Avril 2010. Larry Brown a emmené les Bobcats en playoffs pour la première fois de leur histoire. L’équipe est bien sweepé par le Magic de Dwight Howard mais le cinq majeur a de la gueule (Raymond Felton, Stephen Jackson, Gerald Wallace, Boris Diaw, Tyson Chandler) et l’équipe, meilleure défense de la ligue, a posé des problèmes à beaucoup d’adverses durant cette saison.
Problème : les titulaires commencent à être âgés, ils sont chers et Michael Jordan ne voit pas de succès possible avec ce groupe. Surtout qu’il perd beaucoup d’argent, le lockout n’ayant pas encore forcé les joueurs à faire des concessions qui permettent aux propriétaires des petits marchés de s’en sortir.
Une équipe détruite… et ridicule
Raymond Felton n’est donc pas retenu et, en juillet 2010, il signe chez les Knicks. Tyson Chandler est envoyé à Dallas. En février, c’est Gerald Wallace qui fait ses valises avant que Stephen Jackson ne soit à son tour échangé l’année suivante. En 2011, il ne reste donc plus que Boris Diaw pour rappeler aux fans le cinq majeur qui a conduit l’équipe en playoffs, quelques mois auparavant.
L’équipe a tout détruit pour reconstruire sur la durée. Pour cela, elle fait appel à un spécialiste et engage Rich Cho comme GM, lui qui était le bras droit de Sam Presti lors de la reconstruction du Thunder.
Avec une équipe privée de talent et une volonté plus ou moins cachée de tanker, les Bobcats connaissent deux saisons terribles. L’année du lockout, ils ne remportent ainsi que 7 matches, devenant la pire équipe de l’histoire de la ligue en termes de pourcentage victoires/défaites. Pas de chance : ils ratent le premier choix lors de la Draft (et donc Anthony Davis) et sélectionnent Michael Kidd-Gilchrist.
Une reconstruction lente marquée par des erreurs
La saison suivante, marquée par l’arrivée du coach Mike Dunlap (choix surprise de Michael Jordan) n’est pas beaucoup mieux, l’équipe ne remportant que 21 matches. Mais l’été dernier fut décisif.
Après avoir choisi Cody Zeller à la Draft, Rich Cho et son staff ont désormais un groupe de jeunes joueurs talentueux. Avec Kemba Walker, Michael Kidd-Gilchrist ou encore Gerald Henderson, il y a en effet de quoi travailler, même si les trois joueurs ne sont pas des superstars. Michael Jordan reconnait d’abord rapidement l’erreur de casting et décide de se séparer au plus vite de Mike Dunlap.
À sa place, il engage un assistant reconnu mais qui n’avait jamais eu sa chance en tant que coach principal : Steve Clifford. Il casse ensuite sa tirelire pour faire signer un contrat de 41 millions de dollars sur trois ans à Al Jefferson, pivot aux qualités offensives certaines mais dont beaucoup moquent l’envie défensive. C’est un pari et il s’avèrera finalement très payant pour Charlotte.
Al Jefferson, point central du jeu de Charlotte
L’ancien Jazz (21.8 points et 10.8 rebonds de moyenne) devient le point central de l’attaque de Charlotte, qui s’appuie sur une grosse défense. Cette année, l’équipe était en effet la cinquième meilleure défense de la NBA en termes d’efficacité (103.8 points encaissés pour 100 possessions). Problème : elle n’est que la 24e attaque (103.6 points marqués pour 100 possessions) et celle-ci s’appuie beaucoup trop sur Al Jefferson pour espérer mieux qu’une 7e place à l’Est. Et un sweep en playoffs.
Pour Michael Jordan et son GM Rich Cho, qui a récupéré les pleins pouvoirs, il semblait donc y avoir deux objectifs principaux cet été : faire venir un autre créateur offensif et améliorer le rebond.
Objectif : faire progresser l’attaque en la variant
Pour ce qui est de la première option, l’équipe a d’abord tout misé sur Gordon Hayward en lui offrant un contrat maximum de 63 millions de dollars. Malheureusement pour les Hornets, le Jazz a contré l’offre pour garder son ailier et Charlotte a dû trouver un plan B. Ce fut Lance Stephenson, signé pour trois ans.
« Je ne savais pas comment ça allait se terminer parce qu’on ne sait jamais ce que pense l’autre équipe », explique ainsi Rich Cho au sujet de Gordon Hayward. « On espérait qu’ils n’égalent pas l’offre mais, en même temps, Gordon n’a que 24 ans et il est très talentueux. C’est un joueur complet qui peut jouer sur les postes 2 et 3 et il est très exposé par rapport à son expérience avec Team USA. Il y avait de bonnes chances qu’ils égalent l’offre parce qu’ils ne voulaient pas perdre ce talent. Mais pour récupérer ce type de joueurs en devenir, il faut prendre des risques. On a attendu trois jours, ils ont fait leur offre et on a avancé ».
Et Lance Stephenson, qui semblait bloqué dans ses négociations avec Indiana, était donc la cible idéale.
« Dans n’importe quelle type de transaction, que ce soit lors de la Draft, la free agency ou pour un trade, on fait énormément de recherches. Ça n’a pas commencé lorsque le Jazz a conservé Gordon Hawyard. Nous avions fait nos recherches sur Lance Stephenson durant la saison parce qu’il allait être free agent. On avait parlé à ses anciens coéquipiers, à ses anciens coaches et on a eu beaucoup d’informations très positives. C’est un super coéquipier, un compétiteur. Quand Utah a égalé notre offre pour Gordon, on a regardé le reste des free agents et Lance était clairement le meilleur free agent non protégé disponible. Il est venu et on l’a rencontré à Las Vegas. On a eu une excellente conversation et les choses se sont faites très vite ».
L’ancien Pacer devrait ainsi apporter cette deuxième grosse option offensive, derrière Al Jefferson, que les désormais Hornets espéraient tant. Auteur d’une bonne saison, Kemba Walker (17.7 points et 6.1 passes de moyenne l’an passé) semble néanmoins limité et c’est lui qui pourrait le plus souffrir de l’arrivée de Lance Stephenson. Il faudra ainsi surveiller de près l’entente entre les deux hommes.
Le rebond offensif, autre aspect à améliorer
L’autre point d’interrogation, c’est la perte de Josh McRoberts. L’an passé, l’intérieur était le deuxième meilleur passeur de l’équipe (8.5 points et 4.3 passes) et ses qualités de « point forward » permettaient d’huiler le système offensif de l’équipe. Steve Clifford avait d’ailleurs expliqué qu’il était essentiel à l’équilibre de son groupe, même si la franchise veut faire confiance à ses jeunes.
Car l’un des problèmes de l’équipe, c’était également le rebond. Charlotte était ainsi 19e dans cette catégorie, récupérant 49.6% des tirs manqués. Bizarrement, l’équipe est pourtant première au niveau des rebonds défensifs puisqu’elle récupère 77.6% des tirs adverses. C’est plutôt au rebond offensif qu’elle souffre. Avec 21.9% de tirs récupérés seulement, elle se classe à la 26e position dans cette catégorie. Or, lorsqu’on joue sur un tempo lent, comme Charlotte (21e rythme NBA), récupérer des rebonds offensifs est très important. Cody Zeller et le rookie Noah Vonleh vont donc avoir du travail.
« Noah est un joueur que nous avons suivi toute l’année », assure Rich Cho. « Il peut jouer à l’intérieur, à l’extérieur, c’est un très bon rebondeur et il a de la marge. C’est l’un des plus jeunes joueurs de la Draft, il n’a que 18 ans ».
En Summer League, l’ancien d’Indiana a eu beaucoup de mal aux tirs, terminant des matches à 0/13 ou 2/12 mais il a montré qu’il était un sacré rebondeur. Avec 10 prises de moyenne en 27 minutes de jeu, il pourrait ainsi beaucoup apporté aux Hornets dans le domaine.
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Pas assez de vrais shooteurs extérieurs dans le groupe ?
Autre point faible de l’équipe : l’adresse extérieure. L’arrivée de Gary Neal en cours de saison passée a aidé tandis que Brian Roberts, excellent joueur de pick-and-roll, et Marvin Williams devraient permettre de créer les décalages. Mais y a-t-il assez de shooteurs dans l’équipe ?
Avec P.J. Hairston, la franchise a pris un autre risque, l’arrière étant talentueux mais ayant aussi connu beaucoup de problèmes extra-sportifs. Mais pour Charlotte, le changement de nom (de Bobcats à Hornets) s’accompagne de nombreuses promesses. Risée de la ligue il y a encore deux ans, l’équipe peut désormais jouer un vrai rôle dans la conférence Est. De quoi récompenser les efforts de Rich Cho.
« C’est difficile quand on reconstruit. Le plus dur, ce sont les premières années. On sait qu’on va connaitre beaucoup de défaites et de difficultés mais il faut garder le plan d’ensemble en tête et voir à long terme. On a encore beaucoup de chemin à faire, c’est certain, mais je suis sûr que nous sommes dans la bonne direction. Et nous sommes impatients de débuter la prochaine saison ».
L’EFFECTIF COMPLET
MENEURS
Brian Roberts
Jannero Pargo
Kemba Walker
EXTERIEURS
Chris Douglas-Roberts
P.J. Hairston
Gerald Henderson
Michael Kidd-Gilchrist
Gary Neal
Lance Stephenson
Jeff Taylor
Marvin Williams
INTERIEURS
Bismack Biyombo
Al Jefferson
Noah Vonleh
D.J. White
Cody Zeller