Avant l’immense Dirk Nowitzki, l’Allemagne a produit un autre géant du basket : Detlef Schrempf. Au début des années 1980, quand l’Atlantique était une véritable barrière assez infranchissable pour les basketteurs, le jeune Detlef a réussi à passer le cap par un simple échange scolaire. Qui a abouti sur une carrière de 16 saisons en NBA.
Véritable pionnier (voir son portrait Mondial Basket), Schrempf a connu de nombreuses aventures durant sa carrière NBA partagée entre Dallas, Indiana, Seattle et Portland.
« Je n’y arrivais pas tellement lors de mes deux premières années. Je jouais mais bon, quand tu sors de la fac, tu crois toujours que tu vas être une star. Et ça a pris le temps pour moi. J’ai pensé un temps revenir en Europe. Je ne m’attendais vraiment pas à avoir une si longue carrière. »
Grand pote avec le jeune Reggie Miller qui débarque en NBA alors qu’il essaie lui de percer après un premier passage à Dallas, Detlef Schrempf va se faire sa place pour de bon sous la tunique des Pacers. Nommé deux années d’affilée au titre de meilleur sixième homme, en 1991 et 1992, le natif de Leverkusen a ensuite continué sa progression (s’armant notamment d’un tir à trois points redoutable) pour être élu trois fois All Star en 1993, 1995 et 1997.
Il est alors le troisième membre du « Big Three » local, chez les Supersonics !
« C’est Seattle pour sûr ! C’est chez moi. On avait une grosse équipe, on faisait peur aux autres avec notre défense pas très académique. On changeait sur tous les écrans et on pressait beaucoup. Ça affolait un peu tout le monde car c’était inédit. Et on a gagné beaucoup de matchs. Je crois que sur une période de cinq ans, on gagnait environ 60 matchs par saison, » se souvient-il dans le podcast The Vertical. « On a eu un bon cycle et après, ils ont cassé l’équipe en échangeant Shawn. Et ça l’a envoyé aussi dans une spirale descendante puisque, quand je l’ai revu ensuite, il avait pris plus de 20 kilos ! On a dû repartir de zéro. Mais ça n’a pas marché. Vin Baker aussi a eu des problèmes de poids. Ça n’a pas marché. »
Les regrets éternels de Rip City
Alors dans ses dernières années dans la Grande Ligue, sentant la fin approcher, Detlef Schrempf accepte le défi des Blazers qui montent une « superteam », une armada d’ancien All Stars sur le déclin et de jeunes diamants bruts à polir, la fameuse époque « Jail Blazers » (qui aura bientôt son documentaire). Mais l’expérience tourne vinaigre, sans titre pour l’Allemand, et au contraire, avec un bien mauvais souvenir…
« On avait suffisamment de talent pour aller au bout. On aurait dû gagner le titre ! Dans le match 7, on avait quand même 15 points d’avance dans le dernier quart… Mais c’est l’équipe la plus indisciplinée que j’ai connue dans ma carrière. On avait sept All Stars. On avait tellement de talent. C’était très décevant pour moi. Il n’y avait pas d’autorité. A posteriori, je regrette vraiment qu’on n’ait pas fait les choses correctement avec cette équipe. Chaque entraînement débutait en retard. Les gars partaient dès que possible après. Beaucoup ne restaient pas pour faire du shooting. Ce n’était pas la bonne ambiance. Et ça s’est vu en playoffs. On a craqué quand il fallait se serrer les coudes. »
Avec pour meilleur souvenir cette accession aux finales NBA avec les Sonics en 1996, Detlef Schrempf a affronté la meilleure équipe de tous les temps… Ou la deuxième meilleure équipe de tous les temps, ces Bulls 1996.
« C’était une équipe incroyable, évidemment. Mais on s’est plutôt bien battu face à eux. On a livré un bon duel. En fait, je pense que c’est Dennis Rodman qui nous a le plus fait mal. Il a tourné à 18 rebonds [14,6 en fait] ou quelque chose comme ça en finales, avec 9 rebonds offensifs [7 en fait], » rappelle-t-il. « C’était notre meilleure année. Parce qu’avant ça, on avait aussi de bonnes équipes mais on avait des personnalités en conflit dans les vestiaires. Même si on gagnait des matchs en saison, ça nous a joué des tours en playoffs, quand ça joue plus dur et tout est plus tendu. On a eu des problèmes en interne. »
Figurant donc dans la très longue liste des grands joueurs NBA n’ayant jamais eu la chance de soulever le trophée Larry O’Brien, Detlef Schrempf n’en reste pas moins un grand bonhomme du basket mondial. Regrettant au passage que la popularité du basket, malgré lui et Dirk Nowitzki, ne croisse pas depuis les années 1990 en Allemagne, il n’en a pas perdu son sens de l’humour pour autant, participant notamment à plusieurs épisodes de l’excellente série « Parks & Recreation » (incarnant son propre rôle), et restant toujours aussi actif à travers sa fondation.
Detlef, version eighties (Mavs)
Detlef, version nineties (Pacers, Sonics)
Bonus: une parodie grinçante de pub – « Triple Threat »