Paul Millsap, l’âme des Hawks

Actuellement sur le flanc après une petite opération du genou droit, Paul Millsap n’est certes pas le plus gros nom de l’effectif des Hawks pour la saison prochaine, notamment avec le retour de l’enfant du pays, Dwight Howard. Mais l’ailier fort d’Atlanta sera sans conteste le leader de son équipe.

Un leader discret

« C’est difficile d’exprimer son importance [au sein du groupe] en mots », reconnaît Mike Budenholzer. « Pour réussir sa carrière dans notre ligue, il faut être bon des deux côtés du terrain. Et j’ai le sentiment que les gens se rendent de plus en plus compte de ce qu’il fait en défense. Ses mains, son instinct, son timing sont uniques. On espère l’avoir laissé s’exprimer tel qu’il est, en lui donnant certaines libertés et des opportunités d’utiliser son mélange unique de taille et de qualités basket. »

À 31 ans, et après dix saisons en NBA, Paul Millsap est l’âme des Hawks par son incroyable polyvalence. Trois fois All Star ces trois dernières années, l’ancien de Louisiana Tech n’est cependant pas du tout du genre à faire des vagues. A l’instar d’un Tim Duncan, il laisser son jeu parler pour lui.

« J’ai toujours été ce type de gars [discret] », confirme-t-il sur NBA.com. « Je ne laisse pas tellement mes émotions percer. Je garde beaucoup de choses en moi et j’utilise ça comme motivation. Je l’utilise de la bonne manière. Je ne le garde pas pour le lâcher n’importe quand. Je l’utilise pour me rendre plus fort, pour bosser encore plus dur et passer outre. »

Alors que les nouvelles générations ne décollent plus les yeux de leurs écrans, Paul Millsap est de son côté résolument « old-school ». Et il en est très fier !

« Il faut mériter tout ce qu’on a avant de pouvoir en parler. Il y a beaucoup de gars qui parlent beaucoup mais c’est beaucoup mieux – vraiment nettement mieux – quand on va bosser pour tout ce qu’on gagne. »

Le Karl Malone du troisième millénaire ?

Digne héritier de Karl Malone à cet égard, mais aussi par sa formation à l’école de Jerry Sloan, l’ancien du Jazz n’oublie pas non plus son parcours compliqué. Tombé au deuxième tour de la draft, Paul Millsap a notamment eu à changer radicalement d’enveloppe physique avant de pouvoir devenir un joueur qui compte en NBA.

« Je ne me suis jamais vendu à moindre coût, même avant la draft. J’ai toujours eu le sentiment que j’aurais dû être drafté plus haut. Tout le monde m’avait dit que je serai choisi haut mais j’ai fini au deuxième tour. J’ai utilisé ça comme une motivation. (…) La première chose, c’était de me remettre en meilleur forme physique. Travailler mon corps a été une étape essentielle pour moi. Je suis arrivé à 120 kg peut-être. J’avais beaucoup de graisse. J’ai perdu beaucoup de poids et c’était fondamental. »

À 111 kg maintenant, Paul Millsap est un ailier fort capable de s’écarter pour shooter, mais encore plus pour vous dépasser en dribble avec une belle dextérité pour sa taille.

« Jouer pour coach Sloan m’a clairement motivé. Il me montrait des vidéos de Karl Malone et comment il courait en contre-attaque. Il voulait que je sois en meilleure forme pour courir comme lui. Il a été une inspiration pour moi. »

Plus véloce, plus rapide, Paul Millsap a également passé un cap en termes de responsabilité offensive après la blessure de Carlos Boozer lors de la saison 2008-09. La saison de l’explosion pour lui. Passé de 8 à 13 points, on pouvait déjà sentir une tendance vers le jeu extérieur pour cet intérieur de petite taille (2m03).

« C’était mon plan, honnêtement. C’était programmé. Au lycée et à la fac, ce qui traduit mon caractère et ma timidité, j’étais un gars qui jouait comme un arrière dans les matchs – je tirais à trois points, je remontais la balle en dribble. Et puis à la fac, j’étais juste un joueur physique au poste bas, je prenais plein de rebonds. J’ai de la famille et des amis autour de moi qui me demandait pourquoi je ne jouais pas comme ça à l’université. Mais je n’avais pas le temps. L’opportunité [de jouer au large] est arrivée plus tard dans ma carrière NBA, quand je suis arrivé à Atlanta. Ça a pris sept ans pour que je puisse le faire. J’ai attendu mon tour et je pense en avoir fait bon usage. »

Cleveland, un obstacle insurmontable

Gamin taciturne et plutôt fermé, même pour ses frères, Paul Millsap a appris avec l’âge à devenir plus expansif. Dans son métier, ça se traduit également par une prise graduelle de la parole au sein de l’équipe, chez les Hawks surtout.

« On a beaucoup discuté avec Paul en lui faisant bien savoir combien il est important pour nous en tant que leader », ajoute coach Bud. « On veut qu’il le fasse comme il sait le faire. Il ne peut pas être quelqu’un d’autre. C’est par son éthique de travail qu’il est un leader. Il intervient pendant les temps morts ou dans les vestiaires mais d’une manière plus discrète, plus subtile. »

Après un septennat dans l’Utah, Paul Millsap a retrouvé une autre forme de stabilité à Atlanta. Arrivé sur la pointe des pieds, il a peu à peu marqué son territoire pour s’installer comme un All Star incontournable à l’Est.

« Maintenant, je suis plus ouvert. Je partage davantage mes émotions. En général, il y a peu de choses qui peuvent vraiment m’hérisser les poils. Je suis comme ça. Et j’adore qui je suis. »

Qualifiés en playoffs chaque année depuis son arrivée en 2013, les Hawks espèrent bien que Paul Millsap les amènera encore à ce niveau de compétition. Mais cette fois, avec la volonté de passer l’obstacle des Cavs, qui les ont sorti ces deux dernières années. Et à chaque fois sur un coup de balai net et sans bavures.

https://www.youtube.com/watch?v=Mi-RoJkOgkY

Comment lire les stats ? MJ = matches joués ; Min = Minutes ; Tirs = Tirs réussis / Tirs tentés ; 3pts = 3-points / 3-points tentés ; LF = lancers-francs réussis / lancers-francs tentés ; Off = rebond offensif ; Def= rebond défensif ; Tot = Total des rebonds ; Pd = passes décisives ; Fte : Fautes personnelles ; Int = Interceptions ; Bp = Balles perdues ; Ct : Contres ; Pts = Points.