Le soir où Austin Rivers s'est fait un prénom

« C’est un moment où tu peux être aussi père, pas seulement coach ».

En plein One Austin Show -15 pts en quatre minutes – Chris Paul s’est levé du banc pour aller passer son message à Doc Rivers. Son fiston prend feu pendant quatre minutes surréalistes, le Staples Center scande le prénom de celui qu’il a si conspué et moqué. Le moment est forcément spécial pour celui qui sous les feu des critiques n’a cessé de répéter qu’il se moquait bien de ce que pensaient les gens. Mais le Doc est en mission et cette distraction aussi savoureuse soit-elle ne le fait pas sortir de son premier rôle : entraîneur.

« Austin a été très agressif et nous en avions besoin. Nous n’arrêtons pas de lui répéter de l’être et ça passe d’abord par la défense. Son premier rebond offensif a été important l’a fait rentrer dans le match. En fin de première mi-temps quand il a rentré le genre de panier qu’il n’avait pas mis depuis longtemps. C’était un bon signe, mais je ne pouvais pas imaginer ce qu’il allait faire ensuite. Sa performance a été cruciale pour nous car nous devions limiter les minutes de Chris Paul », commente après coup le patron de Lob City.

Son analyse est celle d’un coach, pas d’un père.

« Evidemment que je veux qu’il réussisse mais tous les joueurs de cette équipe sont mes fils. Si Lester (Hudson) ou Matt (Barnes) avait réussi la même performance, j’aurais été aussi fier car je les vois bosser tous les jours », poursuit-il.

« Tous mes joueurs sont mes fils »

Rivers père est déjà tourné sur le Game 4, de toute façon « Austin sait ce que je pense de lui. » Lui demander de laisser paraître son émotion, c’est exiger qu’il dévie de sa concentration et ça, pour le Doc c’est impossible.

« J’adorerais en profiter plus mais je ne peux pas, je suis entièrement tourné sur le match. Même quand CP est venu me dire que je pouvais être père et pas seulement coach, ce n’était que du bruit pour moi. Peut-être que plus tard je savourerai, mais là dès ce soir je pense déjà au prochain match. »

Ne demandez pas non plus au fiston de sortir les violons. Austin Rivers n’est pas le jeune homme le plus expressif et le plus chaleureux de la ville, il a eu beau crier sa joie après son and one, sur le podium de la conférence de presse le sourire a disparu. Le ton est posé, comme celui du paternel.

« Tout a commencé avec la défense. On a enchaîné les stops et leur défense semblait perdue sur la transition. J’en ai profité. Si je n’avais pas senti que ma vitesse les contrariait autant j’aurais passé la balle. »

« Ma mère avait peur mais avec mon père, on a juste une relation coach-joueur »

Arrivé des Pelicans avec l’image d’un ancien prodige lycéen gâché, l’ancien Blue Devil peut déjà se retourner sur son passé récent, pour mieux déguster.

« Je n’ai jamais autant bossé que cet été après deux saisons perturbées par les blessures. J’ai confiance dans mon travail et venir ici à L.A a été extraordinaire pour moi. Jouer tous les jours avec Chris, Jamal, J.J, Blake m’a tellement appris. Je sens que je suis de mieux en mieux. »

Il donne finalement un peu raison à son père, qu’il la fait venir alors que personne à Los Angeles ne comprenait le sens de sa signature. Entre les deux, le deal a toujours été clair :

« Tout n’est que basket. Ma mère avait peur, elle a pensé comme une mère mais nous savons lui et moi que ce n’est rien de plus. Nous avons toujours eu cette relation coach-joueur. Chaque fois que nous nous parlions, c’était pour discuter de basket, quand lui était à Boston et moi à des milliers de kilomètres. Il est sévère avec moi, demandez à tous les autres joueurs ils vous le diront. Je sais qu’il fait ça pour mon bien, il veut tirer le meilleur de moi. »

Pour l’instant la méthode fonctionne.

Propos recueillis à Los Angeles