En pleine bourre depuis le début de l’année civile, les Nets ont également beaucoup fait parler d’eux cette saison avec la signature de Jason Collins, le premier basketteur professionnel ouvertement homosexuel. Mais l’intérieur n’est pas le seul joueur de Brooklyn à avoir une histoire personnelle marquante. Il y a aussi Jorge Gutierrez.
« J’aurais aimé rester un enfant plus longtemps »
Jorge Gutierrez voit ainsi le jour dans la province du Chihuahua, au Mexique, deux jours après Noël, en 1988. Ses parents ne roulent pas sur l’or même si le papa est prof de maths et la maman infirmière. Le petit Jorge est fasciné par l’idole locale : un certain Eduardo Najera. Comme lui natif de Chihuahua, l’ailier mexicain évoluant alors à Denver est le premier représentant du pays à vraiment faire son trou en NBA après plusieurs belles années à Dallas.
Alors âgé de 15 ans, Gutierrez décide qu’il doit partir aux Etats-Unis pour parfaire son jeu et poursuivre son rêve de jouer lui aussi dans la Grande Ligue. Il convainc donc ses parents de le laisser, lui et trois de ses meilleurs amis, dans un appartement dans la banlieue de Denver pour suivre les cours au lycée Lincoln.
« J’aurais aimé rester plus longtemps au Mexique. J’aurais aimé rester un enfant un peu plus longtemps. Mais il fallait que je bouge. Je voulais jouer contre les meilleurs. Et le Mexique n’est pas exactement un vivier pour le basket. Je devais venir ici. » constatera Gutierrez, la mort dans l’âme, à SI.com.
Livrés à eux-mêmes alors qu’ils ont entre 16 et 17 ans, la bande des quatre mexicains rentrés illégalement au pays de l’Oncle Sam subit de plein fouet la difficile transition entre les deux cultures. Constamment hués lors des matchs de leur équipe du lycée, Gutierrez et ses amis sont même pris en grippe par les autres immigrants d’origine mexicaine.
Anémique à force de ne pas manger à sa faim
Pire, avec une hygiène de vie qui se dégrade à force de manger trois feuilles de salade par jour, Jorge Gutierrez apprend qu’il souffre d’anémie à cause d’une carence en fer. Sans le sou au point de ne plus avoir d’électricité pour cuisiner, lui et ses copains continuent cependant de croire en leur bonne étoile et ils décrochent le titre de l’Etat du Colorado, avec le titre de MVP pour Jorge. Un jour, il ne sent plus sa main droite devenue toute bleue, sa main de shooteur… Mais qu’importe, il shoote de la main gauche et termine tout de même à 18 points !
Cette force de caractère sera récompensée par une bourse de scolarité à Cal. Jorge Gutierrez terminera même son cursus universitaire avec de belles moyennes de 13 points et 6 passes par match, et surtout il obtient la consécration dans son année sénior en étant sacré à la fois meilleur défenseur et meilleur joueur de la relevée Pac 12, succédant à de grands noms tels que James Harden, Kevin Love ou encore Brandon Roy.
Non sélectionné à la draft 2012, Gutierrez tente néanmoins sa chance avec les Nuggets en camp d’été. Puis, il retourne pour un temps au pays pour aller ramasser un petit chèque. Mais c’est pour mieux revenir tenter sa chance en NBA. Finalement, sa persévérance finit par payer le 6 mars dernier quand les Nets le rappellent de leur franchise de D-League, les Canton Charge, où il tournait à 14 points, 6 rebonds et 7 passes de moyenne.
Un défenseur féroce sur l’homme
Il devient alors le 4e joueur mexicain à fouler un parquet NBA après Horacio Llamas, Eduardo Nájera et Gustavo Ayón. Avec 8 minutes de jeu hier soir face aux Suns, Gutierrez a obtenu son plus gros total en carrière pour essayer de contenir l’insaisissable Ish Smith au relais de Deron Williams. Coach Kidd, comme lui un ancien de Cal, a apprécié la performance défensive de son nouveau poulain.
« J’ai trouvé qu’il a fait du bon boulot. Il a joué intelligemment. »
Réputé pour sa défense, Gutierrez est un joueur complet qui impressionne davantage par sa détermination sur un parquet que par son physique passe-partout. À l’instar de son modèle Najera, le nouveau meneur de jeu des Nets compte sur son énorme moteur et son activité de tous les instants pour faire sa place en NBA. Dans son deuxième contrat de 10 jours consécutif, il lui reste encore quelques matchs pour cela…