Bob Myers : « Parfois, même perdre en finale peut être mémorable avec certaines personnes »

Joueur modeste à UCLA mais salué pour son intelligence et sa combativité, bras droit de l’omnipotent agent Arn Tellem et aujourd’hui jeune general manager de Golden State, Bob Myers présente un parcours quelque peu atypique et ponctué de nombreuses réussites.

Mais malgré le titre acquis l’an passé, l’architecte des Warriors ne connait pas la sérénité et c’est une personnalité anxieuse et tourmentée par ses objectifs que dépeignait récemment Sports Illustrated.

« Pour un general manager, c’est dangereux de trop s’impliquer et c’est très dur, ma personnalité ne me permet pas de ne pas le faire, » expliquait-il ainsi il y a peu. « Je ne m’inquiète jamais de ne pas en faire suffisamment. Je m’inquiète de trop en faire. »

La déclaration pourrait faire sourire si l’on se réfère à tous ceux qui évoquent en public leur perfectionnisme comme principal défaut. Mais dans la bouche de Bob Myers, elle tient davantage de la confession désolée. D’ailleurs, l’obsession de réussite presque maladive du dirigeant des Warriors n’est pas une chimère aux yeux de ses proches et collègues.

« La plupart du temps, ce travail ne consiste pas à gagner »

C’est pourquoi, pour sa santé et sa longévité à ce poste, Jerry West, réputé pour son anxiété, lui conseilla très vite de trouver des techniques pour prendre du recul, lire des journaux, regarder des films et s’informer sur le monde afin de relativiser le quotidien de son travail. Malgré cela, Bob Myers éprouve toutes les peines du monde à ne pas penser à sa mission et bien avant le résultat de cette finale, il faisait part de ses angoisses.

« Parfois, je m’interroge car la plupart du temps, ce travail ne consiste pas à vivre ce que nous vivons actuellement, gagner, » observait-il. « La manière dont ma tête et mon corps fonctionnent quand les choses se compliquent est dangereuse. C’est dur. En fait, pour simplifier, je me demande alors si c’est ce que je veux ? C’est presque trop, dans le négatif. Ça ne me rend pas malade mais, parfois, on se demande si on est vraiment fait pour ce travail (…) On s’en fout d’avoir cinq titres, ou un ou deux. On ne veut pas perdre. On veut continuer de gagner, gagner et gagner. »

Plusieurs jours plus tard, Bob Myers et son équipe ont perdu. Une vraie déconvenue pour une équipe en tête 3-1 après quatre matchs. Elle n’a jamais réussi à conclure. Néanmoins, si les ambitions de Golden State en ont pris un coup, cette franchise s’est construite autour de la notion de plaisir, de collectif et de partage comme voie vers l’excellence.

« Je peux vous dire que mes problèmes ont absolument changé ma vision des choses sur la vie, mon travail et ma manière d’approcher les choses, » expliquait ainsi Steve Kerr il y a plusieurs mois. « Je suis toujours aussi compétitif mais les matchs ne sont plus une finalité en soi. »

« Tout ne doit pas tourner uniquement autour du titre »

Confronté à sa première défaite en finale, Bob Myers ne se satisfait pas du résultat mais retient avant tout la cohésion de son groupe, et cette nouvelle épopée longue de huit mois.

« Je pense que ce que l’on retient, ce sont les gens avec lesquels on travaille, » a t-il répondu au Bleacher Report. « Même perdre en finale, comme ce qui vient de se produire, peut d’après moi devenir mémorable avec certaines personnes. En ce qui concerne ce que nous avons réalisé lors de la saison régulière, je dois choisir ce que cela signifie pour moi. Pour moi, c’est gratifiant. Ce n’est pas comme ça que nous voulions que cela se termine mais tout ne doit pas tourner uniquement autour du titre, même si beaucoup le pensent. »