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Lenny Cooke, ou le malheureux destin d’un lycéen surdoué

« Quand je les vois, j’ai le droit à un maximum de respect parce qu’ils savent combien j’étais bon. »

Eux, ce sont Carmelo Anthony et Amar’e Stoudemire, les deux coéquipiers des Knicks. Et le Je, c’est celui de Lenny Cooke.

Ce Je multiple qui exprimait autrefois un monde de potentialités, ce Je qui aujourd’hui cristallise une constellation de regrets, et ce Je qui à l’avenir risque fort de s’éteindre s’il ne trouve pas sa propre raison de vivre.

Révélée le week-end dernier par le New York Times, l’histoire de Lenny Cooke est complexe, pleine de méandres incompréhensibles au lecteur non averti.

Elle reflète la situation concrète des jeunes basketteurs américains dont on attend monts et merveilles  mais surtout elle présente d’une lumière crue, voire sale, la réalité basse et vile de ceux qui restent à quai dans leur rêve de NBA.

La genèse : LeBron, Melo… et Lil’ Jooks

Lenny Cooke venait de loin. Fils aîné d’une famille afro-américaine de Bushwick, dans le quartier de Brooklyn, dans le nord de New York, il a commencé sa vie dans un appartement infesté de rats et chauffé l’hiver venu par un four qu’on laissait ouvert.

Sur le pas de sa porte, des trafiquants de drogues et leurs inévitables bancs de clients accrocs ou des filles de joie se côtoient dans la plus pure tradition urbaine. Lenny rapporte que ses parents lui offrent tout l’amour et le soutien dont il a besoin, mais « pour tout le reste, je devais me débrouiller. »

C’est à l’âge de 15 ans que son existence bascule (une première fois) quand un monsieur Green, ancien coach des Long Island Panthers, le voit jouer sur un playground et lui propose de rejoindre son équipe AAU.

Dans cette équipe, un petit français gringalet et encore anonyme essaie de se faire sa place dans l’équipe, mais à 1m75, il est encore loin d’impressionner.

« J’étais un gosse de 13 ans qui arrivait de Paris, et tout d’un coup, je rencontrais Lenny et je le voyais dans tous ces tournois. Il était vraiment mon héros parce que la manière avec laquelle il dominait les matchs était incroyable pour moi » raconte Joakim Noah.

MVP du ABCD Camp en 2000, MVP du Rucker en 2001

Le garçon est définitivement doué. Il tourne à 31 points de moyenne pour sa seconde année au lycée. Il a été accueilli par la famille de son copain, Brian Raimondi, dans un quartier aisé du New Jersey. Ses notes au lycée remontent. Mais son cœur l’oblige à retourner au « quartier », à Brooklyn.

Là, les tentations sont grandes. Le jeune Lenny ne se rend pas compte qu’il attise les envies à chacun de ses retours, alors même que sa famille a depuis déménagé en Virginie. Il raconte une fois revenu dans le foyer des Raimondi.

« Ils veulent me donner des trucs. »

Debbie Bortner, la mère de Brian et la « seconde mère » de Lenny lui assénait fermement de tout refuser.

« Je sais bien » répondait alors Lenny « mais c’est dur. »

Et puis, vient l’été 2001, Lenny se présente à nouveau au camp Adidas où se retrouvent tous les meilleurs lycéens du pays. Melo est là, lui qui a été relocalisé à Baltimore, et il révère déjà son acolyte new-yorkais.

« Il était le numéro 1 du pays. Et on voyait tous Lenny comme ça. C’était sa taille, sa force, sa capacité à passer la balle et jouer meneur, un peu comme Magic, en fait. Il était tellement explosif. »

L’envol de LeBbron, le début de la fin pour Lenny

Et puis, cadet d’un an de Cooke, arrivait un jeune joueur en provenance d’Akron, Ohio. Alors que Lenny Cooke est déjà suivi par un caméraman du nom d’Adam Shopkorn, un membre du groupe de l’Ohio approche le vidéaste.

« Tu devrais venir à Akron et filmer LeBron. Il est le ‘real deal’. »

Shopkorn ne bronche pas. Il est cependant le seul à filmer un moment clé de l’histoire de Lebron James. Tout comme Joakim Noah, alors présent dans les tribunes, il assiste au duel entre les deux vedettes des lycées.

Tel un combat du Far West, où le sheriff de la ville (Cooke), se voit mis au défi par le nouvel arrivant (LeBron), la finale du tournoi met aux prises les deux prodiges. Cooke place un premier mouvement suivi d’un shoot à mi-distance qui électrise la salle. Mais LeBron (qui domine 21-9 son adversaire du jour) en a gardé sous la chaussure.

Il rentre le 3-points décisif qui fait gagner son équipe. « Comment il a fait ça ? Oh mon Dieu » ne pouvait que s’exclamer Lenny après match. Sonny Vaccaro, le fondateur du camp Adidas, ne pouvait que savourer ce moment historique survenu dans son théâtre.

« C’est le moment concret où LeBron a pris son envol et où Lenny a entamé son déclin. Il a battu Lenny sur son propre terrain. Vous pouvez dire que ce n’est qu’un shoot, qu’un match, mais d’une certaine manière, Lenny n’a jamais pu s’en remettre. »

« Un ange sur une épaule, un démon sur l’autre »

Et la vérité de cette assertion prophétique n’en rend cette histoire que plus dramatique. Après avoir échoué à obtenir son bachot, Cooke est obligé de quitter le New Jersey. Il part au Michigan pour se préparer à la draft, mais les dirigeants NBA lui refusent l’accès en 2002 (la draft de Yao, Stoudemire ou Boozer – et Scola en 56ème choix( !)).

Sa mère adoptive, qui lui avait déconseillé de quitter le système scolaire, ne lui adresse plus la parole pendant un an. Lenny Cooke est définitivement entre de mauvaises mains.

« On ne pensait pas qu’il n’était pas suffisamment bon » concède un assistant coach de la conférence Est de l’époque, « Lenny aurait dû aller au moins deux ans à la fac. Ceux qui lui servent de conseiller l’ont simplement donné des mauvais conseils. »

Sa mère, Angela Hendrix confirme cet état de faits.

« Il était un adolescent, et chaque jour, il avait de l’argent dans ses poches, et je ne veux pas dire juste 200 ou 300 dollars. Il avait tout ce qu’il désirait, comme si le monde lui appartenait, alors il en a profité. Il n’avait jamais imaginé que les choses allaient s’effondrer parce que les gens continuaient à lui dire que ça allait être de mieux en mieux. »

Vaccaro se souvient lui des réactions immédiates dans le milieu des recruteurs.

« Il y avait déjà un mystère autour de lui après qu’il a quitté Debbie ; les gens se posaient des questions sur son caractère. Pas pour dire qu’il était un mauvais garçon – parce qu’il n’en est pas un. Mais plus pour dire qu’il était un de ces gosses qui croient tout ce que les autres vont lui dire. Et il avait beaucoup de monde autour de lui – des agents, des intermédiaires – qui le glorifiaient, lui donnaient des cadeaux. Il a tout pris. »

La descente aux enfers

Et pourtant, il avait prévenu Lenny.

« Je lui ai dit ‘Tous les scouts NBA sont dans la salle, et ils t’observent. Si tu veux faire un truc stupide, ne le fais pas cette semaine, ou fais le dans ta chambre.’ Et qu’est-ce qu’il fait ? A 10h du matin, tout le monde est dans le lobby de l’hôtel Hyatt, et voilà qu’arrive Lenny et son entourage, tous les fêtards, tous les bijoux… Je lui fais : ‘Mais qu’est-ce que tu fous bordel ?’ On a eu une discussion… »

Le mal est fait. Cooke est répertorié caractériel, arrogant. Il ne le sait pas encore (et comment le pourrait-il enfermé dans son monde de rêve illusoire entretenu par des amis qui n’en sont pas ? – et le tout, sans aucune éducation) mais Lenny a laissé passer sa chance.

Sa carrière se poursuit en NBDL, en USBL. Cooke portera brièvement les couleurs des Celtics et des Sonics pour des camps d’été mais là encore, son indiscipline et son manque de jugeote le condamnent à l’errance. Il doit s’exiler aux Philippines, puis en Chine où il réalise des cartons, mais tout cela dans le plus profond anonymat.

Et puis, le sort s’acharne. Un soir pluvieux qu’il va diner avec des coéquipiers du Long Beach Jam en Californie du Sud, Lenny Cooke voit la voiture dont il est le passager (sans ceinture – encore et toujours, cette insouciance doublée d’inconscience) se crasher dans un poteau.

Coma et opération s’ensuivent. Heureusement, Cooke peut à nouveau utiliser sa jambe. Mais le joueur de basket est définitivement mort.

Trouver une ‘happy end’ à Lenny Cooke

Fast forward à avril dernier. C’est la fin du match Chicago – New York. Cooke s’approche de Stoudemire mais le Knick ne le reconnait pas.

« C’est moi, Lenny Cooke » doit alors préciser notre pauvre héros.

« Ça fait quelques années, et il a pris 45 kilos en plus. C’était un peu choquant » raconte le Stoud’.

La scène se reproduit quand Melo vient aussi aux aveux.

« De le voir maintenant, ne rien faire, pour ce qui est du basket, et devenu si gros, ça paraît tellement triste. Tu te demandes comment on en est arrivé là. »

Son premier fan, Joakim Noah, arrive finalement pour donner la conclusion du dossier Cooke.

« Debbie a essayé de l’être, mais Lenny n’a jamais eu de figure paternelle. Ça, ce sont les choses desquelles Lenny doit vous parler. Si ce doit être pour le bénéfice des enfants, il doit aussi y avoir un message positif à la fin. »

Et c’est ce qu’il manque encore à l’histoire de Lenny Cooke, une forme de ‘happy end’ ou en tous les cas, une fin qui soit en adéquation avec cette histoire.

Les vidéos du New York Times

Lenny Cooke en 2001

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