Assistant coach des Hornets depuis 2013, Patrick Ewing fait toujours partie intégrante du paysage NBA, plus de 30 ans après sa draft par les Knicks, en 1985.
Pivot légendaire de New York, monument de la ligue ainsi qu’en atteste sa place parmi les 50 meilleurs joueurs de l’histoire, alors qu’il était encore en activité en 1996, Patrick Ewing n’a malheureusement jamais eu le bonheur de soulever le trophée de champion NBA, tombant court lors des finales en 1994, face aux Rockets d’Hakeem Olajuwon.
« J’étais sous le charme d’UCLA, mais… »
Mais le natif de Kingston, en Jamaïque, a tout de même connu un parcours fantastique, avec un titre de champion NCAA avec Georgetown. Chez les Hoyas, Patrick Ewing est, selon son propre aveu, devenu un homme. Le gamin qui jouait au cricket sur son île caribéenne avait bien changé depuis son arrivée dans le Massachusetts au milieu des années 1970.
« J’ai visité [North] Carolina, le même jour que Michael. On a plaisanté, on a rigolé mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi. Mais Dean Smith m’a rapidement dit que si je ne venais pas à Carolina, je devrais aller à Georgetown. Moi, mon deuxième choix, c’était UCLA. J’étais sous le charme. Le climat, les jolies filles. Je me suis dit que c’était pour moi. Mais le vol de retour de six heures vers Boston m’a coupé les pattes. C’était trop. Georgetown a été le choix parfait pour moi. John Thompson était le coach idéal. Il m’a formé. J’étais un gamin quand je suis arrivé et j’étais un homme quand je suis sorti. »
Plus proche des siens à Georgetown, Patrick Ewing va surtout rencontrer John Thompson qui sera son maître à penser, son protecteur, son père adoptif. Avec lui, il ira donc deux fois en finale NCAA. La première sera perdue contre les Tar Heels de Michael Jordan, mais la seconde tentative sera la bonne, contre le Houston d’un autre jeune pivot prometteur, Hakeem Olajuwon (alors écrit Akeem).
« Sans le tir à trois points de Sam Cassell au match 3, on les sweepait ! »
Une fois en NBA, premier choix de draft à New York, Patrick Ewing va devoir supporter beaucoup de pression. « Il faut avoir la peau dure, » dira-t-il. C’est l’arrivée de Pat Riley en 1991 qui lui fait franchir un nouveau cap.
« Quand Pat Riley est arrivé, j’avais une clause pour partir de New York. Il y avait une discussion entre la NBA et mon camp pour savoir si je pouvais partir, » se souvient-il dans le podcast The Vertical. « Mais Pat est venu à Washington pour me voir. Il m’a dit qu’il était content d’être le coach des Knicks, et qu’il voulait que je sois son pivot. J’étais avec ma femme et je lui ai demandé ce qu’il allait changer. J’étais dans ma quatrième ou cinquième [sixième en fait] année et j’avais déjà connu cinq ou six coachs [cinq en fait]. Il m’a répondu qu’il n’avait que sa parole à me donner mais qu’il allait bosser dur pour bien m’entourer et jouer le titre le plus longtemps possible. Et il a tenu parole. »
Devenant rapidement la terreur de la conférence Est, tout autant que les Bulls de Michael Jordan, ou les Detroit Pistons avant eux, les Knicks de Patrick Ewing n’arriveront malheureusement pas à gravir la montagne. Le Graal leur sera interdit à cause de coups du sort… et puis d’un certain MJ, roi sans pitié à l’Est !
« Quand je suis arrivé à Houston avec Jeff [Van Gundy], Tom [Thibodeau], et [Steve] Clifford, chaque jour, au petit déjeuner, il y a la vidéo du match qui passait. Et je vois Hakeem contrer le tir de John Starks [dans le match 7 des finales 1994]. Et tous les jours, j’appelais John pour lui dire que j’étais grand ouvert. Je suis en train de voir le match : je suis tout seul ! Tu n’avais plus qu’à me faire la passe pour que je dunke ! Je suis bien sûr déçu qu’on ait perdu. On y était, on a eu notre chance. Mais je ne pense pas que ce soit à cause du mauvais match de John. À mon avis, c’est le tir à trois points de Sam Cassell dans le match 3 qui les sauve. S’il ne met pas ce tir, je pense qu’on les sweepait. »
« À force d’entendre des bruits de vestiaire, je suis parti »
Si près si loin, Pat Ewing ne connaîtra plus vraiment un tel succès. Lorsque les Knicks reviennent en finale en 1999, face aux Spurs, il est sur le flanc et ne peut pas défendre ses chances contre les tours jumelles David Robinson et Tim Duncan.
Comme Karl Malone ou Charles Barkley, parent pauvre des Dream Teamers, Pat Ewing n’aura jamais la chance d’être champion. Après quinze ans dans la Grosse Pomme, le pivot décide même de claquer la porte des Knicks et s’envole pour Seattle, avant une dernière aventure à Orlando. Une décision facile à l’époque… mais qu’il regrette avec le recul.
« À posteriori, je me dis que j’aurais mieux fait de rester à New York. Mais après quinze ans à entendre toujours la même chose, que l’équipe serait meilleure sans moi, qu’il fallait jouer plus vite. À force d’entendre aussi des bruits dans les vestiaires, j’en ai eu ma claque et je suis parti. J’ai demandé un échange. C’est dommage, j’aurais aimé finir là-bas. »
Au final, Patrick Ewing restera tout de même comme l’un des pivots mythiques de sa génération. Un fantastique joueur capable de tourner à 29 points, 11 rebonds, 4 contres, 2 passes et 1 interception par match en 1989-90 (sans un match manqué). Le jeune lycéen que l’Amérique du basket s’arrachait quand il lui a fallu choisir son université a marqué l’histoire de son sport, lui qui est encore le meilleur scoreur de l’histoire des Knicks, et qui a été introduit au Hall of Fame en 2012.