James Harden, ou l’art de provoquer des fautes

Plus gros shooteur de lancers francs de la NBA, James Harden se déplace plus de 10 fois par match sur la ligne de réparation. Au total, il en a tiré 816 pour 707 conversions cette saison. Avec ses 86.6% de réussite (16e au classement), l’arrière des Rockets est une victime très rentable pour son équipe. À ce titre, il incarne aussi une menace unique pour ses adversaires, au point d’être qualifié de « joueur le plus difficile à arbitrer » par David West et certains lui reprochent de flopper. Interrogé par le New York Times, le candidat au trophée de MVP se défend de cette intention.

« Vous savez quoi ? Je ne cherche pas la faute, contrairement à ce que les gens peuvent penser. Je ne suis pas du genre à la chercher quand je pénètre, » répond-il ainsi au quotidien. « Il s’agit juste d’être malin, » poursuit-il pour détailler sa faculté à provoquer le contact.

Markel Brown : « C’est lui qui vient chercher le contact »

Ce n’est pas la première fois que James Harden nie ce type d’accusations. Sanctionné pour flopping à deux reprises à dix jours d’intervalle la saison passée, il avait sensiblement offert les mêmes propos. Ses adversaires ne sont pas tous du même avis. Ainsi, Markel Brown assure que l’arrière a développé une manière bien à lui de bénéficier systématiquement d’un coup de sifflet.

« Au moment même où vous pensez pouvoir l’atteindre et lui voler le ballon, il met son bras dans les vôtres et c’est automatiquement une faute. C’est vous qui la faîtes mais dans les faits, c’est plutôt lui qui vous contraint à faire faute sur lui, » explique le rookie des Nets.

Quant à Cory Joseph, il estime que c’est sa capacité à changer de rythme et d’angle qui lui permet d’aller chercher le contact, malgré le défenseur direct.

« Il vous endort. Il vous met en déséquilibre, il vous fait presque bouger où il le désire, puis il change ses appuis pour obtenir le contact, une faute et créer son tir en même temps, » poursuit le remplaçant des Spurs.

Les lancers francs, « un art » potentiellement salvateur

Selon Kevin McHale, son joueur fait simplement ce qu’il faut pour gagner et cette faculté à attirer les coups de sifflet constitue une science efficace.

« Il ne fait aucun doute qu’obtenir des fautes est un art, et il est très bon dans ce domaine. Vous savez le faire ou non, et je ne pense pas que cela puisse s’apprendre. C’est peut-être inné, » déclare t-il.

Que l’intention soit là ou non, James Harden aurait tort de s’en priver. Avec son adresse, le bénéfice est fréquent. Selon Grantland, un pourcentage aux lancers avoisinant les 90% génère la valeur d’une possession à 1.08 point, quand la moyenne dans la ligue n’est que de 1,04 point. Sur 100 possessions, cela constitue donc une plus-value de 4 points, ce qui est loin d’être négligeable.

La seule solution : le priver du ballon ?

Gregg Popovich l’a bien compris : c’est pourquoi il a usé du Hack-a-Josh (Smith) lors de la dernière confrontation entre les Spurs et les Rockets. Privé du ballon, James Harden a moins pesé et le principal intéressé le reconnaît.

« Je lui disais : ‘Allez, Pop, tu dois arrêter ça…’ Il était du genre : ‘Je ne vais pas te donner la balle dans le quatrième quart-temps pour que tu fasses ton truc. Ça te ralentit, te limite et ça t’empêche de trouver ton rythme.’ La stratégie a payé. »

Dans l’histoire de la NBA, 21 joueurs ont réalisé une ou plusieurs campagnes à 10 lancers francs ou plus tentés par match (source : Basketball Reference). Au total, ils cumulent 42 saisons de ce type. Seuls quatre d’entre eux n’ont jamais été titrés (Walt Bellamy, Charles Barkley, Karl Malone et Kevin Durant). Que James Harden en profite, la NBA s’interroge sur la possibilité de les limiter…