À 32 ans, Céline Dumerc s’est lancé un nouveau défi cette saison en rejoignant la WNBA pour la première fois de sa carrière. Après bientôt deux mois passés avec l’équipe d’Atlanta, elle tire un premier bilan de son expérience aux Etats-Unis.
Bonjour Céline, Atlanta caracole en tête de la Conférence Est malgré une période difficile depuis quinze jours. Dans quel état d’esprit se trouve l’équipe alors que l’on approche doucement des playoffs ?
Quatre défaites consécutives en effet, même si la première a eu lieu avant le break du All-Star Game. Ça commence à devenir chaud mais on essaye de rester concentrés sur notre objectif. Il y a encore onze matchs avant les playoffs, donc on a le temps de renverser cette mauvaise série et de rester les mieux placées dans cette dernière ligne droite. On veut évidemment conserver notre première place au sein de la Conférence Est afin de pouvoir bénéficier de l’avantage du terrain jusqu’en finale. Nous allons essayer de corriger ce qui ne va pas, de passer un petit peu au-dessus de ces défaites et de continuer à avancer. La saison est n’est pas encore terminée.
Votre coach Michael Cooper, ancien coéquipier de Magic Johnson aux Lakers, connait des problèmes de santé cet été et il a été contraint de quitter temporairement ses fonctions. Quel impact cela-t-il eu sur le groupe et sur vous ?
Cela a forcément eu un impact sur le plan émotionnel. C’est toujours difficile d’apprendre que quelqu’un qui nous est proche connait des problèmes de santé et cela a joué sur le moral. Son absence est préjudiciable parce que c’est lui qui était le head coach et portait sur ses épaules toutes les responsabilités dues à son rang. Les assistants coachs assurent bien l’intérim depuis son départ. Je ne suis pas certaine que l’on puisse imputer les récentes défaites à l’absence du coach. On a rencontré des équipes de haut niveau, comme Minnesota face à qui on perd en deux prolongations, ce qui équivaut pratiquement à une victoire. Ensuite on s’incline face à Chicago ce qui est un peu plus embêtant mais il faut faire avec.
Une date quant à son possible retour à la tête de l’équipe ?
Non, aucune information pour le moment.
Comment vous-êtes vous adaptée au jeu WNBA après pratiquement deux mois passés aux Etats-Unis ?
Mon état d’esprit n’a pas changé depuis mon arrivée à Atlanta. Je prends ce que l’on me donne. Je réalise par exemple mon meilleur match il y a deux jours face à Chicago (10 points, 5 passes décisives) alors que je n’ai joué que deux minutes en première mi-temps avant de rester sur le parquet pour presque toute la deuxième période. C’est très fluctuant comme rythme de match et c’est différent de tout ce que j’ai pu connaître partout ailleurs dans ma carrière. J’ai du m’adapter et apprendre à rester dans le match alors que je ne joue pas beaucoup et à l’inverse il m’arrive aussi de parfois jouer beaucoup d’un coup. C’est très intéressant comme challenge pour moi et cela m’a obligé à adapter mon jeu. J’essaye simplement d’apporter ce que je peux quand je suis sur le terrain et de rester concentrée quand je suis assise sur le banc.
Vous avez toujours dit que l’expérience humaine était aussi importante que le projet sportif en arrivant en WNBA. La vie à Atlanta vous plait-elle ?
C’est vraiment génial. Il y a beaucoup de choses fantastiques sur le plan du basket ici mais il y a aussi énormément de choses qui sont géniales en dehors. J’ai déjà eu beaucoup de visites de ma famille et de mes amis. Je découvre de plus en plus la ville d’Atlanta où il y a vraiment beaucoup à faire. Je m’éclate vraiment dans mon expérience aux Etats-Unis.
Avez-vous eu le temps de visiter d’autres villes lors de vos « road trips » ?
Quand on se déplace, on arrive en général dans le milieu d’après-midi et je passe ma soirée à visiter les villes où l’on se trouve. On a le plus souvent la chance d’être au centre-ville donc j’en profite à fond. Il y a des villes où je n’aurais sans doute jamais mis les pieds si je n’avais pas joué en WNBA. Chaque endroit à son charme. Si l’on compare des villes comme San Antonio et Indiana, on a deux environnements totalement différents à tous les niveaux et le contraste est saisissant. C’est vraiment chouette de pouvoir vivre une telle aventure.
Un moment en particulier qui vous marqué ?
Sans doute notre match au Madison Square Garden où l’on a joué devant plus de 15 000 gamins. Au niveau des infrastructures, c’est « Disneyland » à chaque déplacement. À Atlanta, on a du se délocaliser et quitter la Philips Arena qui accueillait une convention pour quelques jours. On a donc joué nos matchs dans la salle de Georgia Tech à quelques kilomètres… C’est fou de penser que la salle d’une université est bien plus jolie que toutes les salles que l’on a en France. Le fait de pouvoir évoluer dans de telles salles rend cette expérience encore plus extraordinaire. C’est vraiment un autre monde.
Assise à côté de Céline dans les vestiaires, Angel McCoughtry (candidate au titre de MVP cette saison et meilleure scoreuse de la ligue ces deux dernières saisons) est enchantée de pouvoir compter la française au sein de l’équipe d’Atlanta.
Angel, pouvez-vous nous dire un mot sur l’apport de Céline cette saison ?
On est vraiment contente d’avoir Céline dans notre groupe. Elle est une vraie meneuse sur le terrain et joue très dur en défense. Son expérience nous aide beaucoup et elle sait comment rendre ses coéquipières meilleures.
La connaissiez-vous avant qu’elle ne rejoigne Atlanta ?
Oui, nous nous sommes croisées en équipe nationale à de nombreuses reprises ainsi qu’un Euroleague. En Europe, les équipes sont habituées à se focaliser sur elle car elle est souvent la joueuse la plus dangereuse et nous savons ce dont elle est capable. Elle connaissait déjà un grand nombre de joueuses ici et elle progresse de jour en jour.
Propos recueillis à Washington.