Depuis la première défaite face au Brésil, il était écrit que la France retrouverait l’Espagne en quart de finale. Pour les Bleus, privés notamment de Tony Parker, parvenir à ce stade de la compétition est déjà synonyme de Coupe du Monde réussie. Bien sûr, ni Vincent Collet ni ses joueurs ne veulent l’admettre mais cette rencontre face à l’armada espagnole au grand complet n’est que du bonus (22h, Canal+ Sport).
Les Bleus ont-il leurs chances face à une équipe qui a survolé le début de la compétition et lui a infligé une défaite de 24 points en poules ? Malgré quelques arguments, ça paraît impossible…
POURQUOI C’EST IMPOSSIBLE ?
Une équipe espagnole au grand complet
Avec les retours de Juan Carlos Navarro, Serge Ibaka et Pau Gasol, l’équipe d’Espagne est bien plus forte que celle que la France a battue l’an dernier, en demi-finale de l’Euro. Jusqu’à présent, les Espagnols ont ainsi gagné leurs matchs par 26,5 points d’écart…
Une marge impressionnante qui s’explique par une densité à tous les postes de jeu et un groupe qui se connait par coeur. Sept joueurs (Pau Gasol, Marc Gasol, Felipe Reyes, Juan Carlos Navarro, Sergio Rodriguez, Rudy Fernandez et Jose Calderon) étaient déjà là lors du titre mondial en 2006. D’autres, comme Serge Ibaka et Ricky Rubio, sont ensuite venus se greffer à ce noyau doré.
Pour être simple : cette équipe espagnole 2014 est, en termes de talent, l’une des plus fortes de l’histoire du basket européen et mondial.
Une équipe de France diminuée
De son côté, la France a dû faire avec une avalanche de forfaits et de blessures, notamment au poste de pivot. Privés également de Tony Parker, les Bleus sont moins forts que l’an dernier ou qu’en 2011.
En poules, même s’ils avaient réussi à s’accrocher lors de la première mi-temps de la rencontre, on a bien vu que l’Espagne avait de la marge et qu’elle prenait le large dès que les Français connaissaient une petite phase de déconcentration et qu’ils laissaient filer des ballons.
« Le rapport de force est inversé », expliquait très clairement Vincent Collet, qui sait que son équipe va devoir réaliser le match parfait si elle veut inquiéter, et espérer battre cette équipe espagnole.
« J’avais le sentiment qu’on avait à la fois fait des choses intéressantes mais qu’on n’avait pas su les concrétiser par des erreurs de cadets. Je sais que ce n’est pas le cas et que c’est beaucoup le fait de cette incroyable équipe d’Espagne mais j’ai suffisamment confiance dans mes joueurs pour penser qu’on peut faire beaucoup mieux ».
La « Roja » a une revanche à prendre devant son public
Battue face à son ennemi intime en demi-finale de l’Euro, l’Espagne attend les Bleus. Le match de poule, annoncé bouillant par la presse à Grenade, avait finalement été assez calme. Mais lors de la première rencontre de la France, face au Brésil, les fans ibériques n’avaient pas hésité à siffler une bonne partie de « La Marseillaise » et on sent bien que cette revanche est très attendue.
Ce matin, le journal Marca fixe d’ailleurs clairement l’objectif en une : « À écraser », écrit ainsi le quotidien sportif espagnol. Les intentions espagnoles sont claires et les Bleus doivent s’attendre à faire face à une équipe revancharde, portée par un public hostile.
POURQUOI C’EST POSSIBLE ?
Les Bleus n’ont rien à perdre
La France n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle est dans une position d’outsider. Souvent décevants lorsqu’ils sont dans la peau du favori, les sportifs français ont par contre l’habitude de se sublimer lorsque se présente un défi qui semble hors de leur portée.
Ce soir, les Bleus n’ont rien à perdre. S’ils perdent, ce sera logique. S’ils gagnent, ce sera l’un des plus grands exploits du basket tricolore. Vincent Collet confirme que cela peut libérer ses joueurs.
« Je pense qu’on était très tendus [lors du huitième de finale face à la Croatie], à l’image de choses faciles qu’on a ratées en début de match. On aura au moins cet avantage-là. On est très largement challenger, cette équipe est archi-favorite. Je pense donc qu’on va aborder ce match avec de la concentration mais aussi en étant libéré. En tout cas, on n’a aucune raison de ne pas l’être ».
L’Espagne a la pression
De son côté, l’Espagne se présente avec ce qui est, peut-être, la plus grande équipe de son histoire. À domicile et alors que tout le monde attend une finale face aux Etats-Unis, Pau Gasol et sa troupe n’ont pas le droit à l’erreur avant de retrouver Team USA.
En 2007, alors que tout le monde les attendait sur la plus haute marche du podium, ils avaient trébuché contre la Russie en finale de leur Euro. Si la France limite ses pertes de balle et qu’elle reste au contact de l’Espagne suffisamment longtemps, est-ce qu’elle peut transformer la pression du public en quelque chose de négatif, capable de faire dérailler cette équipe programmée pour le titre ?
C’est ce que comptent faire Boris Diaw et ses camarades. Même si c’est plus facile à écrire qu’à faire.
Le coach Juan Antonio Orenga fait des choix étranges
Les choix de Juan Antonio Orenga lors du dernier Euro avaient souvent interpelé. Le coach, qui a pris la succession de Sergio Scariolo à la tête de l’équipe en novembre 2012, avait notamment souvent joué avec le feu avec Marc Gasol, lui laissant prendre des fautes en début de match sans le sortir.
Cette année, il a beaucoup fait jouer Pau Gasol (25.7 minutes de jeu) alors que l’équipe écrasait ses adversaires. On s’étonnait ainsi souvent de voir le joueur de Chicago lors des fins de match sans importance, alors que l’Espagne pouvait faire tourner. Face au Sénégal, alors que l’intérieur se plaignait de douleurs, il a été renvoyé sur le terrain alors que la qualification était assurée…
Résultat : Pau Gasol explique qu’il ne sera peut-être pas à 100% pour le match de ce soir.