Il a tout gagné en Europe, où il a connu les délices et la pression des grosses cylindrées. A 29 ans, l’Australien au passeport danois David Andersen a débarqué l’été passé en NBA, nanti d’un contrat de 7,5 millions de dollars sur trois ans.
Un rookie de 2m13 au CV européen aussi rempli que les « 0 » sur la fiche de salaire de Yao Ming, dont l’absence offre une autre perspective au triple vainqueur de l’Euroligue. Après plus de deux mois de compétition, Andersen n’affole pas les compteurs (quasi 15 minutes de moyenne pour 5,9 pts et 3,1 rbds à 41% de réussite), l’ajustement à la galaxie NBA se fait doucement. Mais à l’écouter, également sûrement. Au sortir de sa douche, l’épaule bandée, l’ancienne star du CSKA Moscou et Barcelone s’est confiée dans l’intimité du vestiaire des Rockets. Entretien exclusif.
David, comment se passe jusque-là cette première saison en NBA ?
Ce n’est pas évident, je travaille du mieux que je peux pour trouver ma place à Houston et dans la NBA. Il y a des hauts et des bas car je dois m’ajuster à une nouvelle équipe, de nouveaux coéquipiers et un niveau de jeu plus élevé. Mais je commence à me sentir plus en confiance avec les autres gars, ils me connaissent mieux donc les pièces du puzzle s’assemblent petit à petit.
Si on parle purement basket, quels sont les plus gros ajustements nécessaires ?
C’est un autre style de basket ici, il y a beaucoup plus de un-contre-un et dès qu’une position est ouverte ça shoote. Tu dois aussi rester en dehors de la raquette le plus possible et c’est beaucoup plus athlétique. Les joueurs sautent plus haut, sont plus grands, plus costauds. Y’a plus de jeu en contre- attaque alors qu’en Europe ça se passe beaucoup sur demi-terrain. En NBA, chaque seconde passée sur le parquet tu dois vraiment avoir un engagement à 100% sinon, tu te prends un dunk sur la tête car ce sont des monstres physiques en face de toi. Cela rend ma tâche plus difficile mais je commence à me dire que je peux vraiment être compétitif, il faut que je continue de bosser c’est tout.
Comment progresser en NBA avec aussi peu d’entraînements, contrairement à l’Europe ?
C’est pas facile mais quand tu veux, tu peux toujours trouver un moment pour travailler individuellement. Il faut faire des heures supplémentaires sur le temps libre, même si ça doit être tout seul dans ton coin. C’est un processus d’apprentissage qui prend du temps, comme le shoot à trois points. Je dois m’habituer à une ligne plus lointaine, ça commence à venir. Mais c’est un challenge que j’adore, surtout dans une équipe dans laquelle je me sens vraiment bien avec de supers coéquipiers.
Justement, regrettez-vous de ne pas être venu plus tôt en NBA ?
Si je regarde en arrière, oui j’aurais plus venir avant. Mais je ne suis pas du genre à regretter ou me lamenter, il fallait juste attendre la meilleure opportunité et celle des Rockets était énorme. C’est peut-être mieux d’avoir attendu pour venir ici qu’être allé à Atlanta y’a quelques années. Je suis heureux d’être là et de jouer au plus haut niveau après avoir connu l’Australie, l’Europe dans de grands clubs, des championnats du monde et des Jeux olympiques. Il me manquait la NBA et c’est à moi de tout faire pour m’imposer.
Cette équipe de Houston est singulière et dégage une sérénité hallucinante, même dans les mauvais moments. Qu’est-ce qui la rend si spéciale ?
L’alchimie est parfaite, chacun joue pour l’autre et on ne doute jamais. Même quand on est derrière de 10 points, on continue de jouer sans jamais lâcher une seule seconde et sans se poser trop de questions. On continue de jouer, quoiqu’il arrive. Le coach est assez doué pour nous donner cette confiance. On prend tous un vrai plaisir à jouer ensemble, on s’entend super bien, on bosse dur. Ce rôle de challenger nous convient bien, on fait des dégâts et on va encore en faire.
L’absence de Yao a changé quoi pour vous ?
Elle donne plus d’opportunité aux autres, moi le premier. On essaye de combler le vide qu’il a laissé, parfois il nous manque vraiment et d’autres matches on s’en sort très bien. Quand je suis arrivé, on m’a clairement dit qu’il y avait un trou à recouvrir et je pense que jusque-là, l’équipe dans son ensemble fait un super boulot.
L’affaire Tracy McGrady est-elle un problème au sein du vestiaire ?
On n’en parle pas beaucoup. C’est assez politique donc on laisse çà de côté, l’équipe a fait un choix, c’est pas le nôtre.
De notre envoyé spécial à Los Angeles, Benjamin Adler