Débat du jour : Kobe Bryant est-il fatigué ?

La star des Lakers est-elle déjà sur les rotules ?

La question mérite d’être posée car Kobe Bryant n’a tout simplement plus connu la moindre plage de repos depuis son opération au genou droit lors de l’été 2006. Cet été-là, il avait coupé avec le basket pendant trois mois.

C’est exactement depuis cette période où il a décidé de porter le numéro 24 que Kobe Bryant enchaîne match sur match.

Retour sur trois saisons pleines à craquer pour le MVP 2008, et sur des playoffs 2009 où Kobe tente par tous les moyens de surmonter une fatigue physique et mentale évidente.

Pour information, au même âge, Michael Jordan avait joué en carrière 350 matchs de moins que Kobe…

Durant la saison 2006-2007, Kobe a dû jouer 77 matchs sur 82 possibles, plus les 5 matchs du premier tour des play-offs, soit autant que n’importe quel franchise player qui se respecte. En fait, les quelques matchs qu’il avait raté c’était surtout à cause des quelque suspensions, bref jusqu’ici tout est normal.

Après vint, l’été 2007,c’est là où commencent les choses sérieuses. Kobe rejoint le camp d’entraînement de la « Dream Team » pour la première fois de sa carrière afin de représenter les USA au championnat des Amériques de basket-ball.

Un ligament en moins à la main

La saison 2007-2008, est certainement la plus fatigante de sa carrière. A 29 ans Kobe joue tous les matchs de la saison régulière (82/82) pour une moyenne de presque 39 minutes par match, plus 21 matchs de play-offs, soit plus que n’importe quel autre joueur NBA (Les Celtics pouvaient ménager leurs joueurs en fin de saison régulière).

A signaler que lors de cette saison, il s’était gravement blessé à l’annulaire et l’auriculaire de sa main droite, et il a dû jouer le reste des matchs en étant blessé.

Lors de l’été 2008, il y avait bien sûr les Jeux Olympiques. Si on additionne camp d’entraînement, plus voyage, plus énorme décalage horaire, plus entraînements quotidiens plus tous les matchs du tournoi joués, on obtient en résultat une énorme fatigue physique que ne pourrait supporter aucun autre athlète de haut niveau sans effets secondaires.

Kobe s’écarte de plus en plus

La saison actuelle 2008-2009, c’est presque la même histoire.

Kobe a joué les 82 matchs possibles de la saison régulière. Sauf qu’il est désormais trentenaire, et il semble avoir des jambes un peu plus lourdes.

(Pour ceux qui ont des doutes, ils n’ont qu’à revoir des matchs de la saison 2005-2006 pour comprendre la différence).

En fait, Kobe va beaucoup moins au Dunk, et pénètre moins dans la raquette . En général : il préfère shooter. Il se dépense beaucoup moins en défense, et joue considérablement moins de minutes par rapport aux saisons précédentes : 36 minutes par match, alors qu’avant il tournait toujours dans les 40 minutes par match.

Un temps de jeu en forte baisse

Cette fatigue s’est confirmée en play-offs où il a déjà joué 21 matchs avec « seulement » une moyenne de 40.4 minutes par match.

Si elle n’a pas l’air de vous étonner, on précisera tout simplement que c’est sa plus faible moyenne de minutes en play-offs depuis la saison 1999-2000 !

Sachant que la grande majorité des matchs en play-offs des Lakers cette année étaient serrés, voire plus que serrés et qu’en plus de ça, Sasha Vujacic le remplaçant de Kobe est à un niveau très moyen depuis le début de la saison, Phil Jackson se retrouvait dans l’obligation d’utiliser Kobe Bryant au maximum.

Or, on le voyait le laisser sur le banc, souvent dans des situations difficiles pour l’équipe des pourpres et or, parce que Kobe ne pouvait plus tenir sur le parquet.

Cela contraste avec les saisons précédentes où il pouvait jouer des mi-temps entières voire parfois même des matchs entiers quand il le fallait, et sans perdre en efficacité comme en témoignent ses 48 points et 16 rebonds en 48 minutes lors du Game 4 contre les Kings en 2001 qui avait permis aux Lakers de valider le Sweep.

Par contre lors du Game 3 contre les Nuggets en finales de conférence cette année, il n’avait pas joué 48 minutes, mais il avait fait une fin de match décisive.

Souvenez-vous du match,  jamais nous n’avions vu un Kobe aussi fatigué. On avait le sentiment qu’il allait crever sur le parquet.

Même après le buzzer, il semblait toujours exténué quand il répondait à la journaliste. Notre consoeur a terminé l’interview en lui disant : « Kobe, get some rest! ».

C’est vous dire à quel point c’était visible, après le match Kobe a eu droit à une thérapie intraveineuse pour pouvoir récupérer.

Le lendemain à l’entraînement, il apparaissait toujours fatigué !

(Vidéo de l’interview : https://www.youtube.com/watch?v=bfKvBn9MVq8)

Où est passé le Kobe « clutch player » ?

Lors des Finals, les médias et le grand public se sont seulement focalisés sur la baisse de rendement de Kobe lors du Game 3 qui a coûté la victoire au Lakers.

Mais qu’arrive-t-il à Kobe ? Il failli coûter la victoire aux Lakers lors de son tir raté, contré par Turkoglu à quelques petites secondes de la sirène, puis le match suivant il rate tous ses derniers tirs, plus un ballon bêtement perdu…

Le meilleur Clutch Player depuis Jordan ?

D’ailleurs à quand date le dernier tir au buzzer réalisé par Kobe ? Combien de tirs a-t’il raté cette saison au buzzer ?

Cette année, on a assisté à plein de ratés décisifs comme contre Orlando et Miami (shoots au buzzer ratés), contre Boston (aucun point marqué lors de la prolongation) et Portland (plusieurs shoots ratés en fin de match) en saison régulière et puis en play-offs contre les Jazz au Game 3. Et donc dans le Game 2 des Finals (shoots au Buzzer ratés), et sans oublier une balle perdue en fin de match du Game 3.

Alors pour autant doit-on douter de l’efficacité de Kobe à être décisif et à faire gagner son équipe en fin de match ?

Peut-être bien car plusieurs fois on le voit emporté par sa colère. Il a l’air de pas trop bien gérer son sang froid comme en témoigne le nombre de techniques sifflées contre lui et bien sûr ça joue un rôle.

Mais la raison principale de son efficacité en fin de match, c’est la fatigue, et celle-ci se répercute bien évidemment sur son moral aussi.

Un rendement en berne dans le money time

Voyons voir de plus près en chiffres son rendement lors de ces finals contre Orlando :

– lors du Game 1 tout le monde a félicité la performance de Kobe mais PERSONNE n’a mentionné qu’il a terminé le match par un pauvre 1 sur 7, en ratant 6 de ses 7 derniers tirs tentés, cette série a débuté en fin de 3^ème quart temps. Comme L.A a gagné haut la main le match, normal qu’on ne s’attarde pas sur ce genre de choses.

– lors du Game 2 : quatrième quart + prolongations: 2/6 (y compris le fameux shoot de la victoire raté) + 4 ballons perdus.

– inutile de rappeler que lors du Game 3 il a bien débuté pour finir de la façon la plus catastrophique possible : en ratant un ballon ultra décisif lors des dernières secondes, y compris tous ses derniers shoots (4/15 aux tirs depuis le deuxième quart temps)et un incompréhensible 5/10 aux lancers francs.

Pour finir une petite comparaison entre Kobe  et Michael Jordan. A 30 ans, la star des Lakers a déjà joué 1121 matchs. Au même âge,  Jordan en avait seulement joué 778.

Comme l’a déjà signalé Luke Walton sur son blog « .. avec le nombre de matchs joués on vieillit avant l’heure.. », et c’est peut être ce qui arrive à Kobe, qui va fêter ses 31 printemps dans environ deux mois. Mais qui est peut être beaucoup plus âgé par le nombre de matchs joués.

Cet article n’a rien contre Kobe. Au contraire. Il voulait juste mettre en évidence un paramètre sur lequel on se focalise pas, ou peu.

Il démontre également à quel point et plus que n’importe quel autre joueur Kobe a faim : il ne veut absolument pas se reposer avant de gagner sa 4^ème bague de champion pour laquelle il est en mission depuis 2002.

Kobe est un champion, il le sait. Il sait que la victoire passe impérativement par de grands sacrifices de sa part. Il joue depuis 15 mois avec un doigt en moins. Aujourd’hui, il continue alors que son corps n’en peut plus.