« Je suis un conseiller, j’ai des opinions sur les joueurs et je les donne. » Voilà comment Jerry West nous définit sa fonction au sein de l’organigramme des Warriors. Quatre ans après son départ des Grizzlies, la légende des parquets a repris du service dans les plus hautes sphères d’une franchise NBA, à Golden State. General Manager de génie (James Worthy, Vlade Divac, Kobe, Shaq, Phil Jackson, Hubie Brown…) doublement auréolé du titre de meilleur dirigeant de l’année (1995, 2004), le septuagénaire aux sept bagues est une légende vivante, dont la silhouette est immortalisée sur le logo NBA. Forcément, le rencontrer et discuter avec lui est un privilège.
Si vous deviez spontanément nous citer vos trois plus grandes fiertés comme General Manager, lesquelles serait-ce ?
Pour être honnête je n’en sais rien, je ne me pose pas la question. Partout où j’ai été, j’ai eu de très belles réussites, plus particulièrement aux Lakers et aux Grizzlies. Aux Lakers, j’ai eu la chance d’avoir un groupe ultra talentueux et très compétitif qui voulait gagner le titre chaque année. C’est rare pour un General Manager de pouvoir compter sur ces deux facteurs combinés. A Memphis, j’ai peut être vécu les années les plus enthousiasmantes de ma carrière de dirigeant. J’ai voulu aller dans une franchise de bas de classement, pour aider à construire et à vraiment faire une différence. La gratitude et le sentiment d’accomplissement que j’ai pu ressentir là bas ont été très forts. Quand je suis arrivé l’équipe gagnait moins de 25 matches dans la saison et nous avons immédiatement atteint les 50 victoires après un an. Le propriétaire de l’époque était dévoué et lucide. Nous nous amusions ensemble des progrès de l’équipe et de ses limites, pour lu faire les playoffs ne serait-ce qu’une seule fois était alors un bon en avant énorme.
Vous ne citez pas les Warriors ?
Aux Warriors, les choses sont différentes, l’histoire de la franchise n’est pas la même. Ce que j’aime beaucoup ici c’est la volonté de toute la franchise dans son ensemble d’oublier le passé et de se concentre sur le présent et le futur. Le groupe est très jeune, ça m’amuse de jouer la vieille gloire qui traine dans le vestiaire et tente à sa manière d’avoir une influence sur ces jeunes joueurs (sourire). A ce stade de ma vie et de ma carrière, je considère que j’ai de la chance de pouvoir être actif au sein d’une franchise qui monte, avec autant de talent et d’ambition. Je peux dire que je m’éclate !
« Gregg Popovich est le meilleur coach que j’ai jamais vu en NBA »
Vous parlez de la jeunesse de l’effectif des Warriors. Est-ce que vous arrivez à transmettre autant que vous le voudriez aux joueurs ? Sont-ils réceptifs à vos conseils ?
En tout cas ils progressent et c’est le plus important. Notre backcourt et jeune et déjà si fort ! Les deux s’entendent bien et aiment jouer l’un avec l’autre, c’est une grande force. Je suis très enthousiaste pour cette saison, vraiment. Il faut prendre en compte les blessures que nous ne pouvons pas prévoir, et ça c’est pareil pour toutes les équipes. Nous devrions être meilleurs cette saisons et je suis optimiste sur le fait que nous le serons. Nous faisons ce qu’il faut pour en tout cas.
Si vous deviez redevenir General Manager aujourd’hui, à quelles différences seriez-vous confronté ?
Le business de la NBA a grandi, il y a beaucoup plus de dollars en jeu et le pouvoir de l’analytique et des statistiques n’a jamais été aussi fort pour scouter et faire progresser les joueurs. Mais le plus important sera toujours la qualité des joueurs, leur intelligence et leur capacité à jouer ensemble.
Considérez-vous les Spurs comme un modèle de réussie dans cette NBA moderne ?
Chaque franchise et chaque propriétaire possèdent son propre chemin, c’est difficile de répondre car ce qui marche quelque part ne marcherait pas automatiquement ailleurs. Ce qui est certain, c’est que Gregg Popovich est le meilleur coach que j’ai jamais vu en NBA. Je l’ai déjà dit et je vous le redis. Il arrive à faire passer son message à tous les joueurs qu’il entraîne, c’est incroyable. Tous adhèrent au projet, à la philosophie. Il y a dans cette franchise une telle confiance et une telle croyance en ce qu’ils font, c’est exceptionnel. Pour faire tout ce que Popovich fait, gagner cinq titres et être un tel leader, il faut une confiance en soi et en ses méthodes hors du commun. Les Spurs font un boulot incroyable, ils tracent une route et n’en dévient pas. En plus, j’adore regarder jouer cette équipe.
Vous avez quand même quelques regrets dans cette carrière extraordinaire qu’est la vôtre ?
Oh non ! Le basket est mon premier amour, jusqu’à mon dernier souffle je m’y intéresserai et quand je regarde derrière moi, je me dis que ce sport m’a donné une vie incroyable faites de rencontres et d’émotions. J’ai eu la chance de voir jouer les meilleurs joueurs de l’histoire. Pas de regret, le seul que je pourrais avoir c’est de ne pas avoir gagné plus mais on ne peut gagner tous les ans n’est-ce pas ? (rire)
Propos recueillis à Oakland