Denver : une méthode rigoureuse pour détecter les perles du Vieux Continent

Même si Axel Toupane n’a pas été conservé par les Nuggets, la franchise reste l’une des plus internationales de la ligue : il y a bien sûr Danilo Gallinari, la star italienne mais aussi les jeunes Jusuf Nurkic (bosnien), Nikola Jokic (serbe) et l’espagnol Juancho Hernangomez. Depuis le passage de Masaï Ujiri en tant que general manager et désormais avec Tim Connelly, les Nuggets consacrent énormément d’énergie à la prospection des talents sur le Vieux Continent.

Les joueurs de plus en plus visibles où qu’ils soient

Comme toutes les franchises ont accès à une vaste base de données de vidéos et statistiques des joueurs du monde entier, il faut se démarquer par un travail plus approfondi pour trouver la perle rare.

« C’est compliqué de repérer un gars que personne ne connaît. » explique Arturas Karnisovas, ex-joueur NBA et désormais assistant GM. « De nos jours, avec les réseaux sociaux, c’est difficile de passer à côté d’un joueur. La liste de contacts dans chaque territoire doit être dense car les joueurs viennent de partout, désormais. Il faut connaître des gens, des coachs aux agents en passant par les GMs. Il faut être familier de toutes les strates. »

Pour parvenir à leurs fins, les Nuggets ont notamment recruté un scout très prometteur en la personne de Rafal Juc, jeune Polonais de 24 ans. Dès sa vingtaine, ce dernier est devenu le responsable de la plus grosse agence de scouting d’Europe, Eurohopes. Recruté il y a deux ans par les Nuggets, le prospecteur est un crack de sa discipline, laquelle est particulièrement éprouvante.

« Mes amis me disent souvent qu’être payé pour regarder du basket, ce n’est pas vraiment un travail. » relate t-il à The Ringer. « Pourtant, je parie que nombreux qui le pensent ne dureraient pas longtemps dans ce métier. Il faut être particulièrement amoureux du basket car on regarde des milliers de match par an, la plupart d’entre eux bien en dessous du niveau NBA. Ce n’est pas du 9h-17h en termes d’horaires, il faut être disponible 24h sur 24, 7 jours sur 7. Quand je suis chez moi, je regarde au moins deux maths par jour et je suis toujours connecté avec les coachs, les agents, les joueurs et mes collègues sur le sol américain. »

Pour le consultant des Nuggets, la priorité est d’évaluer au plus tôt les meilleurs espoirs de notre continent. La concurrence est rude entre les franchises NBA et les enjeux sont énormes, qu’ils soient sportif, économique ou humain. Pour cette raison, Rafal Juc explique qu’il est primordial de faire preuve d’application.

« Un coach plus expérimenté m’a un jour dit que si vous tombez à point sur un joueur, vous êtes déjà en retard. » répond-il. « Quand on évalue un joueur international, il faut regarder l’ensemble des données. Pas seulement le joueur en lui-même, le coach, les coéquipiers et les adversaires doivent également être passés au crible. C’est pour cette raison que certaines équipes ne sont toujours pas à l’aise à l’idée de scouter des Européens. »

L’état d’esprit aussi important que le talent

Comme pour les jeunes universitaires au moment du Draft Combine, les franchises NBA réalisent des enquêtes très poussées pour déterminer jusqu’au profil psychologique du joueur. Dans une ligue aussi difficile, l’état d’esprit est au moins aussi important que le talent.

« Tout le monde peut déterminer à peu près correctement le niveau d’un joueur. » relativise ainsi Arturas Karnisovas. « C’est le reste qui importe. Aussi simple que cela puisse paraître, on cherche un joueur qui aime jouer. C’est la première de nos questions. »

Cette méthodologie ressemble ainsi à celle de Gregg Popovich. L’an passé, le coach texan confiait qu’il se renseignait énormément sur l’environnement familial et scolaire de ses joueurs en amont de leur recrutement. Face à des individus dotés d’un ego conséquent, l’entraîneur aux cinq titres déclarait ceci : « Je prendrais quelqu’un d’autre, même s’il a moins de capacités, tant qu’il n’a pas ce trait de caractère. »