Kansas – Kentucky : crise passagère ou mal profond ?

Kentucky devait écraser la saison et pourquoi pas terminer avec un bilan historique de 40-0 avec son armada de freshmen tous aussi talentueux les uns que les autres. Andrew Wiggins devait être le LeBron James de la NCAA et mener Kansas vers les sommets. Après un mois et demi de compétition, la vérité du terrain est d’ores et déjà bien différente. Les Wildcats ont déjà mordu la poussière par trois fois cette saison, soit une fois de plus que l’équipe championne conduite par Anthony Davis il y a deux ans. Même son de cloche chez les Jayhawks, battus trois fois en onze jours avant de stopper l’hémorragie face à New Mexico. Mais doit-on simplement parler de crise assagère ou le mal est-il bien plus profond pour ces deux candidats au titre de champion ?

Kentucky : trop de talents, tue le talent

Commençons par Kentucky. Comme chaque année depuis son arrivée, John Calipari a recruté une armée de « one and done », joueurs au profil NBA qui ne devraient pas faire de vieux os dans le championnat universitaire à l’image de Julius Randle, James Young ou des frères Harrison. Si l’effectif est impressionnant sur le papier, la réalité du parquet laisse entrevoir des difficultés récurrente. En effet, Julius Randle semble avoir pris les commandes de l’équipe et joue en patron, enchaînant d’ailleurs les double-doubles match après match. Mais derrière, les autres joueurs manquent de constance et ont tous connu des soirées très difficiles. Trop de talent tue le talent. Avec autant d’options, difficile de contenter tout le monde et impossible dans ces conditions de réellement pouvoir progresser et gagner en constance. Certains joueurs comme Alex Poyhtress ou Dakari Johnson sont carrément laissés de côtés et ne sont là que pour ramasser les miettes. Pour rappel, Poythress était l’un des leaders des Wildcats l’an passé et Johnson était le septième meilleur joueur de la promotion de freshman 2013.

Si l’on se penche sur les trois défaites de Kentucky, il n’y a rien de dramatique : défaites en déplacement à North Carolina et sur terrain neutre face à Michigan State et Baylor (et encore, le match face aux Bears se jouait au Texas). Le problème réside dans le fait que les Wildcats n’ont aucune victoire de prestige à leur tableau de chasse, hormis une victoire à domicile face à Boise State, qui n’est pas non plus un foudre de guerre. Au sein d’une SEC toujours convalescente, la dernière chance des hommes de John Calipari de remporter un succès de prestige aura lieu le 28 décembre avec la réception de Louisville, le champion en titre. Une défaite serait catastrophique…

Kansas : Andrew Wiggins trop effacé

Kansas a également misé sur la jeunesse avec trois recrues membres du Top 15 de la promotion dont le meilleur pivot, Joel Embiid, et surtout le meilleur prospect depuis LeBron James, Andrew Wiggins, attendu comme la future star du basket mondial. Bill Self a également convaincu l’excellent ailier de Memphis Tariq Black de terminer son cursus sur le campus de Lawrence. Si l’on ajoute le sophomore Perry Ellis, l’équation semble tout à fait convenable pour compenser les départs de Ben McLemore et Jeff Withey. Malheureusement pour les Jayhawks, tout ne se passe comme prévu. Timoré et effacé, Wiggins ne tient pour le moment pas son rang. Jabari Parker, Aaron Gordon ou Julius Randle lui volent la vedette au niveau des meilleurs freshmen du pays, Tariq Black est aux abonnés absents, et les autres freshmen de l’équipe comme Wayne Selden ou Connie Frankamp déçoivent.

Du coup, il n’est pas surprenant de voir que Kansas s’est déjà incliné trois fois cette saison. Comme pour Kentucky, il n’y a pas à rougir de ces défaites : aux Bahamas face à Villanova en demi-finale du Battle 4 Atlantis, et en déplacement à Colorado et Florida, à chaque fois par quelques points d’écart. Contrairement à Kentucky, les Jayhawks ont déjà deux belles victoires sous leur aile, face à Duke et New Mexico, et ils affrontent encore Georgetown et San Diego State avant d’attaquer la saison régulière de la Big 12 où Oklahoma State les attends de pied ferme. Détail intéressant, Wiggins a réalisé ses deux meilleurs matchs lors de matchs perdus par son équipe. Pour l’heure, la seule vraie satisfaction est le niveau de jeu affiché par Joel Embiid, bien plus efficace que prévu pour ses débuts en NCAA. Le mal semble bien moins profond pour Kansas qui devrait être en mesure de remonter la pente, à condition que Wiggins joue enfin en patron et que ses lieutenants soient là pour l’entourer.

Rendez-vous au mois de mars prochain pour la March Madness, le seul juge de paix dans le championnat universitaire.