Grand joueur d’échecs, Aaron Nimzowitsch expliquait que « la menace est plus forte que l’exécution ». Utiliser la peur ou l’attention de l’adversaire est en effet un excellent moyen de le surprendre et c’est ce qu’appliquent les nouveaux entraîneurs NBA. Les Celtics de Brad Stevens en ont fait une nouvelle démonstration cette nuit.
Brad Stevens joue avec la mémoire des Raptors
Retour la semaine dernière. Face aux Raptors, le coach décide de lancer Isaiah Thomas de très loin et de lui permettre d’attaquer la raquette à pleine vitesse, grâce à un écran central de Kelly Olynyk.
Marcus Smart sauva son coéquipier mais l’essentiel est que Toronto se souvient de ce système. Hier, à la fin de la première mi-temps et alors qu’il ne reste que quelques secondes à jouer, Isaiah Thomas semble reparti pour faire la même chose.
Logiquement, les joueurs de Dwane Casey anticipent et viennent empêcher le sixième homme de se saisir du ballon… sauf que Marcus Smart remet en jeu pour Tyler Zeller et récupère immédiatement le ballon pour filer au dunk !
Mike Budenholzer et les Hawks ont également souvent mis en place des systèmes avec des fausses pistes. Face à Brooklyn, ils ont ainsi profité du pouvoir d’attraction de Kyle Korver pour offrir un dunk décisif à Al Horford sous le cercle.
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Limiter le jeu en isolation pour surprendre la défense
Steve Kerr a plusieurs fois expliqué que le mouvement perpétuel du ballon et des joueurs, l’utilisation de tout le terrain, la limitation au maximum de l’isolation et les fausses pistes étaient désormais des armes qu’il fallait maîtriser en NBA. La logique à Golden State et Atlanta est d’ailleurs globalement la même. Pour Kyle Korver, c’est le fruit d’une adaptation à la défense introduite par Tom Thibodeau et peu à peu adoptée par l’ensemble des franchises.
« La défense de Coach Thibs était construite pour le jeu en isolation », expliquait le shooteur. « Il faut garder la balle d’un côté du terrain, ne pas laisser les joueurs de l’autre côté se mêler au jeu et mettre la pression sur un gars. Pour battre ce type de défense, même si c’est difficile, il faut transférer le ballon côté faible. Pour nous, il faut attaquer le milieu et lire la défense ».
Développée pour freiner le pick-and-roll introduit par Mike D’Antoni à Phoenix, la fameuse défense « ICE » de Tom Thibodeau est désormais débordée par des équipes misant sur une multitude de joueurs polyvalents capables de lire les défenses.
Les intérieurs polyvalents de plus en plus essentiels
L’an passé, on a ainsi vu l’importance d’un joueur comme Boris Diaw en playoffs, capable de défendre sur les intérieurs adverses mais aussi de créer les décalages offensivement. Il n’est d’ailleurs pas étonnant que des intérieurs polyvalents comme Paul Millsap ou Draymond Green prennent autant d’importance dans les systèmes de jeu de leurs équipes.
En cherchant à impliquer tout le monde, ces « nouvelles équipes » mettent davantage de pression sur les défenseurs adverses. Auparavant, il était ainsi possible de « cacher » un mauvais défenseur mais avec plus de mouvements et plus de joueurs impliqués en attaque, la moindre absence devient désormais préjudiciable.
Et cela permet aux équipes de mettre en place des leurres, à l’image de ce système sur remise en jeu des Warriors où l’équipe sert un joueur dans le corner alors que toute l’action semble se passer de l’autre côté du terrain.