L’ailier atypique des Hawks vit une histoire d’amour tumultueuse avec la capitale de l’Etat de Géorgie.

Régulièrement, son nom revient dans les rumeurs de transfert. Pourtant, Josh Smith est un authentique enfant d’Atlanta, une ville qui lui ressemble.

Il y a deux étés, les deux Josh d’Atlanta ont beaucoup fait parler d’eux. Josh Smith plaidait pour le renvoi de Mike Woodson et rêvait du pactole, 80 millions de dollars minimum. Josh Childress réclamait une juste reconnaissance de ses talents de 6e homme. Aucun des deux n’a obtenu gain de cause. Childress a préféré mettre les voiles et traverser l’Atlantique tandis que Smith a dû se contenter de 58 M$ sur 5 ans, soit l’offre formulée par Memphis et égalée par Rick Sund, le successeur de Billy Knight au poste de GM. Régulièrement, le nom de Smith revient dans les rumeurs de transfert. Mais les Hawks ne peuvent se résoudre complètement à laisser partir un ailier complètement atypique de 23 ans, joueur polymorphe par excellence et All-Star en puissance pour de nombreux scouts.

« Le basketteur complet par excellence »

« Avec ses 2,06 m et 106 kg, c’est un basketteur très athlétique, à la fois puissant, explosif et élastique, note un recruteur. Il sait très bien utiliser son corps en défense. Il n’y a qu’à voir sa production aux steals ou dans les airs, que ce soit aux rebonds ou aux contres. Il est présent dans tous les compartiments du jeu, il peut occuper plusieurs postes… C’est un ailier qui a très bonne réputation en NBA sur un plan strictement basket. »

Un bémol dans ce concert de louanges :

« Il n’a pas véritablement de tir extérieur pour l’instant ».

Le 17e choix de la draft 2004 s’affichait quand même à plus de 49% aux tirs l’an passé (mais seulement 29.9% à 3 pts). Ajoutez-y 15.6 points, 7.2 rebonds, 2.4 passes, 1.4 interception, 1.6 contre et vous avez une idée de l’abattage de « J-Smoove » soir après soir. Un authentique all-around player avec lequel Joe Johnson, le capitaine de l’équipe, prend un plaisir immense à jouer.

« C’est le joueur complet par excellence. Il possède une dimension athlétique assez hallucinante. C’est ce qui fait de lui l’un des meilleurs défenseurs de la Ligue. »

Mike Bibby est lui aussi subjugué par le phénomène :

« C’est un basketteur très versatile, hyper polyvalent, capable de s’illustrer partout sur un parquet. Il peut jouer en dehors du périmètre, attaquer le panier, créer pour les autres… Ce qu’il réalise aux rebonds et en défense à son âge, c’est très impressionnant. »

A la même école que Stackhouse et Melo

Josh Smith a 5 ans de NBA derrière lui. Il était arrivé dans la Ligue directement depuis son lycée, Oak Hill Academy. S’il avait suivi un cursus universitaire complet, il disputerait seulement sa saison sophomore. « Je n’ai aucun regret à ce sujet », nous confiait le vainqueur du Slam Dunk Contest 2005 à l’occasion d’un road trip des Hawks dans la Western Conference.

« J’ai passé trois ans à McEachern, en prep school (ndlr : à Powder Springs, Géorgie). Là, mes parents ont voulu que je rejoigne le meilleur lycée du pays. »

Direction la Virginie. Smith intègre une highschool dont la réputation n’est plus à faire. Le programme basket de Steve Smith a formé des joueurs comme Ron Mercer, Jerry Stackhouse, Carmelo Anthony et plus récemment Rajon Rondo ou Brandon Jennings, qui a choisi d’évoluer en Italie la saison passée et qui défendra les couleurs des Bucks cette année. L’ailier gaucher des Hawks a fait une confiance aveugle à son père, passé par les ligues mineures américaines.

« Comme beaucoup, Michael Jordan a été mon idole mais c’est mon père qui m’a véritablement poussé à jouer au basket. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si j’allais faire autre chose dans ma vie. Tout est allé très vite. »

Un pote de lycée nommé Dwight Howard

Josh a 19 ans lorsqu’il rejoint les Hawks. Au lycée, il a déjà tout gagné ou presque. Son copain de jeu s’appelle… Dwight Howard, le pivot du Magic. Une belle histoire partagée dans un quartier d’Atlanta.

« Dwight et moi allions à l’école ensemble. Dès qu’on sortait du cours, c’était pour jouer au basket. Il n’y a que le lycée qui nous a séparés et encore… »

La draft aussi, un an plus tard. Dwight, qui est demeuré à Atlanta, est retenu par Orlando en n°1 (en 2004). Josh doit patienter jusqu’au 17e choix. Les Hawks, qui disposaient de deux tickets au 1er tour, retiennent l’autre Josh, Childress, au 6e rang.

« J’ai eu de la chance car c’est à Atlanta que je voulais jouer. J’avais inscrit mon nom à la fac d’Indiana pour assurer mes arrières, pour le cas où je ne serais pas drafté, mais je voulais revenir chez moi après une année à Oak Hill. J’ai tout fait pour. C’est pour cette raison que je ne regrette rien aujourd’hui. »

Quand on le relance au sujet de Dwight Howard, son œil pétille.

« On a bien rigolé tous les deux, que ce soit à l’école ou sur les terrains de basket. Quand tu rencontres ton meilleur ami dès l’âge de 8 ans et que cette amitié se prolonge en NBA… Wow ! On en parle souvent entre nous. »

Sujet de discussion incontournable : le Slam Dunk Contest. Howard s’est adjugé l’avant-dernière édition à New Orleans dans le costume de Superman. Josh Smith s’était imposé en 2005 à Denver en rendant hommage à Dominique Wilkins, l’ex-dunking machine des Hawks. Smith ne manqua pas de chambrer son meilleur pote après son succès dans ce concours.

« C’est très dur de remporter le Slam Dunk Contest, je vous l’assure. Dwight et moi avons toujours aimé participer à ce genre de concours. Quand tu vis à Atlanta et que tu joues au basket, tu dois marquer ton territoire dès le plus jeune âge pour gagner le respect des aînés. C’est ce qu’on faisait avec D12. Avec nous deux, les arceaux ont souffert ! »

Lors du All-Star Week-end de Denver, Josh, alors rookie, avait requis l’aide de Kenyon Martin. Windmill suivi d’un 360° ! Les images feront le tour du monde. Amaré Stoudemire doit se contenter de la seconde place. Pourquoi « K-Mart » ? Il appartient à la même écurie que Josh Smith, celle de l’agent Brian Dyke.

Joueur préféré des fans, ami des rappeurs

Quand on interroge Smith sur le meilleur moment de sa carrière, il n’hésite pas une seconde.

« Les playoffs 2008 avec un Game 7 à Boston au 1er tour. Je veux retrouver ces sensations, cette ivresse, cette adrénaline… Jouer pour le titre, c’est ce qu’il y a de plus fort. On possède une équipe encore jeune. On construit pour l’avenir. Je veux revivre ces instants de pur bonheur avec les Hawks. »

Sekou Smith suit l’équipe pour le quotidien local, « Atlanta Journal Constitution ». Il explique que Josh Smith bénéficie d’un statut à part dans le groupe.

« Il vient de Géorgie, c’est l’enfant du pays. C’est le joueur préféré des fans, sans contestation possible. Sa trajectoire colle parfaitement à l’image de la ville d’Atlanta : les gens viennent de quartiers différents et chacun réussit dans son domaine, que ce soit le rap ou le sport. Lui, c’est le basket. Et puis surtout, il a toujours dit qu’il ne voulait jouer que pour une seule équipe : les Hawks. Les supporters n’oublient jamais un truc comme ça. Ils adorent son style de jeu, ce gars qui vole au-dessus des autres pour contrer… C’est un instinct de défense qui caractérise assez bien la Géorgie et encore plus la ville d’Atlanta. »

Une ville qui a souffert pour retourner en playoffs (la précédente participation remontait à 1999). Aussi, elle a élevé la voix avec les rappeurs. Josh Smith est un ami intime de Jermaine Dupree.

« Ils se voient souvent car Josh adore le rap East Coast », explique Sekou.

Il est aussi très proche de Young Jeezy, Ludacris, T.I. et Young Joc. Il aime leur son et leurs textes. Tout ce qui touche à la Géorgie préoccupe Josh Smith d’une façon générale. En foot américain, il soutient davantage Georgia Tech que les Falcons.

« Peut-être parce que je n’ai pas connu le college », glisse-t-il malicieusement.

C’est encore dans les airs que Smith s’exprime le mieux (normal pour un Hawk). On est loin de l’image de trasheur qu’il peut parfois donner sur un terrain. Josh Smith, c’est d’abord un mec franchement bien.