Qu’il rappelle avec justesse le rôle de Steve Francis dans son adaptation réussie, ou que Tracy McGrady soit fier de l’appeler son ami, Yao Ming n’a laissé que des bons souvenirs à Houston. Unanimement apprécié, le pivot chinois va faire son entrée au Hall of Fame de Springfield et ce n’est pas Jeff Van Gundy, son ancien coach chez les Rockets, qui dira le contraire.
« À part Shaq, Yao était le meilleur pivot du monde »
Pour l’actuel consultant d’ESPN, Yao Ming a « bien mérité » son intronisation au Panthéon. Et plus de ses qualités basket, Van Gundy retiendra surtout la gentillesse du géant de Shanghai. Témoin, cette anecdote de 2003, alors que le technicien américain a accompagné son rookie chez lui, en Chine.
« Le conducteur du van nous a donc amenés à l’école primaire de Yao. Et lui et moi, on a marché dans la cour. ‘Ici’ m’a-t-il dit, en montrant le sol du doigt. ‘C’est le point où j’attendais quand on faisait l’appel chaque matin.’ On a ensuite été voir sa maison d’enfance, une modeste bâtisse, avec sept ou huit étages. Ses anciens voisins se sont précipités pour le voir, jeunes et moins jeunes. Voir Yao discuter avec eux, et surtout les plus vieux, c’est une image qui ne me quittera jamais. Il y avait tant de tendresse, d’authentique attention mutuelle dans ces échanges. Il n’était pas Yao Ming, la superstar du basket. Mais Yao Ming, le gamin qui a grandi là. »
Ambassadeur global de la NBA, Yao Ming a surtout permis de construire le pont entre l’immense marché chinois et la Grande Ligue américaine. Un progrès économique considérable pour la NBA.
« À part Shaq, Yao Ming était le meilleur pivot du monde, » reprend néanmoins Jeff Van Gundy sur The Vertical. « La différence entre Shaq et Yao était bien plus infime que le trou entre Yao et le meilleur pivot après eux, Dwight Howard. Regardez les matchs de l’époque, analysez les stats : c’était une domination nette et sans bavure ! Et ce n’est pas une critique d’Howard qui a réussi une superbe carrière. Mais Yao était clairement au-dessus. Sa taille, son jeu au poste bas, son tir aux lancers l’ont rendu quasiment impossible à défendre. (…) Quand Yao s’est gravement blessé au genou en 2007, il était parti pour être MVP de la saison régulière [en 2006-07] avec 27 points, 10 rebonds et 2 contres de moyenne. Soyons francs : Yao Ming s’amusait avec ses adversaires ! »
Yao, le gentil géant
Bien que son éthique de travail était sans faille, notamment à côté d’un jeune assistant qui monte, Tom Thibodeau, Yao Ming a malheureusement été victime de son physique littéralement hors normes. Consentant tous les efforts nécessaires pour garder un poids de forme qui ne fatigue pas trop ses genoux ni ses chevilles, il a néanmoins dû abréger sa carrière.
Héros des Jeux olympiques de 2008 à Pékin, Yao Ming ne s’en remettra jamais assez. Les pressions qui pesaient sur lui ont fini par l’éreinter. Mais le gentil géant n’en a jamais perdu le sens des priorités. Et son sens de l’humour méconnu.
« Il avait un fantastique sens de l’humour. Durant sa première saison, en 2002-03, Yao avait encore son interprète, Colin Pine, qui lui traduisait tout. On a ensuite mis Colin à distance avec un micro. Yao n’a pas arrêté de me tancer chaque jour, expliquant que j’avais bannis Colin, que je l’avais envoyé en exil, » se souvient JVG. « Yao était un peu sourd d’une oreille, et encore maintenant, je ne sais toujours pas laquelle c’est. Il me faisait toujours changer de côté, et me demandait de parler dans son autre oreille. Evidemment, quand je lui demandais d’être plus bas dans sa défense sur le pick & roll, là par contre, il était sourd des deux oreilles ! »
Un match à 41 points, 16 rebonds et 7 passes en 2004