Shane Battier : une belle carrière sans regrets

Rentré en jeu durant 13 minutes lors du premier match de la finale contre San Antonio, Shane Battier vit ses derniers instants en NBA. Ce n’est pas une surprise puisque celui qui a reçu le prix du meilleur coéquipier de l’année avait déjà annoncé qu’il s’agissait de son dernier contrat au moment de signer pour trois ans avec le Heat en 2011.

Une légende de Duke

Vétéran émérite, Shane Battier a connu une carrière exemplaire, allant au-delà de ses espérances. Élève de Mike Kzryzewski, l’ailier a rapidement connu le succès avec deux Final Four dont un titre NCAA avec Duke, couronné par le titre de MOP et trois récompenses de meilleur défenseur de l’année.

Si quinze années le séparent de cette période, le style de jeu de Battier n’était guère différent. Habitué à provoquer les passages en force, il avait récolté un slogan chanté par le public à chaque coup de sifflet en sa faveur:

« Who’s your daddy, now ? Battier ! »

Après 13 années dans la ligue, l’ancien étudiant de Duke a rajouté deux titres NBA à son palmarès. Il peut partir serein.

« Mon but, en arrivant dans cet environnement complètement dingue, n’était pas de gagner des titres ou d’être dans la All-Defensive Team. » raconte t-il à l’AP. « C’était simplement de jouer 10 ans dans la ligue puis de partir de moi-même avant que l’on ne me congédie. »

Cette dignité, Shane Battier l’a apprise du joueur de football américain, Barry Sanders. Enfant de Detroit, l’ailier se souvient du départ à la retraite du running back, quand celui-ci était courtisé par une grosse partie des clubs NFL. D’ailleurs, ce n’est pas étonnant que le Heat s’inspire du footballeur américain, les deux ont en commun d’être réputés pour leur humilité et leur sagesse.

« Shane est incroyable pour nous » affirme sans détour LeBron James. « C’est un mec incroyable. Un joueur incroyable, en termes de sacrifice. Un coéquipier incroyable. »

« Je ne serais pas surpris qu’il devienne président des Etats-Unis »

Cet état d’esprit n’est pas à chercher bien loin. Plus jeune, le floridien a mangé son pain noir. Originaire d’une famille modeste, différent de par son métissage dans un quartier très noir (à cette époque, la mixité raciale n’est pas chose fréquente), Shane Battier se bat pour s’affirmer.

« Je me souviens très bien du goût des sandwichs au fromage fournis par les aides sociales de l’État. » relate t-il. « Ma famille allait parfois aux points de distribution de nourriture. Mais nous étions très bien. Mes parents ont fait des choses incroyables pour moi, ils m’ont donné l’opportunité de faire tout ce que je voulais. Je voulais juste plus, ce n’est pas la faute de ma famille.

Réputé pour son intelligence, Shane Battier a d’abord fait ses preuves à l’école. Élu meilleur étudiant de son lycée de Detroit, il part donc dans la très prisée université de Duke, où il finit par être élu Academic All-American en 2001, qui définit le meilleur étudiant-athlète de NCAA. Là-bas, Battier copine avec le manager de l’équipe, Nick Arison…fils du propriétaire du Heat et désormais, dans la direction du club.

« Si Shane était président des Etats-Unis un jour, je ne serais absolument pas surpris » confesse Nick Arison. « Les deux mecs dont j’étais le plus proche sont Shane et Mike Dunleavy Jr. Ce sont des mecs incroyables. Ils ont juste pris la direction du basket mais Shane est ce genre de mec qui aurait réussi dans n’importe quel domaine. Il est juste devenu vraiment, vraiment très bon au basketball. »

Le remplaçant du Heat aura l’occasion de montrer ses talents ailleurs puisqu’il va intégrer l’équipe de commentateurs de ESPN. Ce n’est pas encore la Maison Blanche mais c’est le beau début d’une nouvelle revanche sur la vie.