Si la construction de Golden State et de Cleveland a été bien différente, l’opposition qui s’annonce sera aussi une confrontation de styles. D’un côté, les Warriors ont mis en place un système basé sur un jeu rapide, qui attaque les défenses adverses dès les premières secondes de la possession.
En face, les Cavaliers s’appuient sur l’énorme pouvoir d’attraction de LeBron James. Explications.
GOLDEN STATE WARRIORS
Attaquer vite et sur plusieurs positions
Pour Bball Breakdown, le coach Gibson Pyper détaille ainsi les principes de l’attaque de Golden State. Comme les Suns de Mike D’Antoni et leur fameuse philosophie « 7 seconds or less », les Warriors attaquent leurs adversaires dès qu’ils le peuvent, sur les premières secondes de la possession.
C’est à ce moment là que la défense adverse est la plus vulnérable et la moins réactive, les joueurs cherchant encore parfois leurs adversaires directs et oubliant les changements et les consignes générales.
Parfois, un simple écran suffit ainsi pour libérer Stephen Curry.
Evidemment, cela n’est pas l’alpha et l’oméga pour Golden State, qui a mis en place toute une palette offensive pour libérer ses shooteurs. Sur le système que Gibson Pyper appelle « 21 », le meneur transmet le ballon à l’arrière sur le côté dans les premières secondes de l’attaque. Ensuite, plusieurs options sont disponibles.
Si l’arrière redonne le ballon de la main à la main, le meneur peut soit attaquer rapidement, soit profiter de l’anticipation adverse pour tirer de loin après un écran, soit utiliser un autre écran si la défense n’a pas été surprise par cette mise en place. Si l’arrière garde le ballon, il peut remonter en profitant d’un écran venant de son intérieur tandis que l’autre intérieur pose un écran côté faible pour l’ailier.
Ensuite, il s’agit pour les joueurs de voir les failles créées dans la défense et d’en profiter.
Garder l’adversaire sur les talons
Sur le système « Wing twist », on voit également ce qui fait une autre force des Californiens. Très rapidement, Klay Thompson pose un écran pour Stephen Curry et la défense doit prendre une décision ultra rapide par rapport aux « Splash Brothers » : faut-il changer ou pas ? En multipliant ce genre de questions, les Warriors arrivent très souvent à trouver des failles, d’autant que des écrans sont aussi posés côté faible et que Stephen Curry est aussi utilisé en poseur de picks.
Bref, la défense doit constamment être aux aguets sur tous les joueurs adverses et c’est extrêmement compliqué de maintenir ce niveau de concentration sur 48 minutes. Néanmoins, les principes des Hawks sont assez similaires à ceux des Warriors et les Cavaliers ont fait un gros travail pour enrayer puis étouffer les solutions offensives d’Atlanta.
Ce sera sans doute une autre paire de manches à partir du 4 juin, le talent individuel de Golden State étant supérieure à leurs homologues de Géorgie. Alors que seul Jeff Teague semblait capable de faire la différence face à son adversaire direct en finale de conférence Est, les Cavaliers vont cette fois devoir gérer plusieurs problèmes. Comme le rappelle Gibson Pyper, le décalage d’Harrison Barnes poste 4 pourrait d’ailleurs beaucoup gêner Tristan Thompson et être un élément clé des Finales.
CLEVELAND CAVALIERS
LeBron James, le maître du jeu
Avec la perte rapide de Kevin Love et les problèmes physiques de Kyrie Irving, le jeu de Cleveland s’est de son côté complètement recentré autour de LeBron James. Un premier chiffre : 27.2% des points inscrits par les Cavaliers le sont par le King (27.6 points de moyennes sur ces playoffs). Plus impressionnant encore, le quadruple MVP distribue 38.2% des passes décisives de son équipe (8.3 par rencontre). En gros, cela veut dire qu’il est directement impliqué dans plus de 50% des points de sa troupe, sans compter les points marqués suite aux décalages qu’il crée…
C’est monumental et ça donne un jeu qui peut paraître parfois basique, à coup de travail au poste répété du King. Néanmoins, quand on possède un joueur aussi dominant, inutile de faire compliqué. David Blatt l’a bien compris, laissant son joueur gérer le jeu à partir du poste bas, les Celtics, les Bulls puis les Hawks n’ayant jamais réussi à contrôler sa puissance, sa vitesse et sa vision du jeu. Bball Breakdown l’illustre encore une fois très bien.
Si on représente le nombre de passes décisives réussies par tous les Cavaliers durant ces playoffs, on voit ainsi que LeBron James (116 passes en 14 rencontres) est au centre de la galaxie de l’Ohio.
Autour de lui, les Cavaliers ont trouvé des joueurs capables de couper au bon moment (Timofey Mozgov, Tristan Thompson…) ou de se placer à trois points pour recevoir ses offrandes. Ça fonctionne et, pour Golden State, l’enjeu sera donc de contrôler LeBron James poste bas sans offrir trop de décalages à ses coéquipiers. Mais c’était exactement la même problématique pour Chicago et Atlanta et les deux clubs n’ont jamais trouvé la solution.
Avec Andre Iguodala, Draymond Green et Harrison Barnes, les Warriors ont plusieurs options pour tenter de freiner le King.
« Il faut qu’on accepte ce défi. On ne doit pas en avoir peur ou reculer », confirme ainsi Draymond Green. « Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que ça ne sera pas un défi individuel. Ça demandera l’effort de toute l’équipe pour l’arrêter. Si on envoie une seule personne pour arrêter LeBron, on va perdre. Il faudra un effort de toute l’équipe. Il faudra lui envoyer plusieurs gars différents car si on lui propose toujours la même chose, il va s’adapter. Et c’est lui qui va déchirer notre plan de match ».
Quant à JR Smith, il souhaite bon courage aux Californiens.
« J’espère qu’ils feront des prises à deux sur lui. Ça m’offrira des tirs ouverts », résume-t-il.