Il y a deux ans, les Bobcats de Steve Clifford étaient à la 27e position en termes de tirs à trois points tentés. Construite autour d’Al Jefferson, l’équipe misait avant tout sur une grosse défense et un jeu appliqué en attaque. Devenu les Hornets l’an dernier, le club voulait tout de même apporter de la création dans son jeu et avait donc signé Lance Stephenson.
On connait la suite. « Born Ready » n’est jamais rentré dans le système de son coach, qui l’a peu à peu poussé au bout du banc. Mais le club de Michael Jordan a vite réagi en le transférant aux Clippers cet été et en profitant de la reconstruction de Portland pour récupérer Nicolas Batum, chargé à son tour d’apporter cette création supplémentaire.
Et cette fois, ça fonctionne. Après un début de saison compliqué et la blessure de Michael Kidd-Gilchrist, les Hornets ont réagi et viennent de remporter 9 de leurs 12 derniers matchs ! Battus cette nuit par Boston, leurs deux autres défaites avaient eu lieu face à Cleveland et Golden State. Actuellement, l’équipe est même 8e au nombre de tirs tentés de loin alors qu’elle était toujours 24e l’an passé. Une mutation complète qui a plusieurs explications.
Du pick-and-pop à n’en plus finir
Reprenant un principe cher aux Spurs, les Hornets multiplient les passes de la main à la main et les écrans pour Kemba Walker, Jeremy Lamb ou Nicolas Batum, qui remontent depuis l’aile. Le but est simple mais hyper efficace : attirer l’aide et le défenseur qui doit revenir sur le porteur du ballon le plus loin possible de la ligne à trois points.
Pendant ce temps-là, les nombreux intérieurs shooteurs (Marvin Williams, Spencer Hawes, Frank Kaminsky…) s’écartent derrière la ligne à 7m25 et n’ont plus qu’à attendre le ballon avec un temps d’avance sur le défenseur…
Parfois, ils peuvent aussi bénéficier d’un écran en plus.
Le talent de Nicolas Batum
S’il n’est pas un grand dribbleur et qu’il a souvent du mal à faire la différence sur son défenseur en un-contre-un, Nicolas Batum possède par contre une vision du jeu et des espaces assez exceptionnelle, surtout pour un ailier.
« Si on fait un montage de ses trois derniers matches, vous obtenez 8 à 9 clips de talent pur, fait de choses que personne ne peut enseigner à un autre » confiait Steve Clifford. « Lorsqu’il prend la balle, il sait où tout le monde se trouve. Il ne fait pas de passes si la personne n’est pas dans de bonnes conditions, et il sait la donner lorsque les gars peuvent en faire quelque chose. »
Dans le jeu de Charlotte, basé sur la fixation de l’aide et sur la ressortie de balle vers la ligne à trois points, le Français est donc comme un poisson dans l’eau, lui qui sait si bien lire et profiter des prises à deux. Comme c’est quelqu’un qui fonctionne beaucoup à la confiance, cela l’aide aussi à rentrer dans ses matchs.
Et il peut également se régaler sur les contre-attaques et le jeu rapide.
Des écrans en plus qui font la différence
Cet été, le GM Rich Cho a fait un gros boulot pour récupérer ou faire signer des joueurs capables de créer offensivement. Nicolas Batum en est l’exemple marquant mais les deux Jeremy (Lin et Lamb) s’éclatent également cette saison dans des styles différents. Le premier apporte son sens du pick-and-roll et sa percussion tandis que le deuxième profite des écrans pour surgir et prendre des tirs dans des zones qu’il apprécie.
Offensivement, Steve Clifford n’a ainsi pas simplement mis en place un système de pick-and-pop. Collectif et altruiste, le jeu des Hornets regorge également de petites subtilités qui mettent à mal les défenses adverses. Sur cette action face aux Bucks, on voit ainsi Kemba Walker jouer le pick-and-roll avec Frank Kaminsky. Sauf que Cody Zeller vient également placer un écran sur Michael Carter-Williams alors qu’il tente de revenir sur son joueur.
Les rotations défensives entre John Henson et Jabari Parker sont chamboulées et Charlotte profite d’un deux-contre-un.
S’il fallait retenir une action pour symboliser le jeu actuel des Hornets, c’est peut-être celle-ci, lors de la prolongation face à Sacramento. Kemba Walker profite ainsi d’un double écran de Frank Kaminsky et Cody Zeller pour s’échapper sur le côté droit du terrain, plongeant Rudy Gay et Darren Collison en pleine panique défensive.
Frank Kaminsky et Cody Zeller viennent ensuite poser un écran sur Rajon Rondo pour offrir un tir à trois points ouvert à Nicolas Batum… mais ce dernier le refuse et offre la balle au rookie, qui à son tour a glissé derrière la ligne à trois points. Avec un boulevard pour réussir un shoot décisif. Ingéniosité, écartement maximal du terrain et altruisme pour le coéquipier qui est dans une meilleure position, c’est tout le jeu de Steve Clifford qui s’illustre en quelques secondes.