moyen bilan de 20 victoires et 24 défaites. Le pronostic est simple : les finalistes NBA 2010 vont écraser les finalistes de conférence Ouest 2010.
Seulement, Kevin Garnett, Paul Pierce, Ray Allen et compagnie shootent à 34 %, leur pire pourcentage de la saison, et s’inclinent finalement 88-71. Doc Rivers, le coach de Boston, sera expulsé et deviendra fou furieux après la terrible performance de ses joueurs. « Ils avaient bu hier soir ? », se demandera même le champion 2008.
Un membre du staff, Ed Lacerte, lui rappelle que le médecin spécialiste du sommeil avait pointé ce match. Ce fameux médecin, Charles Czeisler, est directeur du département du sommeil à la faculté de médecine d’Harvard. Il a été consulté par Rivers pour étudier les failles du calendrier des Celtics. Il avait identifié cette rencontre comme critique : en arrivant à Phoenix, les C’s avaient joué à Portland la veille et à Boston, pour recevoir les Cavaliers, deux jours auparavant. Au total : 3 matches en 4 jours dans trois villes différentes.
« Vos réflexes seront mauvais », annonce Charles Czeisler. « Vous aurez l’impression d’être ivres. Vous ne gagnerez pas ce match. »
La prédiction fut parfaite. Rivers réunit son Big Three et annonce des changements, refusés par Garnett habitué à sa routine. Le Doc insiste, déterminé à ne pas revivre de telles soirées.
Des rencontres perdues d’avances
Des matches ainsi, il y en a plusieurs dans le calendrier. Sur 82 matches et des milliers de kilomètres accumulés dans les jambes, certains sont quasiment perdus d’avance, et ce peu importe l’adversaire. Un constat qui rend la performance des Warriors la saison passée avec 73 victoires (record NBA) encore plus immense.
« Parfois le calendrier vous rattrape. Ça arrive », résume Tom Thibodeau.
Pour Gregg Popovich, ces rencontres pièges connues des coaches et des joueurs sont une bonne occasion de privilégier le repos.
« Les gars apprécient et ils s’investissent encore davantage dans le programme car ils savent que l’on prend soin d’eux, et qu’ils ne sont pas seulement des morceaux de viande simplement utilisés pour gagner des matches. »
Pour ou contre le repos ?
Brad Stevens suit les traces de Doc Rivers sur le banc des Celtics et consulte plusieurs spécialistes du sommeil pour préparer sa saison.
« Le calendrier n’est pas bon pour le sommeil. Il n’a pas changé. Il ne changera pas et il s’agit donc de trouver un moyen de s’adapter le mieux possible. C’est pour cela que dès que le calendrier est connu, je travaille dessus et je planifie toute la saison. »
Mais si les coaches et les dirigeants sont favorables à accorder des plages de repos à leurs joueurs, certains y voient un inconvénient. C’était le cas des Warriors la saison passée.
« On a un noyau de joueurs qui, si on lui demande de sauter une rencontre, ne sera pas vraiment ravi » avouait Steve Kerr en fin de saison. « Je vais bien » expliquait de son côté Draymond Green. « J’ai 26 ans, certains doivent peut-être se reposer, pas moi. »
Ce à quoi Kerr avait répondu : « La santé est plus importante à l’approche des playoffs, que le classement. »
Finalement, les Warriors joueront le coup à fond pour battre le record des Bulls, et c’est en playoffs que les blessures surviendront. Malgré ça, Stephen Curry maintient qu’il n’est pas un fan du repos : « S’assoir et regarder est juste ennuyeux, je n’aime pas regarder des matches quand je peux les jouer. »
Le tableau des « matches à risques »
Quoi qu’il en soit, ESPN a demandé l’avis de plusieurs professionnels pour ainsi dresser les matches les risqués pour les 30 équipes en 2016/2017. En gris, les rencontres où le pourcentage de défaite est de 57 % ; en rouge, ce pourcentage monte à 78 %.
Pour chaque franchise, il existe donc entre une et trois périodes critiques pendant la saison. Aux staffs de les anticiper pour éviter que les joueurs ne les abordent trop fatigués.
(Les cercles numérotés correspondent à des matches décrits dans le détail par ESPN)